MIGRATION INTERNE ET MIGRATION INTERNATIONALE
HYPOTHESE PRINCIPALE
Nous nous posons la question de la place de Dakar dans la dynamique migratoire sénégalaise tant interne qu’internationale. Les quelques conclusions auxquelles ont abouti certaines études 51(Robin et col. 1999, Ndione et Lalou , 2005, Antoine et col. 1995) que nous avons évoqué brièvement nous ont amené à poser notre hypothèse principale. Cette hypothèse voudrait que des schémas bien distincts coexistent à Dakar pour la migration internationale. Elle est représentée à la Figure 1, chacune des flèches représentant un schéma particulier dans la migration internationale en partance de Dakar ; l’un faisant intervenir la migration interne et l’autre non.
Le schéma n°1 qui a longtemps été associé à la région de Dakar, fait référence à une migration par étape. Le migrant quitte la zone rurale et transite par la capitale pour se rendre à l’étranger. Dakar constituerait alors une simple étape, la migration interne s’inscrivant dans un projet plus global de migration internationale. Selon le schéma n°2, le flux de migrants internationaux serait plutôt constitué des natifs de Dakar. Il se justifie par l’idée que les conditions d’insertion de certains migrants internes sont suffisantes pour que ceux-ci n’envisagent pas de poursuivre dans une migration internationale. En effet, les immigrants en provenance des zones rurales s’intégreraient mieux que les natifs dans le système économique de Dakar 52(Ndione et Lalou , 2005, Antoine et col. 1995). Par conséquent, la probabilité de migrer à l’international serait plus élevée pour les natifs de Dakar que pour les migrants en provenance des régions rurales 53(Ndione et Lalou , 2005).
Des études empiriques ont démontré que le taux de chômage est supérieur pour les natifs des villes francophones de l’Afrique de l’ouest que pour les migrants 54(Beauchemin et Schoumaker, 2004). Dans la ville de Dakar, il a été prouvé que les migrants ruraux et ceux de fraîche date sont ceux dont le taux de chômage est le plus bas mais aussi qu’ils se trouvent rapidement du travail. Après un an de séjour, leur taux de chômage est très faible 55 (Bocquier, 1995). La porte d’entrée des migrants dans le marché du travail dakarois serait le secteur informel dans lequel ils s’intègreraient plus facilement que les Dakarois nés en ville, vu leur niveau d’instruction plus faible 56 (Fall, Abdou Salam, 1995, Bocquier, 1995). Les réseaux sociaux d’origine communautaire dont ils bénéficient à leur arrivée favorisent leur installation dans le milieu urbain. Par la suite, l’élargissement de ces réseaux sociaux en des réseaux d’ascension sociale typiquement urbains (réseaux confrériques, regroupements d’opérateurs économiques, réseaux de commerçants) contribue à leur insertion urbaine 57(Fall, Abdou Salam, 1995).
HYPOTHESE SECONDAIRE
Nous posons en hypothèse secondaire que le profil des migrants internationaux est différent en fonction du parcours migratoire emprunté; parcours migratoire qui fait appel aux schémas que nous avons évoqués. En d’autres mots, nous postulons que le profil des émigrants internationaux diffèrerait selon qu’ils proviennent de la ville de Dakar ou des régions ainsi que les raisons qui les poussent à aller en migration. Selon cette hypothèse, nous définissons donc deux types de migrants : • Le premier type de migrant que nous qualifierons de migrants internesinternationaux est celui que nous attribuons au premier schéma.
En effet, celui-ci fait référence à une migration par étape. La population à laquelle fait appel ce type de migrant est constituée des migrants sénégalais qui ont quitté leurs régions (autre que Dakar) pour transiter par Dakar et aller à l’étranger. • Le deuxième type de migrants, correspondant au deuxième schéma, est composé des migrants internationaux natifs de la région de Dakar. Parmi ces derniers, il nous a semblé important de distinguer entre les natifs du département de Dakar et ceux de la banlieue de Dakar composée des départements de Pikine, Guediawaye et Rufisque. Ce choix est déterminé par le fait que malgré le fait que ces départements soient intégrés dans la région de Dakar, ils sont très différents du département de Dakar, surtout en termes d’infrastructures. En outre, ils constituent les premiers lieux d’accueil des immigrants en provenance des régions de l’intérieur du pays.