MICROFINANCE AU SERVICE DE DEVELOPPEMENT
La Microfinance : Approche théorique, définition et concepts
Les IMF (intermédiaires de microfinance) se multiplient partout dans le monde et leur adoption est soutenue par les organismes internationaux La microfinance est parfois présentée comme étant nécessaire à une meilleure intégration des exclus sociauxCe présent chapitre sera divisé en deux sections En effet, on se demande alors, en premier lieu, quels sont les soubassements théoriques de cette politique? Et, en second lieu, on se propose d’ exposer la vision et les concepts de la microfinance Section I : Les fondements théoriques de la microfinance La généralisation de l’expérience de microfinance s’inspire principalement de trois axes théoriques: la prédominance des pratiques financières informelles dans les pays en développement, l’exclusion financière et les concepts du développement durable
La finance informelle
Les travaux de Shaw (1973) et Mc-Kinnon (1973) concernant les systèmes financiers dans les pays en développement ont mis l’accent sur l’existence des secteurs financiers parallèles, désignés souvent par le terme « finance informelle » en d’ autre termes le financement des activités informelles Ces pratiques financières fondées sur les valeurs sociales, coutumières et ethniques affectent le rôle des banques commerciales dans le financement de la sphère réelle Selon certains économistes, ce secteur peut être considéré comme entant compétitif et agile (Taylor, 1983 et Jensen, 1989); la finance informelle renseigne effectivement sur une autre organisation des sociétés en développement et peut alors constituer un facteur de développement D’abord, elle repose sur des rapports de proximité favorable à une offre financière différenciée et individualisée De plus, elle est commode et à la portée de personnes souvent sans instruction Par ailleurs, les bailleurs de fonds 3 Microfinance au service de développement informels exigent moins de garantie; la parole et l’appartenance à un groupe suffisent Les coûts de transaction faibles représentent aussi un avantage comparatif en faveur de la finance informelle (Vonderlack et Schreiner, 2003) Ces caractéristiques favorisent davantage la réticence des pauvres au secteur institutionnel De l’autre côté, les institutions bancaires, (Servet, 2000), se sont focalisées sur le financement des entreprises au détriment d’une forte demande des ménages à faible revenu Ces derniers s’orientent alors vers le secteur informel à défaut de concours de la part des systèmes institutionnels, souvent exigeants en matière de garantie et de profil socio-économique des demandeurs C’est pourquoi, il était nécessaire d’adapter les institutions formelles aux usages des pauvres et de concilier finance institutionnelle et finance informelle, grâce à une solution intermédiaire: la microfinance Les institutions de microfinance, plus petites que les banques traditionnelles et plus proches des agents économiques à faible revenu peuvent s’adapter à leurs demandes individuelles en terme d’épargne et de prêt I2 L’exclusion financière « Une personne se trouve dans une situation d’exclusion financière lorsqu’elle subit un degré de handicap tel qu’elle ne peut plus vivre normalement dans la société qui est la sienne en raison des difficultés qu’elle rencontre à accéder à l’usage de certains moyens de paiement ou règlements, à certaines formes de prêts ou financement, à préserver son épargne ou à s’assurer contre le risque de l’existence » (Servet, 2000) L’exclusion financière se traduit alors par des difficultés d’accès aux services financiers pour des raisons socio-économiques Elle est alors une entrave à l’intégration sociale L’exclusion financière est un concept plus large résultant de l’exclusion bancaire 4 Microfinance au service de développement En effet, l’exclusion bancaire concerne les difficultés d’accès aux produits et services bancaires permettant de disposer de ressources immédiates tels que l’ouverture d’un compte ou l’utilisation de moyens de paiement Les profils des exclus bancaires sont divers: des personnes à faible revenu, des interdits bancaires ou encore des surendettés Néanmoins, l’exclusion financière est plus vaste et concerne les difficultés d’accès à des produits et services étalés dans le temps tels que les crédits (Gloukoviezoff, 2004) Par ailleurs, un lien de causalité a été établi entre l’exclusion sociale et l’exclusion financière En effet, les exclus sociaux, comme l’ensemble des pauvres, montrent une aversion à la finance institutionnelle fondée sur une incompréhension des systèmes bancaires Cette incompréhension est mutuelle et à l’origine d’un manque de confiance: d’une part, les banquiers accusent les pauvres d’imprévoyance et de mauvaise gestion de leurs budgets; d’autre part, les exclus accusent le système bancaire d’injustice (Gouguet et Jarry, 2003) Face à ce phénomène d’exclusion financière, la microfinance apparaît alors comme une solution adéquate pour une meilleure insertion des exclus En effet, la reconnaissance sociale des exclus passe par le travail et l’amélioration de leurs conditions de vie
Les nouveaux concepts du développement durable
Les travaux récents en matière de développement ont souligné un nouveau cadre pour la notion de pauvreté Au-delà des traits monétaires (faible revenu), la pauvreté se définit aussi par « la négation de possibilités de choix plus essentiels au développement humain, longévité, santé, créativité, moins aussi de conditions de vie décentes, dignité, respect de soi-même et des autres, accès à tout ce qui donne sa valeur à la vie » (PNUD, 1998) Ainsi, la pauvreté ne se limite plus au manque de moyens monétaires mais englobe aussi les handicaps au maintien d’une vie décente, à la préservation des droits fondamentaux et à l’insertion sociale 5 Microfinance au service de développement Ce concept plus élargi de la pauvreté a surtout mis l’accent sur l’importance du développement humain et la place des femmes dans les économies en développement D’une part, le développement durable ne peut s’obtenir sans garantir à chacun les conditions nécessaires à son évolution individuelle grâce à l’éducation, la santé et l’accès de tous aux services de sa société La lutte contre la pauvreté ne se limite plus seulement sur la notion de la croissance économique Elle implique également des changements socio-économiques que les institutions financières traditionnelles peuvent exclure de leurs champs d’intervention D’où la nécessité d’une institution qui se charge à la fois du social et de l’économique D’autre part, les femmes ont un rôle indéniable dans leurs sociétés Or, elles ont longtemps été exclues des programmes de développement Cette marginalisation a donné lieu à l’émergence de l’approche « genre » qui soutient que des relations inégales de pouvoir constituent un facteur essentiel du sousdéveloppement (Hofmann et Marius-Gnanou, 2001) Cette approche a suscité l’idée de l’autonomie féminine en matière de financement grâce à la microfinance
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