Obésité et maladies métaboliques : des maladies complexes et fréquentes
L’obésité se définie par une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui peut nuire à la santé . Elle est, aujourd’hui, considérée comme une pandémie. Depuis 1997, l’obésité est reconnue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme étant une maladie en raison de ses répercussions sanitaires et économiques et de son incidence mondiale. Elle concerne aujourd’hui la quasi totalité de la planète, y compris de nombreux pays émergents : selon l’OMS, 35 % des adultes dans le monde sont atteints d’obésité ou de surpoids. Les complications associées, en particulier le diabète et les maladies cardiovasculaires, entraînent le décès d’au moins 2,8 millions de personnes chaque année. En France, l’obésité concerne 17 % des adultes, contre seulement 6,1 % en 1980 (OBEPI-Roche). Lors du Congrès européen sur l’obésité à Prague en 2015, l’OMS a rendu publics les chiffres prédictifs de l’obésité de l’adulte, en Europe, en 2030. Il est estimé que l’obésité concernera 28 % des femmes et 24 % des hommes en France. Ces chiffres sont la conséquence de l’épidémie d’obésité infantile observée entre 1980 et 2000. L’obésité est devenue la première maladie non infectieuse de l’Histoire. C’est une véritable épidémie qui frappe aussi bien les pays industrialisés que les pays en voie de développement. L’Organisation Mondiale de la Santé place actuellement sa prévention et sa prise en charge comme une priorité dans le domaine de la pathologie nutritionnelle.
Il existe également d’autres indicateurs de surpoids : le rapport tour de taille/tour de hanches. Il doit être inférieur à 1 chez l’homme et à 0,85 chez la femme. Le diamètre du cou (ou Tour de cou) peut donner un indice fiable d’IMC anormalement élevé chez l’enfant de plus de 8 ans. Il est également associé à l’apnée obstructive du sommeil, au diabète et à l’hypertension chez les adultes.
Les deux grands facteurs – « the Big Two » – traditionnellement impliqués dans le développement de l’obésité sont la consommation alimentaire et la dépense énergétique :
– L’apport énergétique quotidien est la somme des calories apportées par les principaux macronutriments présents dans l’alimentation : les glucides, les lipides, les protéines. La prise alimentaire est un comportement régulé finement par des mécanismes biologiques complexes et redondants permettant un apport adapté en nutriments nécessaire à la vie. Des modifications de la prise alimentaire, en termes de structure ou de composition alimentaire, peuvent aboutir à une prise de poids. Parmi les modifications de la prise alimentaire, on retrouve des modifications quantitatives, telles que l’augmentation de la densité calorique de l’alimentation et des modifications qualitatives, comme la diminution de la consommation de glucides complexes (féculents, fibres), l’augmentation de l’apport lipidique et la déstructuration des rythmes alimentaires.
– La dépense énergétique totale est constituée de trois composantes, variables d’un individu à l’autre, contribuant de façon déterminante au bilan énergétique. Ces trois composants sont :
* La dépense énergétique de repos, variable selon l’âge, le sexe et la composition corporelle notamment la masse musculaire : notre organisme consomme 60 % de la dépense énergétique quotidienne pour assurer la circulation du sang via l’activité cardiaque, la respiration, les fonctions gastro-intestinales et rénales ainsi que la thermorégulation de notre corps.
* La thermogenèse post-prandiale : 10 % de la dépense énergétique quotidienne représente le coût de la digestion, du transport et du stockage des nutriments.
* La dépense énergétique liée à l’activité physique (DEAP), qui est très variable d’un individu à l’autre, utilise 30 % de la dépense énergétique quotidienne chez un individu « moyen ».
Dans ce cadre d’analyse, le maintien d’un poids-santé est une question de comptabilité énergétique. Lorsque l’organisme reçoit plus qu’il ne dépense, il stocke une partie de l’apport, sous forme de graisses dans le tissu adipeux. Cependant le métabolisme, très différent selon les individus, joue un rôle important, et certaines personnes vont donc plus facilement devenir obèses que d’autres. La prise en compte des deux grands facteurs, l’apport et la dépense énergétiques, n’explique pas complètement l’explosion de l’obésité contemporaine. Il y a eu bien d’autres périodes d’abondance alimentaire dans l’histoire qui n’ont pas été accompagnées d’obésité. Il faut donc prendre en compte des dérèglements de la régulation qui peuvent être de différentes origines combinées entre elles : hormonales (hyperinsulinisme), psychologiques (boulimie par exemple), métaboliques (perturbateurs endocriniens), alimentaires (aliments nouveaux à l’échelle historique, comme le sucre, les sodas, les jus de fruits, le chocolat, les crèmes glacées, les produits transformés), déstructuration des repas, grignotage, environnementales (sédentarité, chauffage, automobile, marketing, télévision, publicité, stress, manque de sommeil, phénomènes inhérents à la vie moderne).
Il existe un autre déterminant de l’obésité qui est d’ordre génétique ou héréditaire. La contribution de l’hérédité à l’obésité peut être schématisée à ce jour de deux façons :
• soit par des mutations uniques dans certains gènes expliquant à elles seules le développement de l’obésité (obésité monogénique ou syndromiques). Ces obésités sont rares, très sévères et débutent généralement dans l’enfance ;
• soit par l’interaction de plusieurs variants géniques avec un environnement à risque (obésité polygénique). Dans ce cas, chaque gène de susceptibilité pris individuellement aurait de faibles effets sur le poids, et la contribution cumulative de ces variants ne deviendrait significative qu’en interaction avec des facteurs environnementaux prédisposant à leur expression phénotypique (suralimentation, baisse de l’activité physique). C’est le cas des obésités dites communes .
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