MICRO-ORGANISMES ALIMENTAIRES ET IMMUNOMODULATION
Pourquoi considérer les micro-organismes d’origine fromagère d’un point de vue immunomodulateur?
Lorsqu’un micro-organisme alimentaire survie au transit digestif, il est en contact avec l’épithélium digestif ainsi qu’avec le microbiote intestinal et les interactions qui résultent de cette rencontre peuvent revêtir différents aspects. Les conséquences bénéfiques de ces interactions hôte/micro-organismes sont à la base de ce que l’on nomme « micro-organismes probiotiques ». La définition conjointe FAO/WHO (2002) du probiotique est la suivante : « un microorganisme vivant qui, lorsqu’il est consommé en quantité adéquate, confère un bénéfice pour la santé de l’hôte ». Ainsi, sans prétendre qualifier les micro-organismes provenant du microbiote fromager de probiotique, adopter une démarche de caractérisation d’un ensemble réduit de souches d’origine fromagère selon les critères conjoints de viabilité et d’effet santé est une démarche que nous avons jugée pertinente.
Place de l’immunomodulation dans l’ensemble des interactions potentielles entre micro-organismes alimentaires et hôte
Dans le cadre de cette première étude, parmi les différents effets que peuvent avoir les microorganismes alimentaires sur l’hôte, nous avons fait le choix de nous concentrer sur l’immunomodulation. Plus particulièrement sur (i) la stimulation de la réponse immunitaire innée par l’intermédiaire des cellules dendritiques et (ii) le « contrôle » des maladies chroniques inflammatoires de l’intestin. La Figure 19, adaptée de la revue de Parvez et al. (2006) expose la place de l’immunomodulation au sein de l’ensemble des phénomènes décrits dans la littérature concernant les probiotiques. Figure 19: Schéma récapitulatif représentant les mécanismes d’action et cibles pathologiques potentiels de micro-organismes, initialement établi pour les probiotiques. Modifié d’après (Parvez et al., 2006). En bleu : les mécanismes d’immunomodulation qui seront ciblés au cours de ces travaux de thèse. AGCC : Acides Gras volatils à Courtes Chaines 5.3. Immunomodulation : définition et mécanismes Les mécanismes qui sous-tendent la réponse immunitaire globale sont complexes, notamment lors de la rencontre entre le système immunitaire et un organisme exogène tels qu’un microorganisme alimentaire par exemple. Si l’on conserve l’exemple des probiotiques, un de leurs moyens d’exercer un effet bénéfique serait de promouvoir les mécanismes de défense de l’hôte afin d’assurer une protection efficace contre les pathogènes tout en maintenant une tolérance orale active envers les antigènes alimentaires et les bactéries endogène constitutives du microbiote. Brièvement, la réponse immunitaire est divisée en deux grandes catégories, présentées comme suit dans la revue de Pot et al. (2013) : – La réponse immunitaire innée, de type inflammatoire, caractérisée par une action rapide et non spécialisées de cellules essentiellement phagocytaires (ex. macrophages, neutrophiles) dont l’objectif est de supprimer l’agent extérieur identifié comme pathogène. Cette réponse ne sera pas abordée dans cette synthèse puisqu’elle ne sera pas étudiée dans les modèles choisis lors de cette thèse.