Mettre en place un système de câblage
Le câblage volant, tel qu’il a été installé pour notre petit réseau lors du chapitre précédent, ne peut pas être généralisé à grande échelle. En effet, au delà de dix postes, il devient rapidement source de problèmes : posé à même le sol, il est encombrant, voire gênant (on se prend les pied dedans). Il est de ce fait soumis à une usure plus rapide. Une première amélioration consiste à le faire circuler dans des parties protégées de l’immeuble : on peut le poser sous un faux plafond ou sous un faux plancher ou encore le faire passer dans une goulotte le long des murs. Mais, à chaque nouvelle connexion ou à chaque déménagement de PC, il faut déplacer le câble et trouver un nouveau cheminement, ce qui présente des inconvénients majeurs : • Cette opération est extrêmement difficile, voire impossible si la longueur des câbles est de plusieurs dizaines de mètres. • Le problème d’usure demeure lorsque les câbles sont déplacés. • Le cheminement des câbles est difficile à maîtriser : on arrive inévitablement à des situations dans lesquelles les câbles informatiques s’entrecroisent avec les câbles électriques qui sont sources de perturbations importantes. Le réseau peut ne plus fonctionner à cause de cela. Il est donc impératif de mettre en place un système de câblage permanent (fixe et stable dans le temps) et évolutif (qui s’adapte à tous les besoins présents et futurs). Pour cela, il convient de respecter un certain nombre de règles. © Éditions Eyrolles Mettre en place un système de câblage 66 Se lancer dans les réseaux 66 Quelle est la démarche à suivre ? Le câblage d’un immeuble requiert un certain nombre d’étapes importantes et étalées le temps : • Si l’immeuble existe, un audit préalable est nécessaire afin de repérer les locaux, les sources de courants forts, les câbles existants, les cheminements possibles des futurs câbles, etc. • La phase d’étude et d’expression des besoins, généralement appelée APS (avant-projet sommaire), a pour but de déterminer les spécifications fonctionnelles de l’infrastructure (locaux, gaines techniques) et du système de câblage (cuivre, fibre optique, connectique). • Pour les grandes réalisations, l’APS n’est que l’ébauche de plusieurs scénarios. L’APD (avant-projet détaillé) permet alors de choisir la solution en fonction de critères techniques organisationnels et économiques. • Le dossier de consultation (le cahier des charges) peut être formé de trois documents principaux : le CCTP (cahier des clauses techniques particulières), puis éventuellement le CCTG (cahier des clauses techniques générales) et, si vous travaillez avec l’administration française, le CCAP (cahier des clauses administratives particulières). Cette phase se termine par la sélection d’une entreprise de câblage. • La phase de suivi de chantier nécessite un contrôle régulier et des réunions de coordination. • La phase de réception (recette) consiste à tester et à valider les travaux effectués. La première tâche est avant tout de repérer les lieux, ou de se contenter d’examiner les plans si l’immeuble n’existe pas encore. Dans les deux cas, l’objectif est de mettre en place un câblage systématique, c’est-à-dire d’équiper entièrement l’immeuble. Si seuls quelques étages sont concernés, la démarche est plus ou moins la même. Il ne s’agit donc pas de savoir où sera situé tel ou tel utilisateur, mais d’installer des prises partout dans le but de connecter n’importe qui à n’importe quelle prise pour n’importe quel type d’application. On parlera alors d’un précâblage multimédia ou VDI (voix, données, image). L’avant-projet Lors d’une opération de précâblage, il est important de systématiser l’implantation des prises dans tout l’immeuble. Une fois le chantier achevé, tout aménagement complémentaire sera plus délicat, plus long et plus coûteux. Le chantier de câblage est l’occasion unique de réaliser une fois pour toutes une infrastructure sans avoir à y revenir avant dix ou quinze ans. La densité communément admise est d’environ un boîtier VDI pour 7 à 10 m2 de bureaux, un boîtier pouvant regrouper de deux à quatre prises. Cette densité peut être plus élevée pour certaines applications spécifiques comme les salles de marché : on peut trouver jusqu’à dix prises par position (occupant 3 m2 environ). On peut prendre comme repère une travée délimitée par une largeur de fenêtre. Selon les besoins, on pourra installer un boîtier VDI de deux à quatre prises par travées. Généralement, il faut une prise pour le poste de travail informatique, une autre pour le téléphone, et une troisième pour un besoin particulier (une ligne téléphonique directe, une imprimante en réseau, etc.). Il est important de noter que le boîtier VDI doit se trouver à proximité d’un bloc de prises électriques : cela paraît une évidence, mais il faut penser à se coordonner avec l’entreprise qui réalise les travaux courants forts. Les locaux concernés sont non seulement les bureaux, mais aussi les locaux collectifs : local photocopieur, cafétéria (on y pose souvent des bornes d’information), salles de réunions, salles de conférences, halls d’entrée (pour les bureaux d’accueil, les locaux des gardiens, etc.). En outre, il faut aussi prévoir le câblage pour la GTB (gestion technique du bâtiment), bien que celui-ci soit souvent réalisé par une entreprise spécialisée avec laquelle il faudra de toute façon se coordonner. La GTB regroupe des besoins comme la détection incendie, les alarmes, la sécurité d’accès aux locaux, la surveillance, etc. De même, il y a toute une série d’équipements annexes qui peuvent requérir l’emploi d’une prise : • les téléphones d’ascenseurs ; • les lignes directes (celles qui ne passent pas par le PABX) ; • les bornes de réseau sans fil et de téléphonie sans fil (DECT) ; • les badgeuses ou pointeuses ; • etc. Une fois l’implantation des prises définie, il faut prévoir de la place pour le cheminement des câbles et la création des locaux techniques. Le principe retenu est quasi systématiquement une topologie en étoile : les câbles relient les prises VDI à d’autres prises en local technique. Les différentes normes définissent une longueur maximale de quatre-vingtdix mètres pour les câbles en cuivre. De ce fait, il faut prévoir plusieurs locaux techniques au sein de l’immeuble et donc des câbles pour les relier entre eux. Plusieurs facteurs déterminent le nombre et la position des locaux techniques : • La distance maximale de quatre-vingt-dix mètres. • La densité des prises : on admet qu’un local peut centraliser jusqu’à 250-350 prises ; audelà, son exploitation devient complexe (trop de câbles, trop grande concentration d’équipements). • L’architecture des réseaux informatiques et téléphoniques : de nos jours, ils reposent sur une topologie en étoile avec des équipements installés à chaque étage et d’autres qui ont une fonction fédératrice.
L’étude d’ingénierie
La phase d’expression des besoins est suivie d’une étude permettant d’arrêter un certain nombre de choix importants : • Quel type de câble utiliser ? • Quel type de prise choisir en bureau ? En local technique ? • Où faire passer les câbles ? Comment placer les prises ? • Où positionner les locaux techniques ? Comment les aménager ? Quel type de câble ? Éternel débat que celui du choix des câbles, chaque constructeur ayant des arguments en faveur de son produit. De nombreuses combinaisons techniques viennent compliquer le choix.
LES COMPOSANTS D’UN SYSTÈME DE CÂBLAGE
Les parties visibles d’un système de câblage sont les prises utilisateur, également appelées prises VDI (voix, données, images), installées dans les bureaux. Elles sont regroupées par blocs de 2 à 4, appelés boîtiers VDI. Une densité courante est d’un bloc VDI pour 7 à 10 m2 de bureau. Les prises utilisateur sont reliées en étoile à un local technique par l’intermédiaire d’un câble (en cuivre ou en fibre optique). Le local technique concentre 100 à 350 câbles de distribution, chacun se terminant par une prise identique à celle installée du côté utilisateur. Ces prises de distribution sont regroupées dans des panneaux de brassage fixés dans des baies. Les prises sont reliées aux équipements informatiques et téléphoniques par l’intermédiaire de cordons de brassage de même nature que les câbles. Les prises, câbles, cordons et panneaux de brassage doivent tous être issus du même constructeur afin de bénéficier de sa garantie (généralement dix à quinze ans). Pour résoudre ce dilemme, un certain nombre de questions sont à se poser, et dans le bon ordre. Cuivre ou fibre optique ? Les réseaux Ethernet fonctionnent sur cuivre à 10 Mbit/s et à 1 gigabit. L’avantage de la fibre optique est qu’elle permet de s’affranchir des contraintes de distance (plusieurs centaines de mètres au minimum contre quatre-vingt-dix mètres pour le cuivre). Cela tient à l’atténuation du signal, beaucoup plus important sur un câble en cuivre. En revanche, le coût global d’un système de câblage en fibre optique est plus élevé que l’équivalent en cuivre. En effet, l’ingénierie nécessaire pour poser des câbles optiques (raccordement des connecteurs et tests) est plus complexe et plus coûteuse qu’avec des câbles en cuivre. De plus, les composants tels que les connecteurs SC et les tiroirs optiques sont également beaucoup plus chers que les prises RJ45 et les panneaux de brassage. À titre d’indication, un système de câblage en fibre optique coûte en moyenne 60 % plus cher que l’équivalent en câble de cuivre SFTP catégorie 5E. Il faut ajouter à cela le coût des équipements actifs (les commutateurs et cartes Ethernet), deux fois plus chers en version fibre optique, et pour une densité de ports deux fois moins élevée que leur équivalent en cuivre. En conclusion, le câble cuivre sera privilégié pour la distribution, et la fibre optique pour la connexion entre les locaux techniques. Cette répartition des rôles offre, en outre, plus de souplesse pour positionner les LTE qui doivent être à moins de quatre-vingt-dix mètres de toutes les prises qu’ils irriguent. Figure 2-2. Architecture de câblage type. Rocades inter LTE en fibre et en cuivre LTE LN LN Rocade inter LN en fibre Un local nodal ou deux pour la redondance. LTE LTE LTE Distribution en cuivre Une ou plusieurs SI séparées ou non des LN Câbles en fibre et SI en cuivre vers la SI © Éditions Eyrolles 72 Se lancer dans les réseaux 72 Pour ajouter plus de sécurité, on peut envisager de doubler les liaisons entre les LTE d’un même étage ainsi qu’entre les LN, chacune d’entre elles passant alors par deux gaines techniques différentes. Attention, cependant, les installations téléphoniques classiques requièrent encore des connexions en cuivre entre les postes et le PABX central. Les contraintes de distance étant moins fortes (quelques centaines de mètres), il faut donc envisager du câble en cuivre, dit multipaire, entre les LTE et les locaux nodaux. De nos jours, on privilégiera une architecture téléphonique identique à celle du réseau local avec des unités déportées dans chaque étage (de type Voice Hub, tels que proposés par Alcatel) et raccordées en fibre optique à un petit PABX central. Si vous optez pour cette solution, vous n’avez plus besoin de câbles multipaires entre le local nodal et les LTE. Coaxial ou paires torsadées ? Nous l’avons vu aux chapitres précédents, le câble coaxial (50 et 75 Ohms) n’est plus utilisé pour les réseaux locaux. Il pourra cependant être posé pour les besoins spécifiques de la vidéo (voir plus loin). En revanche, la paire torsadée est le standard pour l’informatique et la téléphonie ; elle peut également être utilisée pour la distribution vidéo. Tous ces équipements (concentrateurs, commutateurs, PABX, etc.) sont, en effet, équipés de prises RJ45.