Méthodologie de l’Analyse de Cycle de Vie

Méthodologie de l’Analyse de Cycle de Vie

Descriptif de la méthode

Définitions L’ACV est une technique d’évaluation de performance environnementale d’un produit, cette dénomination étant utilisée pour désigner un bien ou un service. Pour ce faire, cette technique s’intéresse au cycle de vie de ce produit, c’est-à-dire à l’ensemble des étapes consécutives menant de l’extraction des matières premières, ou ressources, nécessaires à la constitution du produit, à l’élimination finale de celui-ci, ou selon l’expression consacrée, du berceau à la tombe. Exemples de cycle de vie : la figure I.1 présente deux exemples simplifiés de cycle de vie : – celui d’un bien, délimité par la ligne bleue sur la figure : un carburant liquide pétrolier tel que l’essence ou le gazole. Le cycle de vie du produit est alors constitué de l’extraction du pétrole, de son raffinage, de sa mise à disposition en tant que carburant, ainsi que des éventuelles étapes de transports entre chacune de ces phases. Ici, la fin de vie du produit n’induit pas d’éléments à recycler ou stocker, mais le devenir des polluants induits par la combustion du carburant est une part intégrante de son cycle de vie. – celui d’un service, délimité par la ligne rouge sur la figure : le transport de personnes via un véhicule possédant un moteur à explosion. Le cycle de vie du produit est alors constitué de toutes les étapes de celui du carburant nécessaire, vues dans l’exemple précédent, mais également de celles relatives au véhicule utilisé : extraction des matières premières, assemblage, entretien puis fin de vie, par mise en décharge ou recyclage. L’ACV va alors consister en la compilation et l’évaluation des intrants et extrants, c’est-à-dire de flux de produits, de matière ou d’énergie, et des impacts environnementaux induits du système au cours des différentes étapes du cycle de vie. Cette approche permet d’examiner un produit d’un point de vue global, et donc non uniquement limité à un site ou une institution spécifique, mais aussi de considérer différents aspects d’un impact environnemental, et ainsi identifier les éventuels transferts de pollution. Une liste complétant ces définitions de base sur l’ACV, tirée de la norme NF EN ISO 14040/2006, est donnée en annexe A [11]. 21 Figure I.1 – Exemples de cycle de vie : carburant (bien) et transport individuel (service) .

Historique

Les prémices de l’ACV datent de la fin des années 1960 – début des années 1970, marquées par le rapport Meadows, commandé par le Club de Rome et publié en 1972, et le premier choc pétrolier de 1973 [12, 13, 14, 15]. Les préoccupations portent alors essentiellement sur l’énergie nécessaire et les matières premières consommées. Dès lors, l’intérêt pour cet outil va grandissant jusqu’à la fin des années 1980, où les premières controverses font leur apparition. Celles-ci naissent de la confrontation d’études obtenant des résultats différents pour un même produit. Plusieurs travaux débutent alors avec pour but une homogénéisation des méthodes de réalisation des ACV. Les discussions scientifiques ont alors lieu sous l’égide du SETAC (Society of Environmental Toxicology And Chemistry), premier organisme international organisant un atelier sur le sujet en 1989. Au cours des années 1990, les travaux s’intensifient ; ceci se traduit par : – l’apparition d’organisations dédiées à l’ACV, telles que le SPOLD (Society for Promotion Of Life-cycle assessment Development) en 1992, – la rédaction de nombreux guides de pratique de l’ACV par différents instituts tels que le Centre of Environmental Science – Leiden University (CML) en 1992 [16], ou le SETAC en 1993, – la création de journaux scientifiques dédiés, tels que The International Journal of Life Cycle Assessment en 1996 par Walter Klöpffer et al., et enfin, – la normalisation de la méthodologie par l’ISO via les quatre normes NF EN ISO 14040/1997, 14041/1998, 14042/2000 et 14043/2000. Les 30 premières années de l’ACV ont donc constitué en quelque sorte sa première jeunesse, et se sont conclues par la constitution d’une première bibliothèque de documents de référence. Par la suite, les discussions autour des thématiques de l’ACV se sont poursuivies et ont conduit à la révision d’un certain nombre de ces documents, guides ou normes. La suite de ce chapitre détaillera plus avant les travaux et réflexions plus récents sur la méthodologie de l’ACV.

Normalisation et phases d’une ACV

Comme indiqué précédemment, la méthodologie à employer lors de la réalisation d’une ACV a été normalisée à la fin des années 1990. Les quatre normes alors réalisées ont été révisées au cours de l’année 2006, et intégralement remplacées par une révision de la norme NF EN ISO 14040/2006 et une seconde norme nouvellement créée, NF EN ISO 14044/2006 [11, 17]. Ces deux normes, constituant la nouvelle référence, ne remettent pas en cause la majeure partie du contenu technique des quatre précédentes, mais apportent une organisation plus pertinente du contenu, des améliorations et quelques corrections [18]. Cette nouvelle structuration est telle que la norme NF EN ISO 14040 expose les principes généraux de l’ACV et se destine à toutes sortes de public tandis que la norme NF EN ISO 14044 regroupe le contenu technique destiné aux praticiens des ACV. Par conséquent, cette dernière sera plus particulièrement l’objet des descriptions de ce chapitre. Cette normalisation liste les définitions du vocabulaire dédié à la pratique de l’ACV, en fixe les phases de réalisation et décrit les éléments constitutifs de chacune d’elles. Elle formule également des recommandations pour la communication des conclusions d’une étude par ACV et la réalisation de la revue critique d’une telle étude. Les définitions propres à l’ACV, comme signalé à la section I.1, sont regroupées en annexe A pour une meilleure compréhension de ce chapitre. Le cadre des phases constitutives d’une ACV, tel que décrit par le document, ne souffre pas de controverses majeures au sein de la communauté scientifique – contrairement à certains éléments de contenu de celles-ci ; ces phases et leur description sont les suivantes : – définition des objectifs et du champ de l’étude : cette phase consiste à préciser un certain nombre de points préalables à la lecture de l’étude, tels que les raisons ayant amené à la  réalisation de l’ACV ou la frontière du système, l’objectif étant de fournir la base de réflexion et les hypothèses nécessaires à la réalisation des trois autres étapes ; la section II décrit plus précisément les éléments constitutifs de cette phase, – inventaire du cycle de vie : cette phase regroupe les étapes de recueil, de validation et de traitement des données de l’étude selon les conventions énoncées lors de la phase de définition des objectifs et du champ de l’étude ; les enjeux relatifs à cette phase sont exposés de façon plus précise à la section III, – évaluation de l’impact du cycle de vie : au cours de cette phase, l’objectif essentiel est de définir des catégories d’impact et leurs indicateurs, et d’y associer les résultats de l’inventaire du cycle de vie afin de calculer les valeurs de ces indicateurs ; les problèmes soulevés lors de cette étape sont abordés plus en détails à la section IV, – interprétation du cycle de vie : l’ambition de cette phase essentielle est d’établir, à partir des éléments des trois autres phases, les conclusions, limitations et recommandations de l’étude d’ACV ; le détail de cette étape est présenté à la section V. Il est important de noter que ces quatre phases ne sont pas simplement consécutives, et qu’au-delà du cheminement logique de l’ordre donné ci-dessus, il existe de multiples connexions entre celles-ci. En ce sens, la réalisation d’une étude d’ACV est un travail très souvent itératif. La façon la plus répandue de représenter ces relations est donnée à la figure I.2 [11]. Exemples d’interconnexions entre phases : – lors de l’interprétation du cycle de vie, il peut être observé que la quantité d’indicateurs retenus au cours de l’évaluation de l’impact soit trop importante et nécessite d’être réduite pour en améliorer la lisibilité, ou qu’un impact, qui avait été supposé comme négligeable et donc n’avait été que peu renseigné, ne le soit pas en réalité, et qu’il soit nécessaire de détailler plus avant l’inventaire sur ce point, ou que la méthode qu’est l’ACV ne soit pas pertinente pour répondre à la question posée au démarrage de l’étude et qu’il faut ainsi préciser ou réduire les objectifs, – lors de l’évaluation de l’impact du cycle de vie, certains flux nécessaires pour renseigner les catégories d’impact sélectionnées peuvent apparaître manquants, impliquant donc une révision de l’inventaire de cycle de vie, – lors de l’inventaire de cycle de vie, certaines étapes peuvent se révéler mal connues, ce qui sera un point à prendre en compte lors de l’interprétation du cycle de vie, ou certaines hypothèses peuvent s’avérer manquantes, telles que celles relatives au choix d’une règle d’affectation (voir section III.3), nécessitant un approfondissement des réflexions propres à la définition du champ de l’étude, voire d’un élargissement des frontières, et enfin, – la phase de définition des objectifs de l’étude influe directement sur la phase d’interprétation du cycle de vie dans le sens où elle définit la question d’intérêt à traiter. Enfin, les recommandations formulées dans la norme NF EN ISO 14044 quant à la communication des conclusions d’une étude par ACV rappellent les éléments à expliciter afin de garantir la transparence de l’étude, tels que l’ensemble des hypothèses et leurs justifications, les frontières choisies ou les données utilisées [17]. Les recommandations quant aux revues critiques précisent les points de l’étude d’ACV à valider ou réfuter, tels que la cohérence de la méthodologie employée avec la norme ou la transparence du rapport d’étude.

Formation et coursTélécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *