Méthodes d’évaluation territoriale de la durabilité de l’élevage
Concepts et éléments de méthode pour l’évaluation territoriale de la durabilité de l’élevage
Par X. Augusseau et R. Poccard-Chapuis Voir la présentation powerpoint Résumé : Lorsque l’on parle d’élevage et de territoire, il convient de ne pas se focaliser seulement sur l’élevage, mais bien sur tous les secteurs d’activités et groupes sociaux et institutions qui composent le territoire. Analyser la contribution de l’élevage au développement durable des territoires requiert en préalable de bien définir « ce qui fait territoire ». En effet le territoire est à la fois unité spatiale et support physique de ressources biologiques, le siège d’interactions entre acteurs, le lieu de gouvernance.
Enfin il est aussi vecteur d’identité pour des communautés. L’élevage, également peut être décrit et analysé selon différents point de vue disciplinaires du zootechnicien, du géographe ou de l’économiste. Sa relation au territoire peut être ainsi analysée du point de vue de la filière ou alors comme une activité productive qui va mobiliser les ressources biologiques du territoire. Quelques soient les approches retenues, la dimension spatiale et dynamique de l’analyse est importante et requiert quelques éléments de méthode comme le mode de représentation spatiale des « objets » de l’élevage, la question des échelles des objets d’études et des processus associés.
Enfin le jeu des interactions spatiales et dynamiques implique de bien décrire les niveaux d’organisation qui sont en place. L’exposé introduira les trois cas d’études qui représentent trois « points de vue » différents des activités d’élevage et de leurs relations au territoire : • L’élevage mobilise des ressources biologiques propres au territoire et du coup en modifie l’organisation et la composante paysagère • Une filière, mobilise un réseau d’acteurs et interrelations • Une activité en interaction avec d’autres activités (typiquement les relations entre agriculture et élevage,
Cas 1 : Bassin d’intégration dans les savanes du Brésil autour d’une grande entreprise d’abattage de monogastriques
Animateur : René Poccard-Chapuis Participants : L. Claudino, JD Cesaro, Ph. Lecomte, A. Ickowicz, D. Dia, M. Vigne, J. Vayssières, C. Wade, H. Assouma, A. Ickowicz, D. Dia Résumé : Les territoires anciennement couverts de savanes subhumides de la région de Goiás, au centre du Brésil, sont aujourd’hui présentées comme des modèles de développement territorial durable en zone rurale. Le modèle agricole développé au cours des 4 dernières décennies a d’abord créé de nombreux emplois, puis la transition d’une économie agricole vers une économie de services aboutie. L’IDH est aujourd’hui un des plus élevés du Brésil.
La « recette » est fondée sur des systèmes de production modernes, efficaces sur le plan technique, compétitifs sur l’échiquier mondial, mais aussi sur une intégration à l’échelle du territoire entre productions végétales et animales. L’azote, produit dans les champs de soja, est d’abord transformé en ration pour des élevages de monogastriques, dont les déjections sont ensuite répandues pour fertiliser des pâturages cultivés (graminées pérennes). Ceux-ci sont alors pâturés par des vaches laitières, dans des systèmes de rotation, et parfois d’irrigation. Les eaux de ruissellement sont récupérées dans les points bas, aménagés en bassins de pisciculture.
Cinq grandes filières se sont ainsi implantées sur le territoire. Outre l’efficacité technique, ce système repose aussi sur la participation active des plus grandes entreprises agroalimentaires du pays, l’exportation, l’implication des banques publiques et privées, et d’une population de colons venues du Sud, détenteurs de savoirs traditionnels et pointus sur les activités d’agriculture et d’élevage. Le succès du modèle est cependant menacé par l’expansion de la canne à sucre, et la tentation pour les industries de se déplacer plus au Nord vers la frontière amazonienne, où les coûts de production sont encore plus bas. Après une phase de Boom, le territoire pourrait connaitre un Bust, s’il ne diversifie pas les fondements de sa prospérité.