METABOLITES SECONDAIRES ISSUS de Baseonema acuminatum P. CHOUX
Cadrage Le genre Baseonema appartient à la famille Asclepiadaceae et comprend cinq espèces dont quatre se trouvent à Madagascar et une en Afrique orientale. B. acuminatum P. CHOUX est une liane vivace endémique, connue à Madagascar sous le nom vernaculaire « Hazomamy ». Elle est très employée en médecine traditionnelle dans les affections des voies respiratoires où les quintes de toux sont les symptômes. 95 Figure 13 : Photographie de Baseonema acuminatum P. CHOUX Source : Stephan Rakotonandrasana (CNARP) Cette plante a fait l’objet d’un certain nombre de travaux pharmacologiques au CNARP. L’extrait méthanolique des parties aériennes présente diverses propriétés biologiques in vivo et in vitro, telles qu’anti-anaphylactique, antipyrétique, antiinflammatoire, antitussive, antibactérienne et antalgique.96,97 Cependant, un effet cardiaque a été mis en évidence au laboratoire. Sur le plan chimique, des oses simples ont été décrits dans cette plante.98 Des composés phénoliques possédant une propriété antimicrobienne sont rapportés dans un récent article. 99 Les résultats intéressants obtenus lors des essais pharmacologiques sont à l’origine du développement des recherches effectuées sur cette espèce au CNARP, notamment en ce qui concerne sa composition chimique. Nos travaux chimiques sur cette plante ont pour objectifs d’isoler les substances responsables de son activité anti-anaphylactique et son effet cardiaque, et de chercher des nouvelles entités chimiques. Les parties aériennes de B. acuminatum utilisées ont été récoltées à Ambatondrazaka en 1991. Nos premiers résultats chimiques obtenus de cette plante correspondent à l’isolement de deux nouveaux glycostéroïdes de type pregnane dénommés baséonémosides A (7.1) et B (7.2). L’acide ursolique (7.3), le mélange des acides 23-hydroxyursolique (7.4) et 23-hydroxyoléanolique (7.5) ainsi que le β-sitostérol-3-O-β-D-glucoside (7.6) ont été également caractérisés. Leurs descriptions ont fait l’objet d’une publication dans la revue « Fitoterapia ».
Résultats et discussion
Le partage liquide-liquide de l’extrait éthanolique (70 g) des parties aériennes (1 kg) de B. acuminatum a permis d’obtenir quatre fractions : hexanique (8 g), chloroformique (30 g), butanolique (12 g) et aqueuse (15 g). La fraction chloroformique a montré une activité anti-anaphylactique en inhibant la contraction d’origine immunologique de la trachée isolée de cobaye et un effet cardiaque en provoquant un effet ionotrope positif suivi d’une arythmie sur les oreillettes isolées de ratOutre les produits 7.1-7.6, la poursuite des travaux chimiques d’isolement sur la fraction chloroformique par des chromatographies sur colonne de silice et silice greffée C18, suivies d’une chromatographie radiale et centrifuge à l’aide d’un chromatotron a conduit à l’isolement du produit 7.7 (5 mg). La structure du produit nouvellement isolé 7.7 est représentée à la figure 14. Les structures chimiques du baséonémoside A (7.1) et du baséonémoside B (7.2) sont reproduites à la figure 15 aux fins de comparaison.
Identification structurale du produit 7.7
La structure chimique du produit 7.7 s’apparente à celle du baséonémoside A (7.1) en raison de la grande ressemblance de leurs spectres de RMN du 1H et du 13C, et de Masse. Le produit 7.7 a comme formule brute C46H76O18 déterminée par spectrométrie de masse FAB à haute résolution et poids moléculaire égal à 916, soit 14 unités de masse en moins que baséonémoside A (7.1). Les spectres de masse ESI-MS/MS/MS du produit 7.7 font apparaître des pics à m/z 795 [M+Na–144]+ et m/z 665 [M+Na–144-130]+ , attribuables à la perte séquentielle d’un méthoxy-didéoxyhexose et un didéoxyhexose à partir de l’ion à m/z 939 [M+Na]+ d’une part, et des pics à m/z 777 [M+Na–162]+ et m/z 631 [M+Na–162-146]+ , correspondant au clivage successif d’un hexose et d’un déoxyhexose à partir de l’ion pseudo-moléculaire, d’autre part. De plus, les signaux à m/z 317 [Aglycone + H – H2O]+ , m/z 299 [Aglycone + H – 2H2O]+ et m/z 281 [Aglycone + H – 3H2O]+ suggèrent qu’il s’agit d’un hétéroside de même aglycone que baséonémoside A (7.1). La comparaison des spectres RMN 1H et 13C du produit 7.7 et du baséonémoside A (7.1) révèle qu’ils ont la même génine glycosilée en C-3 et C-20, et le même diholoside attaché en C-3. Ils diffèrent essentiellement par l’absence de signaux assignés à un deuxième méthoxyle, indiquant le remplacement du D-digitalose par un déoxyhexose dans la chaîne osidique rattachée en C-20 du produit 7.7. Les données de la RMN 2D (COSY 1H1H, HMQC, HMBC) du produit 7.7 appuyées par celles de la littérature sur les monosacharides103 ont permis d’identifier le déoxyhexose au D-6-déoxyglucose (ou D-quinovose). L’apparition à champ faible du déplacement chimique du carbone C-2 »’ (δ 78,6) du Dquinovose sur le spectre RMN 1H suggère une liaison glycosidique de type 1→2. La présence de taches de corrélation sur le spectre HMBC entre H-1 »’ (δ 4,50) du D-quinovose et C-20 (δ 80,4) de l’aglycone, entre H-1 » » (δ 4,80) du glucose et H-2 »’ (δ 78,6) du D-quinovose, confirme la séquence des sucres dans la chaîne osidique fixée en C-20 de l’aglycone.