Mésusage des médicaments pour améliorer les performances sportives

Mésusage des médicaments pour améliorer les
performances sportives

Du Mésusage au dopage

 Définitions et réglementation

Le mésusage d’un médicament correspond à une utilisation intentionnelle et inappropriée, non conforme à l’autorisation de mise sur le marché à l’enregistrement ainsi qu’aux recommandations de bonnes pratiques (1). Ce mésusage peut donc être à l’origine d’effets sur le corps non décrits dans le résumé de caractéristique du produit pouvant donner lieu à des effets indésirables. De ce fait, après l’obtention de l’AMM et donc du droit de commercialisation, les médicaments sont surveillés par les Centres Régionaux de Pharmacovigilance (CRPV) même après leur commercialisation. Cela permet une maitrise du risque et dans certains cas, de réévaluer le rapport bénéfice/risque en captant et en intégrant de façon réactive tous signaux ou nouvelles données, et d’adapter en conséquence l’information à fournir aux professionnels de santé et aux patients. En rentrant un peu plus près dans le mésusage du médicament, il existe une pratique utilisé par les sportifs afin d’augmenter leurs performances à travers l’utilisation de médicaments non indiqués dans un but thérapeutique ou curatif pour ce sujet: le dopage. « Le dopage est défini par la loi comme l’utilisation de substances ou de procédés de nature à modifier artificiellement les capacités d’un sportif. Font également partie du dopage les utilisations de produits ou de procédés destinées à masquer l’emploi de produits dopants ». (Loi BUFFET du 23 mars 1999) (2) 4 L’utilisation des médicaments impliqués est souvent détourné, mais peut également être conforme aux indications thérapeutiques, dans ces cas-là, cela ne respecte pas l’éthique du sport ni de la profession s’il y a la présence d’un professionnel de santé aidant la personne. Dans son rapport, l’Académie nationale de médecine identifie le dopage comme une tricherie qui est non seulement contraire à l’esprit du sport mais présente aussi des risques pour la santé des sportifs. L’existence du Code mondial anti-dopage (le « Code ») élaboré en 2003 et revu en 2009 constitue une démarche pertinente et harmonisée. L’Agence mondiale anti-dopage (AMA), créée en 2000, veille à la bonne application des règles du Code et coordonne la lutte contre le dopage en collaboration avec le Comité international olympique (CIO), les Fédérations sportives internationales et nationales et les organisations nationales anti-dopage, en France, l’Agence Francaise de Lutte antiDopage (AFLD). Pour lutter contre cette pratique, les organisations Mondiales/Fédérales antidopage organisent des contrôles pendant et en dehors des compétitions. Tout sportif peut à tout moment se faire contrôler et c’est pour cela qu’ils doivent signaler leur localisation (que ce soit leur domicile ou encore l’endroit de leurs vacances) aux autorités compétentes. Certaines molécules sont interdites durant la compétition alors que certaines sont interdites y compris quand le sportif n’est pas en compétition. Pour effectuer ces contrôles, les autorités prélèvent des échantillons de sang, d’urine, de phanère et/ou encore les selles des sportifs. Ils essayent d’avoir le maximum de prélèvements différents afin de pouvoir détecter une molécule ou un métabolite suspect éliminé par l’organisme. Par la suite les prélèvements sont scellés et envoyés à des laboratoires certifiés par L’AMA afin d’effectuer les dosages. Lors de ces dosages, un prélèvement est de façon systématique divisé en 2 échantillons :  1 échantillon A qui va être dosé lors de la réception  1 échantillon B qui va être congelé et qui pourra être dosé ultérieurement. 

Exemple de sportifs contrôlés positifs et molécules impliquées.

A. Lance Armstrong, cycliste Le 10 octobre 2012, l’Agence Antidopage des États-Unis (USADA) publiait un rapport accusant Lance Armstrong de dopage (5). Ses 7 victoires sur le Tour de France lui furent retirées et il fût condamné à rembourser les gains perçus lors de ces compétitions. Un véritable séisme secoua la planète sportive. Armstrong avait élaboré, avec l’aide du Docteur Ferrari et son équipe, « le programme de dopage le plus perfectionné jamais vu dans le sport ». Dans ce programme, l’utilisation d’Érythropoïétine (EPO) permet la synthèse de globules rouge augmentant l’oxygénation des muscles. Cela sera utile lors des étapes de montagnes pour augmenter la puissance générée sur son vélo et donc sa vitesse. Il utilisa cette technique au début de sa carrière (dans les années 1990), puis par la suite il utilisa l’EPO en complément de la transfusion sanguine. Il utilisa également des stéroïdes pour faciliter la récupération entre les étapes et des hormones de croissance comme la testostérone pour augmenter sa masse musculaire. Il utilisa ces méthodes lors de ses 7 victoires sur le Tour de France. Mais comment se fait-il durant toutes ces années qu’aucun sportif n’ait été contrôlé positif ? L’Union de Cyclisme International (UCI) à jouer un rôle primordial pour protéger Lance Armstrong. L’UCI prévenait l’équipe de Lance Armstrong des dates de contrôle effectué par l’AFLD, Lance Armstrong avait donc toujours un coup d’avance sur l’agence antidopage (6). « En vingt minutes, beaucoup de manipulations sont possible », analyse Michel Rieu. « Lance Armstrong recevait des perfusions de sérum physiologique pour diluer son sang. Il remplaçait sa propre urine par de l’urine artificielle. Il s’administrait l’EPO par petites doses. La substance était indécelable. » 

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Tout était donc calculé, les médecins de l’équipe US Postal transformaient les chambres d’hôtel en véritable « salle de shoot » après les étapes, où ils injectaient aux coureurs les doses de médicaments nécessaires. Même le directeur sportif de l’époque, Johan Bruyneel, revendait les vélos des coureurs afin de pouvoir payer les produits dopants. Il existait donc un réel conflit d’intérêt chez l’UCI : L’engouement de la compétition et les profits que cela permet d’en tirer en dépit de la crédibilité de la course. Et pourtant durant toutes ces années, de nombreux journalistes se sont lancés à la recherche de preuves pouvant accuser Lance Armstrong de dopage.  La première piste : Sestrières Lors du Tour de France 1999, le journal Le Monde fit paraitre un article mentionnant que le coureur Lance Armstrong avait subi un contrôle positif avec la présence de métabolite de cortisone dans ses urines. L’équipe US Postal se réunit et décida de demander au médecin de l’équipe de rédiger un certificat médical antidatée expliquant que le coureur avait utilisé de la crème à la cortisone pour soigner une dermatite allergique. Ce certificat fut envoyé à l’UCI dirigé à l’époque par Mr Hein Verbruggen. Ce dernier va être le complice d’Armstrong. L’UCI valida le certificat et rédiga un communiqué de presse expliquant que ce contrôle positif était dû à l’utilisation de crème pour soulager une dermatite allergique, disculpant donc l’utilisation de corticoïdes de la part du coureur.  Le journaliste ayant écrit l’article du journal Le Monde fût démis de ses fonctions.  La seconde piste : un arrêt suspect Un matin du Tour de France 2000, une équipe de France Télévision filme une scène pour le moins surprenante : deux personnes vêtues aux couleurs de l’équipe Us Postal partant de l’hôtel où logent les coureurs. Cette voiture roula durant un peu plus de 1h30 et les passagers décidèrent de s’arrêter sur une aire de repos en pleine campagne près de Draguignan.

Table des matières

I. DU MÉSUSAGE AU DOPAGE
1) Définitions et réglementation
2) Exemple de sportifs contrôlés positifs et molécules impliquées
A. Lance Armstrong, cycliste
B. André Agassi, joueur de tennis
3) Le sport amateur et dopage
II. PRINCIPALES MOLÉCULES UTILISÉES ET EFFETS RECHERCHÉS
1) Substances interdites en Permanence
A. Agents Anabolisants
B. Hormone de croissance (hGH)
C. Érythropoïétine (EPO)
D. Les 2 agonistes
E. Les agents masquants
2) Substances interdites pendant une compétition
A. Les stimulants
B. Les narcotiques
C. Les cannabinoïdes
D. Les Glucocorticoïdes
3) Classes de substances interdites dans certains sports
A. Alcool
B. Les -bloquants 4
III. PRÉVENTION DU PHARMACIEN FACE AU DOPAGE
1) Le cadre législatif
2) Étude auprès des pharmaciens
A. État de connaissance des pharmaciens en matière de dopage
B. Confrontation au dopage des pharmaciens
C. Pharmaciens et prévention
D. Discussion
E. Conclusion
3) Rôle du pharmacien vis-à-vis des compléments alimentaires en matière de dopage
A. Mieux lutter contre le dopage, un effort conjoint
B. Informer sur le bon usage
C. Prévenir les risques de dopage
D. Cas de comptoir
4) Rôle du pharmacien sur les médicaments en matière de dopage
A. La communication, un point essentiel
B. Face à une prescription ou une demande de médicament de la part d’un sportif, que faire ?
C. Exemples de fiches conseils faites par le Cespharm d’après les recommandations 2018
D. Cas de comptoir 1
E. Cas de comptoir 2
IV. CONCLUSION
V. BIBLIOGRAPHIE
VI. ANNEXES LISTE DES INTERDICTIONS JANVIER 2020
VII. SERMENT DE GALIEN

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