Mémoire Online: La réception de la tragédie de l’homme d’Imre Madàch dans le monde germanophone (1862-2003)

Sommaire: La réception de la tragédie de l’homme d’Imre Madàch dans le monde germanophone (1862-2003)

INTRODUCTION
1. Objet de la recherche
2. Situation de la recherche
3. Problématique
4. Méthodologie
5. Plan de la thèse
CHAPITRE I IMRE MADÁCH ET SON TEMPS
I.1 Aperçu de l’histoire hongroise
I.2 Les langues en Hongrie
I.3 La vie littéraire en Hongrie (1820-60)
I.3.1 La littérature allemande
I.3.2 La littérature hongroise
I.3.3 La réception des littératures étrangères
I.3.4 L’image de la Hongrie et de sa littérature dans l’espace germanophone
I.3.5 Bilan
I.4 Imre Madàch (1823-1864) : biographie et conceptions esthétiques
CHAPITRE II LA TRAGÉDIE DE L’HOMME (1862)
II.1 Genèse, action et structure dramatique
II.2 La réception immédiate de la Tragédie en Hongrie
II.3 Un chef d’œuvre complexe, inclassable et incommensurable
II.3.1 Un poème dramatique, genre hétérodoxe
II.3.2 Un mystère suigeneris
II.3.3 Un poème d’humanité
II.3.4 Une œuvre d’art total
II.3.5 Un texte réaliste et symboliste
II.4 Une œuvre difficile d’accès
II.4.1 L’intertextualité philosophique et scientifique
II.4.2 L’intertextualité littéraire
II.4.3 Une œuvre contradictoire
CHAPITRE III L’ACCUEIL DE LA TRAGÉDIE PAR LES LECTEURS DE LANGUE ALLEMANDE (1862-1892)
III.1 Les premières traductions et recensions (1862-1885) 82
III.2 Les signes avant-coureurs d’une la carrière théâtrale en langue allemande (1888-1892)
III.3 Des écrivains germanophones face à la Tragédie (1865-1892). Réactions anecdotiques ou significatives
III.4 Des traces de réception productive en Allemagne
CHAPITRE IV LES PREMIÈRES ADAPTATIONS THÉÂTRALES DANS L’ESPACE GERMANOPHONE (1892-1893)
IV.1 Deux projets de mise en scène
IV.1.1 Hoftheater de Meiningen (1888)
IV.1.2 Burgtheater de Vienne (1888)
IV.2 La première représentation sur une scène allemande : Hambourg, Stadttheater (1892)
IV.3 Vienne, Austellungstheater (1892)
IV.4 Berlin, Lessingtheater (1893)
IV.5 Epilogue
CHAPITRE V AU CREUX DE LA VAGUE (1896-1916)
V.1 L’hostilité des milieux catholiques
V.2 Une tentative d’exhumation à Vienne (1903)
V.3 Un projet de mise en scène à Berlin (1910)
V.4 La Tragédie sous les griffes des historiens de la littérature
V.5 Une incursion dans l’aire culturelle germanophone de la Suisse : Zurich (1916)
V.6 Epilogue
CHAPITRE VI REDÉCOUVERTE DE LA TRAGÉDIE DANS LES ANNÉES 1930
VI.1 La radio au secours de la Tragédie en Autriche et en Allemagne sous la République de Weimar (1930-31)
VI.1.1 La naissance d’un nouveau mass média
VI.1.2 Radio Vienne (1930)
VI.1.3 Radio Munich (1931)
VI.2 La Tragédie à la reconquête de la scène
VI.2.1 Vienne, Burgtheater (1934)
VI.2.2 Un projet munichois (1931-1934)
VI.3 Amorce d’une canonisation de la Tragédie
CHAPITRE VII LA TRAGÉDIE EN ALLEMAGNE NATIONAL-SOCIALISTE ET EN SUISSE (1937-1943)
VII.1 Hambourg, Städtische Bühnen (1937)
VII.2 Berlin, Volksbühne (1939)
VII.3 Francfort-sur-le Main, Schauspielhaus (1940)
VII.4 Bilan des représentations dans l’Allemagne national-socialiste
VII.5 L’épilogue des mises en scène allemandes : Berne, Stadttheater (1943)
CHAPITRE VIII APRÈS LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE : TENTATIVES INFRUCTUEUSES DANS LES DEUX ALLEMAGNES, REDÉCOUVERTE EN AUTRICHE
VIII.1 Période de refus expiatoire dans les deux Allemagnes
VIII.2 Tentatives de réception en République fédérale d’Allemagne (1956 1975)
VIII.3 Tentatives de réception en République démocratique allemande (1961 1977)
VIII.3 Redécouvert de Madàch en Autriche (1956-1970)
CHAPITRE IX 1981-2003 : VERS UN AUTHENTIQUE REGAIN D’INTÉRÊT ?
IX.1 Une nouvelle vague de réception en Autriche (1982-1998)
IX.1.1 Klagenfurt, Stadttheater (1983)
IX.2 La réception en Allemagne (1981-2003)
IX.2.1 Kassel, Staatstheater (1981)
IX.2.2 Des adaptations étrangères en tournée
IX.2.2.1 Berlin (1988)
IX.2.2.2 Berlin et Münster (1999), Bâle et Bonn (2000)
IX.2.3 Essen, Casa Nova (2002)
CONCLUSION
GÉNÉRALE
ANNEXES

Extrait du mémoire

Chapitre I  IMRE MADÁCH ET SON TEMPS
I.1 Aperçu de l’histoire hongroise
La situation géographique de la Hongrie, aux confins des grandes puissances qu’étaient à l’ouest le Saint Empire Germanique, à l’est la Russie et au sud l’Empire Ottoman, eut des conséquences néfastes tout au long de son histoire. En effet, le pays était, d’une part, exposé aux invasions, d’autre part, convoité par ses voisins occidentaux. Dès sa constitution en tant que royaume chrétien en l’an 1000, d’étroites relations dynastiques s’établissent entre le premier roi hongrois, Saint Etienne, et l’Empire Germanique 112. Pour cette raison, l’envoi de colons allemands est fréquent dès le XIe siècle. Sous le règne des successeurs d’Etienne, la culture juridique fait un progrès remarquable 113 et la question de savoir si le nouveau royaume chrétien dépendrait de Byzance ou de Rome est tranchée. C’est Béla III (1172-1196) qui élimine de façon définitive l’influence byzantine et organise l’administration du pays selon le modèle occidental. Durant les dernières décennies de la dynastie des Árpàd, l’invasion tatare (1241) et les luttes intestines dévastent le pays et déciment sa population. Après l’extinction de la dynastie hongroise (1301), le trône passe dans les mains des rois angevins de Naples (1308-1382), relayés par Sigismond de Luxembourg, futur Empereur. Après la mort de celui-ci, la Hongrie est gouvernée pendant un demi-siècle et pour la dernière fois de son histoire, par une dynastie autochtone émergente, les Hunyadi. Succédant à son père Jean Hunyadi, gouverneur du pays (1446-1452), le roi Mathias (1458-1490) organise un régime centralisé et, ouvrant le pays à l’influence italienne, fait s’épanouir l’humanisme et la Renaissance. Au début du règne des Hunyadi, la menace turque, déjà présente sous Sigismond, se transforme en guerre, laquelle débouche en 1526 sur une défaite désastreuse de l’armée hongroise à Mohàcs. A partir de 1541, les Habsbourg perdent le centre du territoire hongrois. Pendant les 150 ans de l’occupation ottomane, la Transylvanie protestante demeure le dernier bastion de l’indépendance hongroise.
Après la reconquête de la Hongrie en 1697, les Hongrois tentent une guerre d’indépendance (1703-1711), sous la direction de Ferenc Ràkoczy (1676-1735), prince de Transylvanie 114. L’échec de ce soulèvement réduit le pays au statut d’une colonie des Habsbourg. Le premier pas vers la germanisation des territoires hongrois est l’installation de colons souabes catholiques dans plusieurs régions sous le règne de Leopold I er (1657-1705).
L’impératrice Marie-Thérèse (1713-1780) favorise, malgré elle, l’éveil du sentiment national hongrois. Dans le but de germaniser la noblesse hongroise en l’attirant à la cour de Vienne, elle met en place l’institution des gardes du corps (1765), réservée aux jeunes aristocrates hongrois. Ce service impérial à Vienne permet en réalité la pénétration des Lumières en Hongrie et favorise le développement de la langue hongroise, les philosophes des Lumières considérant que la vraie culture ne pouvait naître que dans la langue de la nation 115. Par son décret stipulant l’utilisation exclusive de la langue allemande (1784),  Joseph II contribue également à réveiller l’amour de la langue nationale. Dès 1791 est fondée une première société pour la défense de la langue nationale en Transylvanie (Erdélyi magyar nyelvmüvelö tàrsasàg), suivie de peu par la Société patriotique hongroise (Magyar hazafiui tàrsasàg) 117. A partir des années 1825, de nouvelles idées se font jour. Les procédés autoritaires du gouvernement de Vienne – non-convocation du parlement hongrois, sévérité de la police, censure – s’ajoutant aux difficultés économiques (la Hongrie fournit à bas prix les denrées alimentaires à l’Autriche et lui achète ses produits industriels à prix élevé) incitent, en l’absence d’une bourgeoisie, des représentants de la noblesse à initier des réformes pour développer le pays. Le comte Istvàn Széchényi (1791-1860), participant activement à la vie politique et réalisant de nombreux travaux publics, devient la figure clé d’un renouveau économique et social. A mesure que s’affirme le désir d’indépendance nationale, Széchényi se voit supplanté par Lajos Kossuth 118, chef du parti d’opposition. Dans le sillage des mouvements révolutionnaires de Paris et de Vienne éclate en mars 1848 la lutte pour l’indépendance sous la direction de Kossuth. Mais l’indépendance de la Hongrie, déclarée le 15 avril, est de courte durée. Avec l’aide du tsar, l’empereur François Joseph réussit à écraser l’armée hongroise 119.  Cette révolution est suivie d’une vaste répression 120, puis de la période réactionnaire du système Bach 121, caractérisée par des mesures policières d’exception et la germanisation forcée des minorités nationales.
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