Sommaire: Enquête sur le don d’organes menée auprès de 200 patients consultant un médecin généraliste du XXe arrondissement de Paris (Intérêt d’une discussion avec le médecin généraliste)
1. INTRODUCTION
1.1. Généralités
1.2. Rappel historique
1.3. Données épidémiologiques sur le don d’organes
1.4. Objectifs
2. MATERIEL ET METHODES
2.1. Cadre de l’étude
2.2. Critères d’inclusion et d’exclusion
2.3. Contenu du questionnaire et déroulement de l’interrogatoire
2.4. Réflexion des principaux courants religieux sur le don d’organes
2.4.1 Religion chrétienne
2.4.2 Religion juive
2.4.3 Religion musulmane
2.5. Recueil des données et analyse statistique
3. RESULTATS
3.1. Répartition de la population étudiée en fonction de l’âge
3.2. Répartition de la population étudiée en fonction des différentes catégories socioprofessionnelles
3.3. Répartition de la population étudiée selon les différentes confessions religieuses
3.4. Répartition de la population selon les différentes origines Ethniques
3.5. Position des patients face au don d’organes
3.5.1 Avez-vous déjà réfléchi au don d’organes ?
3.5.2 Connaissez-vous la position de certains de vos proches (conjoint, parents, enfant(s), grands-parents, frère(s)/ sœur(s)) sur le don d’organes ?
3.5.3 Etes-vous porteur d’une carte de donneur d’organes ?
3.5.4 Connaissez-vous une personne ayant besoin d’une transplantation d’organe ou ayant été transplantée ?
3.5.5 Si de façon accidentelle vous vous retrouviez en état de mort cérébrale (ce que je ne vous souhaite pas), seriez-vous favorable à ce que vos organes soient prélevés?
3.5.6 D’après vous, les patients fortunés ont-ils plus de chance d’être transplantés avant les autres ?
3.5.7 Si un membre de votre famille avait besoin de recevoir une greffe de foie en urgence afin de lui éviter de mourir; accepteriez-vous qu’il soit transplanté?
3.5.8.Avez-vous lu l’affiche d’information dans la salle d’attente ?
3.5.9 Avez-vous consulté le guide d’information sur le don d’organes disponible dans la salle d’attente?
3.5.10Avez vous déjà donné votre sang ?
3.6 Motifs de refus des patients
3.7 Position des patients opposés au don après discussion avec le médecin généraliste
3.8 Répartition des différentes méthodes d’information souhaitées par les patients sur le don d’organes
3.9 Réactions des patients face à une proposition d’inscription du consentement sur la carte vitale
3.10. Réactions des patients face à la proposition d’une loi favorisant les donneurs volontaires
3.11 Position des patients initialement opposés au principe du don d’organes après un délais de réflexion de quinze jours après la discussion avec le médecin généraliste
4. DISCUSSION
4.1 Impact des données socio ethniques et de la religion
4.2 Facteurs favorisant la communication du consentement d’un patient à ses proches
4.3 Niveau de richesse et don d’organes
4.4 Méthodes d’information souhaitées par les patients sur le don d’organes.
4.5 Intervention du médecin de premier recours et changement de position des patients face au don d’organes.
4.6 Législation sur le devoir du médecin à informer sur le don d’organes
4.7 Don d’organes et don du sang
4.8 Intérêt des documents informant la patientèle au cabinet
5. CONCLUSION
6. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
7. RESUME
Annexe 1 Poster Pour sauver des vies, il faut l’avoir dit
Annexe 2 Brochure d’information sur le don d’organes
Annexe 3 Questionnaire
Annexe 4 Définition des Catégories Socio Professionnelles (CSP) d’après l’INSEE
♣ Extrait du mémoire
1. INTRODUCTION
1.1 Généralités
Les transplantations et les greffes d’organes constituent l’un des grands progrès de la médecine du vingtième et vingt-et-unième siècle après celui de la découverte des traitements 8 anti-infectieux. Elles permettent chaque année de sauver des vies humaines et d’améliorer la qualité de vie de nombreux patients porteurs d’une défaillance d’organe terminale.
On parle de transplantation d’un organe lorsque celui-ci bénéficie d’une anastomose vasculaire (exemple de la transplantation hépatique) contrairement à la greffe où le tissu greffé est directement nourri par la vascularisation du receveur (exemple de la greffe de peau).
La réussite de ces techniques est principalement liée au progrès de la chirurgie, à l’amélioration des différentes méthodes de conservation des greffons et au progrès de l’immunologie avec le développement des thérapeutiques immunosuppressives. Ces avancées scientifiques sont nécessaires mais non suffisantes pour atteindre les objectifs escomptés. En effet, la pénurie de greffons dessine aujourd’hui les limites de ces prodigieuses avancées.
Afin de limiter cette pénurie, on considère que chaque personne en bonne santé ( qui est un donneur potentiel) est d’accord pour faire don de ses organes ou tissus après sa mort ; c’est le principe du consentement présumé (loi n° 76-1181 du 22 décembre 1976). Ainsi, le médecin coordonnateur des greffes d’un établissement de santé doit recueillir le consentement du patient donneur potentiel en vérifiant l’absence d’inscription dans le registre national des refus. Néanmoins, même si ce point ne constitue pas une nécessité au plan juridique, il est tenu compte de la position des proches. Il apparaît en effet primordial, dans un tel contexte, d’établir avec les proches du patient une relation de confiance réciproque. Il arrive ainsi, malgré l’absence d’opposition du défunt de ne pas entamer la procédure de prélèvement car les proches s’y opposent.
On constate qu’une part non négligeable des prélèvements d’organes sur le patient en état de mort encéphalique ne peuvent être effectués en raison d’une opposition de la famille.
D’après les derniers chiffres récemment publiés par l’agence de biomédecine, 1027 patients en état de mort encéphalique sur 3049 (soit 33,7%) n’ont pas été prélevés en 2010 à cause de l’opposition des proches. Les motivations de ce refus sont parfois explicitées mais semblent pour certaines infondées voire parfois inexplicables. La difficulté voire l’impossibilité pour certains d’avoir, dans ces circonstances, une attitude altruiste et pragmatique est cependant compréhensible. L’annonce du diagnostic de mort à la famille constitue un moment d’une extrême intensité voire violence sur le plan émotionnel, d’autant plus que le cœur bat toujours et que la fonction respiratoire est maintenue artificiellement. Il est parfois difficile pour certaines personnes de concevoir le concept de mort « cérébrale » dans ce contexte. Nous comprenons bien que le recueil du consentement du défunt par les proches, bien souvent sidérés par l’annonce de la mort, dans un temps limité, en vue d’un prélèvement d’organes à des fins de greffes s’avère douloureux et difficile. Une fois l’émotion atténuée, d’autres explications que l’anéantissement sont néanmoins exprimées par les proches comme motivation de leur refus de consentir au don. Crainte de la perte de l’intégrité de la dépouille, obstacle religieux auquel il est parfois difficile de proposer une explication rationnelle sont des motifs de refus fréquemment avancés et qui annulent par la même, la procédure du prélèvement. Pourtant, le prélèvement d’organes sur patient en mort cérébrale est aujourd’hui la seule voie permettant de faire face à la pénurie de don d’organes. Il semble ainsi plus que jamais nécessaire d’essayer d’appréhender les raisons de ces refus et d’essayer d’en limiter la portée.
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