Sommaire: Aspects spécifiques de la souffrance morale liée aux conditions de travail
1. INTRODUCTION
2. HISTORIQUE
3. LE STRESS AU TRAVAIL EST-IL UNE FAUSSE MALADIE OU UN VRAI SYMPTOME EN MEDECINE GENERALE ?
3.1. Qu’est ce que le stress ?
3.2.Particularités du stress lié au travail
3.2.1. Une approche à 4 dimensions
3.2.2. Deux situations particulières : burnout et harcèlement moral
3.2.3.A t-on besoin d’une certaine dose de stress au travail pour vivre ?
3.3. Les différents aspects rencontrés au cabinet du médecin généraliste.
3.3.1. Le stress chronique
3.3.2. Le burnout
3.3.3. Le harcèlement moral
3.4. La relation médecin généraliste-malade
3.5. Alors, fausse maladie ou vrai symptôme ?
3.6. Les données de la littérature
3.7. Les différences de prise en charge avec les pays d’Europe du Nord et les pays anglo-saxons
4. METHODE
4.1. Elaboration d’un questionnaire
4.2. Diffusion du questionnaire
4.3. Les réponses au questionnaire
4.4. Analyse des résultats
4.4.1. Nombre de questionnaires reçus
4.4.2. Analyse du profil des médecins
4.4.3. Analyse globale de la situation du patient
4.4.4. Repérer la souffrance morale au travail dans ses différents aspects
4.4.5. Identifier les causes de la souffrance morale au travail en rapport avec les conditions de travail
4.4.6. Solutions proposées par le médecin traitant :
5. DISCUSSION AUTOUR DES RESULTATS
5.1. Les limites de mon enquête
5.2. Les atouts des médecins généralistes
5.2.1. La relation médecin-malade propre à la médecine générale
5.2.2. L’apanage de l’expérience
5.2.3. Connaissance de la personnalité de leurs patients
5.3. Leurs points faibles
5.3.1. Des idées reçues
5.3.2.Le manque de connaissances
5.3.3. Les médecins généralistes ont des difficultés pour évaluer la toxicité du stress
professionnel sur la santé de leurs patients.
5.3.4. Le concept de stress a peu de validité scientifique aux yeux des médecins généralistes
5.4. Les difficultés concrètes rencontrées.
5.4.1. Les difficultés de prise en charge pluridisciplinaire
5.4.1.1. Avec le médecin du travail
5.4.1.2. Avec les psychothérapies
5.4.1.3. Avec les psychiatres
5.4.1.4. Pénurie en consultations spécialisées « souffrance et travail»
5.4.1.5. La difficulté du diagnostic pour le médecin généraliste isolé
5.4.2. Le manque de temps
5.4.3. La pression liée au souci de l’économie des moyens
5.4.4. Les difficultés liées à la patientèle
5.4.5. Stress des médecins +++attention au burnout
5.5. Les alternatives possibles
6. REFLEXION POUR UNE PRISE EN CHARGE ADAPTEE
AUX MEDECINS GENERALISTES
6.1. FORMATION et INFORMATION
6.1.1. Sensibiliser les futures générations de médecins généralistes
6.1.2. Désamorcer les idées reçues
6.1.3. L’empathie et l’écoute des médecins joue un rôle essentiel.
6.1.3.2. En amont, la prévention : une écoute orientée
6.1.3.3. Pour ce qui est du dépistage
6.1.3.4.Plaquette dans les salles d’attente avec questionnaire type : utile ?
6.2. Si stress, évaluer son mode d’exposition et sa durée pour en mesurer l’impact probable
6.3. La prise en charge
6.3.1. Suite au dépistage d’un stress chronique
6.3.2. Suite au dépistage d’un harcèlement moral
6.3.3. Suite au dépistage d’un épuisement professionnel
6.3.4. Stress, anxiété, dépression : démêler pour mieux traiter
6.4. Pourquoi et comment dynamiser les échanges entre médecins généralistes et médecins du travail ?
6.5. L’arrêt de travail : laisser le choix au médecin généraliste
6.6. CAS CLINIQUES COMMENTES
7. CONCLUSION
8.BIBLIOGRAPHIE
9. INDEX
10.ANNEXES
Extrait du mémoire aspects spécifiques de la souffrance morale liée aux conditions de travail
1. INTRODUCTION
« Le travail, c’est la santé ». Ce refrain fait partie du passé. La pénibilité au travail a augmenté au cours des vingt dernières années car aux risques anciens se surajoutent des risques nouveaux. En trente ans, il y a eu d’importantes mutations économiques et l’émergence d’une nouvelle logique financière intensifiant le travail malgré une amélioration globale: travail en flux tendus, logique de service, travail dans l’urgence privant l’individu de temps nécessaire à l’élaboration de stratégies de défense, précarisation du travail (intérim, CDD, soustraitance), individualisation des contrats de travail. Tout cela est à replacer dans un contexte de chômage de masse, d’isolement des salariés et de perte de repères collectifs.
Le rapport européen de 2000 sur les conditions de travail en Europe révèle que 60 % des européens estiment que le travail affecte leur santé. 23 % des travailleurs font état d’une fatigue générale. 28% se déclarent stressés par le travail. En France, 8% font état d’absences dues à des problèmes de santé liés au travail au cours des 12 derniers mois et un travailleur sur 10 dit avoir été victime d’intimidations sur son lieu de travail. Il en coûte 20 milliards d’ Euros à l’Union Européenne (en temps de travail perdu et en coûts de santé).
La souffrance morale liée aux conditions de travail (en excluant la souffrance liée aux conditions physiques, à la sécurité, au harcèlement sexuel et aux agressions extérieures) a un dénominateur commun : le stress. Un stress néfaste pour la santé apparaît quand l’individu ne ressent pas la capacité de pouvoir faire face à la situation imposée sur son lieu de travail sur une période longue et continue. Ce stress génère, à terme, de l’anxiété, une augmentation des conduites addictives, des dépressions. Il induit ou favorise tout un cortège de maladies psychiques et organiques largement documentées, d’une grande variabilité . Un stress néfaste pour la santé participe notamment au processus d’épuisement professionnel et aux conséquences d’une situation de harcèlement moral.
Certains facteurs de risque de stress au travail sont identifiés, plusieurs modèles ont été créés et validés pour mettre en avant la conjugaison à haut risque de certains facteurs liés aux conditions de travail sur la santé (exemple : modèle de Lazarek).
Le Conseil Economique et Social met l’accent sur le rôle central du Médecin du Travail et la mise en place de stratégies de prévention de la souffrance morale au travail dans les entreprises.
Le Dr Sterdyniak, (président de la Metranep1), lors de la journée des 4 Médecines du Travail de Paris du 6 Décembre 2005, insiste sur le fait que la souffrance morale au travail est individuelle mais que les solutions sont collectives. Pourtant, les médecins généralistes subissent de plein fouet toutes les conséquences individuelles de la souffrance morale liée aux conditions de travail.
Dommage, car ils ne sont pas formés pour répondre à ce type de souffrance « de masse » : pas de formation à la Faculté, pas de recommandations de bonne pratique spécifiques, tout au plus quelques formations médicales continues depuis quelques années traitant du sujet.
Il apparaît dans la littérature comme un intervenant « subalterne », à qui l’on confie pourtant des rôles fondamentaux : écoute des patients, identification de la souffrance morale en rapport avec les conditions de travail, prescriptions thérapeutiques et d’arrêts de travail si nécessaire (dans un contexte d’intensification des contrôles des arrêts maladie et de remise en cause du bon usage des psychotropes), mise en œuvre d’une prise en charge interdisciplinaire si besoin tout en sachant qu’il n’existe en France que vingt neufs centres de consultation de pathologies professionnelles, que les psychiatres sont souvent débordés et les psychothérapies coûteuses et non prises en charge, pour la plupart, par la Sécurité Sociale.
Il est le seul acteur de santé qui prend en compte les aspects à la fois médicaux, mais aussi psychologiques et sociaux (le modèle global, Engel, 1980) de la personne, tous essentiels pour appréhender la souffrance morale liée aux conditions de travail. Il peut mettre en avant des signes d’alerte, piocher des renseignements intimes et instaurer au fil des consultations une relation de confiance.
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Aspects spécifiques de la souffrance morale liée aux conditions de travail (682.36 KB) (Rapport PDF)