Extrait du mémoire analyse du burn out chez les internes de médecine générale
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Rôle et responsabilité du médecin
Le statut social des médecins considéré comme « confortable » a lui aussi évolué, allant parfois jusqu’à des remises en cause ou une méfiance de la part des patients. Ce déclin de statut peut amener à l’épuisement professionnel car les tensions inhérentes à sa profession étaient contrebalancées par un sentiment d’utilité, qu’il perd progressivement 18, 22. « Les valorisations ont changé ; et en disparaissant, la vocation a laissé les soignants nus sans protection et sans les bénéfices secondaires qu’elle apportait ne serait-ce qu’en terme d’admiration et de reconnaissance. »
Le médecin n’est plus le seul détenteur de la connaissance médicale, il a l’obligation d’informer le malade depuis la loi du 4 mars 2002. L’évolution de la responsabilité du médecin – qui a une obligation de moyens et non de résultats – tend vers le système nord-américain avec la multiplication des plaintes et des procès : un médecin aura à affronter en moyenne 5 procès durant sa carrière. Cette « judiciarisation » de la médecine est une nouvelle facette à laquelle les soignants doivent faire face, et est source d’épuisement 50, 102.
Changement des comportements et augmentation des violences
Dans cette optique de médecine de consommation, le patient devenu « client » ne supporte pas de retard ou de difficulté dans l’organisation de sa prise en charge ce quipeut aboutir à un développement de comportements agressifs voire violents envers les soignants. L’Ordre des Médecins a ainsi créé en 2002 un observatoire des agressions qui représentent une forte source de stress pour les soignants.
En guise d’illustration, Gautier écrit : « après le temps des malades, puis des patients, est venu celui des usagers de droit, parfois loin des usagers de respect ».
Bonne distance de la relation d’aide
Canouï pense que « cela ne va pas de soi de trouver la bonne distance ». Le danger est de tomber dans l’identification projective où le médecin s’identifie à la situation vécue par le patient et n’a plus suffisamment de recul pour mener son expertise professionnelle. L’autre extrême est un détachement trop important, à la limite de la déshumanisation. Une étude montre que les internes se sentent mal préparés dans l’apprentissage de cette relation et que ce sentiment peut les fragiliser et les épuiser.
Le même auteur écrit que le jeune médecin a une vision idéalisée de la relation qu’il va entretenir avec ses patients, et de l’influence qu’il pourra avoir sur eux. Seulement cette vision va lui amener des déceptions, voire des conflits avec certains patients, considérés comme difficiles : en effet certaines études ont montré que l’aide apportée aux patients dépendrait davantage de la sympathie qu’ils provoquent, c’est-à-dire leur capacité d’adaptation à une relation d’aide idéale, que de leur véritable maladie. Ainsi les patients ayant de bonnes capacités relationnelles et sociales sont évalués « positivement » par le médecin et cela conduit à une relation médecin-malade agréable grâce à une bonne implication du soignant. A contrario les patients jugés compliqués ou les plus démunis inciteraient paradoxalement un sentiment de désengagement de la part du médecin, alors que ce sont eux qui ont le plus besoin d’une relation d’aide.
Refus de l’idée de maladie ou de mort
Les progrès de la médecine ont conduit le médecin à considérer que l’impossibilité de guérir un individu n’est plus dans la normalité mais est un échec. Il vient à en oublier que la mort fait partie de la vie18, 31.
Les soignants travaillant dans des services d’oncologie ou confrontés à des décès répétés sont plus souvent atteints de burn out.
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Sommaire: Analyse du burn out chez les internes de médecine générale
Introduction
I – Présentation du concept de burn-out
A – Naissance du concept
B – Définitions
1 – Quelques exemples
2 – Les phases du burn out
3 – Un syndrome tridimensionnel
C – Différents modèles du stress
1 – Généralités sur le stress
2 – Modèle d’adaptation de Selye (1956)
3 – Modèle ressource-exigence de Cherniss (1980)
4 – Modèle exigence-contrôle de Karasek (1979)
5 – Modèle effort-récompense de Siegrist (1990)
6 – Modèle théorique du stress, coping et adaptation de Lazarus et Folkman (1988)
7 – Modèle de conservation des ressources de Hobfoll (1989)
8 – La psychopathologie du travail de Dejours
9 – Mise en relation avec les dimensions du burn out
D – Origines du burn out
1 – Analyse du concept de travail
2 – Psychopathologie du burn out
E – Facteurs favorisants ou protecteurs du burn out
1 – Facteurs liés à l’individu
a – La personnalité
b – Un profil type ?
c – Caractéristiques socio-démographiques
d – L’orientation de carrière
e – Les stratégies d’adaptation
2 – Facteurs liés au travail
a – La charge de travail
b – L’organisation du travail
c – Le conflit vie privée-vie professionnelle
3 – Facteurs liés aux relations interindividuelles
a – Relations avec les patients
b – Relations avec les collègues et soutien social
4 – Facteurs liés au statut particulier de l’interne
a – Jeunesse : faible expérience et processus identitaire
b – Manque de reconnaissance
c – Autonomie décisionnelle
d – Formation professionnelle
e – Connaissance du burn out
F – Propriétés clinico-biologiques
1 – Caractéristiques physiques
2 – Caractéristiques psychiques
3 – Caractéristiques cognitivo-comportementales
4 – Caractéristiques biologiques
G – Diagnostics différentiels
1 – Trouble de l’adaptation
2 – Stress
3 – Dépression
4 – Syndrome de fatigue ou neurasthénie
5 – Anxiété
6 – Insatisfaction au travail
H – Le burn out : un concept solide ou un effet de mode ?
1 – Le flou du concept
2 – Une popularité croissante
3 – Un médecin malade ?
I – Conséquences et prévention du burn out
1 – Conséquences
a – Sur le plan individuel
b – Sur le plan professionnel
c – Sur le plan collectif
2 – Prévention du burn out
a – Sur le plan individuel
b – Sur le plan collectif
c – Sur le plan organisationnel
J – Outils d’évaluation du burn out
1 – Maslach Burn out Inventory (MBI)
2 – Autres échelles
K – Le burn out chez les internes
1 – Généralités chez les soignants
2 – Particularités du statut de l’interne en médecine
3 – Etudes réalisées chez les internes
II – Description de l’étude
A – Matériel et méthodes
1 – Objectifs de l’étude
2 – Type d’enquête
3 – Modalités pratiques de l’étude
4 – Analyse statistique
B – Résultats
1 – Participation des internes
2 – Données démographiques
a – Sexe
b – Âge
c – Vie personnelle
d – Médecin traitant
3 – Situation professionnelle
a – Semestre
b – Droit au remord
c – Choix aux ECN
d – Charge de travail
4 – Données personnelles
a – Ressenti par rapport au travail
b – Conduites addictives
c – Psychotropes
d – Troubles du sommeil et du comportement alimentaire
e – Statut psychologique
f – Regard sur les études médicales
g – Connaissance du burn out
5 – Evaluation du burn out chez les internes de médecine générale
a – Vue d’ensemble
b – Epuisement émotionnel
c – Dépersonnalisation
d – Accomplissement personnel
e – Corrélation entre les trois dimensions
f – Burn out sévère complet
g – Absence de burn out
h – Scores pathogènes
6 – Recherche de facteurs associés au burn out
a – Facteurs liés à l’épuisement émotionnel
b – Facteurs liés à la dépersonnalisation
c – Facteurs liés à l’accomplissement personnel
d – Facteurs liés à l’absence totale de burn out
e – Facteurs liés au burn out complet sévère
III – Discussion
A – Limites et biais de l’étude
1 – Liés aux modalités de l’étude
2 – Liés au matériel
3 – Liés aux zones géographiques étudiées
4 – Liés au MBI
5 – Liés au concept de burn out
6 – Points positifs
B – Interprétations de l’étude
1 – Description de l’échantillon
a – Caractéristiques socio-démographiques
b – Caractéristiques professionnelles
c – Caractéristiques personnelles
2 – Evaluation du burn out chez les internes
a – Comparaison avec des études antérieures
b – Corrélation entre les trois dimensions
3 – Facteurs associés au burn out
a – Facteurs associés à l’épuisement émotionnel
b – Facteurs associés à la dépersonnalisation
c – Facteurs associés à l’accomplissement personnel
d – Facteurs associés à l’absence totale de burn out
e – Facteurs associés au burn out complet sévère
f – Interprétations de ces données
g – Profil d’internes à risque de burn out complet sévère
4 – Comparaison des deux régions étudiées
5 – Comparaison des résultats de la région Ile de France
Conclusion
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
SERMENT
Analyse du burn out chez les internes de médecine générale (1,71 MO) (Rapport PDF)