Sommaire: La pensée des contraires
Introduction
PREMIÈRE
PARTIE
Chapitre
I: Une
histoire
fragmentaire
des
contraires
identiques,
constamment
rapporté e
aux
idées
d’Alfred
Jarry
La
simplicité
n’a
pas
besoin
d’être
simple
La
pesanteur
de
l’héritage
«
Et
Descartes
est
bien
petit
d’ambition
»
Réverbérations
d’une
sphère
infinie
Origines
et
pouvoir
d’une
métaphore
hermétique
Cela
est
haulte,
absconse ,
trismegiste
vérité
Le
ciel,
l’infini
et
la
contradiction
n
adjecto
Intelligere
es t
assimilare
Le
plus
court
chemin
de
zéro
à
l’infini,
dans
un
sens ou dans
l’autre
Les
obscurités
lumineuses
de
la
bêtise
Le
plus
court
chemin
de
l’auteur
au
pantin,
dans
un
sens
ou
dans l’autre
Anatomie
comparée
des
contraires
identiques
Chapitre
II: Les
doubles
contraires
:
l’ignorance
savante
et
la
sensibilité
mathématique
La
«
dénonciation
des
merveilles
»
Bêtise,
poésie
et
profondeur
Pas
un
mot
d’esprit
Le
s avoir
sensible
s’exprime
par
des
geste s
abstraits
Les
opinions
et
le
Monde
dévoré
«
L’excellence
de
mes
calculs
»
L’univers
Vrai
est
fait
d’ellipses
Chapitre
III: Le
monstre
comme
paradigme
esthétique
Définitions
Les
déviations
et
l’infini
Le
petit
portrait
du
grand
mon de
accourci
La
mandragore
et
le
poison
hybride
de
la
beauté
Les
fœtus
polyédriques
Quand
le
monstre
est
un
homme
ordinaire
DEUXIÈME
PARTIE
Chapitre
IV : L’éthique
de
la
belle
laideur
par delà
le
bien
et
le
mal
De
la
tête
Leçons
du
clinamen
Les
poteaux
de
la
morale
Horrifier
et
déclencher
le
rire
La
beauté
d e
l’horreur
et
l’horreur
de
la
beauté
Le
mal
et
le
rire,
entre
grimace
et
plénitude
Chapitre
V:Le
Moi
comme
image
de
son
contraire
identique
Les
éclats
d’un
miroir
qui
montre
ce
qu’il
cache
Principes
philosophiques
Mythologies
Les
faces
du
Double
L’hallucination,
entre
aberration
et
procédé
artistique
L’étrange
familier
et
l’intimité
du
masque
L’art
de
diriger
la
littérature
Chapitre
VI: Amour
et
Absolu
à
travers
le
prisme
des
opposés
La
théorie
et
sa
pratique
littéraire
Le
palais
fangeux
de
l’Absolu
Le
miroir
sans
tache
et
ses
jardins
Le
mensonge
vrai
de
l’Absolu
sourit
Chapitre
VII: La
mort
à
jamais
joyeuse
L’Art
de
mourir
Le
drôle
accoutrement
de
la
mort
Le
jeu
sérieux
des
contraires
simultanés
L’Enfer
d’un
Jardin
des
délices
Chapitre
VIII: In
Risu
Veritas
Les
insignifiances
révélatrices
Le
rire
comme
s ou venir
de
lecture
L’Art,
cette
inquiétude
qui
fait
rire
Conclusion
Bibliographie
A.
Œuvres
de
Jarry
B.
Ouvrages
consacrés
à
Jarry
C.
Ouvrages
consacrés
à
l’époque
de
Jarry
D.
Fondements
philosophiques
E.
Outils
spéculatifs
et
pratiques
F.
Littérature
conjointe
Index
Annexes
Annexe
2
Annexe
3
Annexe
4
Annexe
5
♣ Extrait du mémoire
PREMIÈRE PARTIE
Chapitre I : Une histoire fragmentaire des contraires identiques, constamment rapportée aux idées d’Alfred Jarry
La pensée des contraires
LE MONDE. Renversé et superposé à son image conventionnelle. À l’une de ses images acceptées à travers les siècles. Et puis à une autre, à d’autres, et puis à toutes les autres. Inlassable opération intellectuelle, accomplie avec le sérieux quasi-mystique des mises en scène enfantines, dont le résultat est imperturbablement le même : LE MONDE.
Tel est le monde de Jarry, un monde à l’envers identique à lui-même dans toutes ses variantes, même les plus délirantes, et, simultanément, identique à son contraire qui est, à l’autre bout de ce mouvement de va-et-vient cérébral, tout simplement le monde des « autres », le monde habituel.
C’est un processus de création qui ne trouve pas facilement d’analogue et dont le mode de fonctionnement est très malaisé à saisir. Raison suffisante pour tenter d’alléger l’effort de l’intelligence appliquée à la compréhension du curieux phénomène esthétique qui est l’œuvre de Jarry, en commençant par la reconstitution des coordonnées qui circonscrivent sa place parmi les métamorphoses intellectuelles de sa culture. Ce qui équivaut à une tentative de rétablir les origines, les plus lointaines comme les plus proches, et leur contexte spirituel. Données préalables à toute conversion des représentations du monde en fait littéraire.
La simplicité n’a pas besoin d’être simple
L’ « espace-temps » où se déploie l’aventure existentielle de Jarry est, comme le relèvent maintes études à caractère biographique, complexe et souvent contradictoire. Le succès du positivisme, avec sa confiance dans le progrès, et la multiplication des réactions d’opposition, qui valorisent constamment le repli sur le passé ou sur un présent intemporel, trouvent des échos manifestes dans le monde littéraire, gouverné encore simultanément par les certitudes et les vérités du réalisme et par le sensibilité sceptique et le goût mystique du symbolisme. Mais c’est le tournant du siècle et toute gloire est en déclin. D’où le foisonnement d’attitudes intellectuelles et de manifestations esthétiques, dont le tableau général est bien loin d’avoir un aspect uniforme. Au contraire, la diversité et l’inconstance règnent, et l’on trouve systématiquement des contradictions internes au sein d’un même mouvement, parfois dans les publications d’un même auteur. Dans ce contexte compliqué, où l’ « originalité » est devenue monnaie courante du monde littéraire, l’unanimité des réticences que l’on manifeste envers les textes de Jarry trouve difficilement une explication satisfaisante. Ses contemporains, amis ou admirateurs, les jugent beaux ou bouleversants, les ennemis ou les détracteurs les trouvent nuls ; mais tout le monde s’accorde à les estimer, en fin de compte, incompréhensibles. Certes, les causes de ce consensus qui s’est perpétué aussi durablement que la légende du père Ubu ne sont pas du tout étrangères à la doctrine symboliste de lignée mallarméenne, que Jarry exploite à outrance. Pourtant, non seulement les principes symbolistes sont-ils souvent eux-mêmes assez divergents, mais, en plus, on l’a bien prouvé, Jarry s’applique avec autant de persévérance à miner le symbolisme de l’intérieur. Les raisons profondes doivent être alors encore plus complexes et moins immédiates.
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