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Le stress Oxydant
Des espèces réactives de l’oxygène (ERO), parmi elles les radicaux libres, sont produites en permanence par notre organisme (rôle physiologique) mais un système efficace des défenses antioxydantes (vitamines, enzymes, oligoéléments) permet de réguler cette production afin de prévenir tout dégât cellulaire excessif (Pincemail ET AL., 2002). Le stress oxydant se définit comme étant un déséquilibre profond de la balance entre les pros oxydants (ERO) et les antioxydants en faveur des premiers, ce qui conduit à des dégâts cellulaires irréversibles (Fig.2), (Favier, 2006).
Les espèces réactives de l’oxygène (ERO)
Les espèces réactives de l’oxygène et les radicaux libres sont des entités chimiques, molécules, morceaux de molécule, ou simple atomes possédant un ou plusieurs électrons célibataires (électrons non apparié sur une orbitale), ce qui leurs confèrent une grande réactivité. En effet, ce radical libre aura toujours tendance à remplir son orbitale en captant un é1ectron pour devenir plus stable: il va donc se réduire en oxydant un autre composé (Système redox) (Goudable ET AL., 1997). Les principales ERO entrant dans les processus physiopathologiques humains sont regroupés dans le tableau 2.
Production de radicaux libres
Dans l’organisme, la production physiologique d’espèces réactives de l’oxygène (ROS) se fait de manière continue. Ils ont un rôle essentiel à jouer dans certaines fonctions biologiques telles la phagocytose, la régulation de la croissance cellulaire et des signaux intercellulaires et la synthèse d’importants composés organiques. Toutefois, en concentrations élevées, ils deviennent hautement cytotoxiques en engendrant de sérieuses altérations aux cellules pouvant mener à la mort cellulaire. Les facteurs responsables de l’augmentation de la production de radicaux libres par l’organisme sont appelés facteurs oxydants. Ils se divisent en facteurs endogènes et exogènes.
La principale source de ROS est la mitochondrie par l’intermédiaire de sa chaîne respiratoire, elle produirait en effet 90% des ROS cellulaires. Il existe de nombreuses autres sources parmi lesquelles l’autooxydation des petites molécules, Les cyclooxygénases et lipooxygénases, la xanthine oxydase et la NADPH oxydase, le réticulum endoplasmique et les peroxysomes. L’auto-oxydation de la dopamine est en partie impliquée dans le processus apoptotique lors de pathologies neurodégénératives, notamment lors de la maladie de Parkinson.
La xanthine oxydase catalyse la dégradation de l’hypoxanthine en acide urique en condition de forte demande d’ATP et de déficit en oxygène. Mais elle peut également catalyser l’oxydation de la xanthine en acide urique, notamment lors d’ischémie-reperfusion ou d’hypoxie. Dans cette réaction, l’oxygène moléculaire agit comme un accepteur d’électron produisant ainsi l’O2•-.
Le NADPH oxydase joue un rôle fondamental dans la réponse immunitaire et plus précisément dans la lutte contre les micro-organismes. Il catalyse le transfert d’électrons de son substrat le NADPH à l’accepteur final l’oxygène entraînant la production d’anions superoxyde et ses dérivés de réduction : le peroxyde d’hydrogène, le radical hydroxyle et l’oxygène singulet.
Les enzymes NO synthases sont responsables de la synthèse de monoxyde d’azote (NO•) à partir de la L-arginine dans les tissus des mammifères. Le monoxyde d’azote (NO•) interagit avec l’anion superoxyde pour donner le peroxynitrite, composé extrêmement réactif et toxique. Le NO• et le peroxynitrite interagissent avec des protéines et peuvent altérer leurs propriétés. D’autres oxydants très puissants existe qu’ils soient des radicaux libres ou non, par exemple, des oxydants chlorés (HOCl) sont libérés par les macrophages et ont une activité bactéricide importante (Fig. 3).
Le réticulum endoplasmique lisse contient des enzymes qui catalysent une série de réactions pour détoxifier les molécules liposolubles et d’autres produits métaboliques toxiques. La plus connue de ces enzymes est le cytochrome P450 qui oxyde les acides gras insaturés et les xénobiotiques, produisant ainsi des ROS ; des ions superoxyde O2•− et du peroxyde d’hydrogène H2O2. Toutefois, l’H2O2 est utilisé comme substrat de la catalase peroxysomale afin de réaliser des réactions de peroxydation d’autres substrats. Ces réactions sont importantes dans le processus de détoxification dans le foie et le rein. Seule une faible quantité d’H2O2 produit au niveau du peroxysome pourrait échapper à la catalase.
Les métaux de transition participent également au stress oxydant. Leur action conduit à la conversion d’oxydants relativement stables en des radicaux puissants à haute réactivité, suivant la réaction de Fenton (I).
Dont M représente un cation métallique au degré d’oxydation n ou n+1.
Les facteurs exogènes sont également très variés. Parmi: Les radiations ionisantes, ultraviolets, micro-ondes, les insecticides, antibiotiques, médicaments, les aliments riches en protéines et/ou en lipides, les polluants ; la fumée ; le SO2 ; le NO2 ; le O3 ; les hydrocarbures ; les métaux ; l’arsenic ; l’amiante ; le nickel…..etc).
La figure 4 résume les facteurs endogènes et exogènes responsables de la production des radicaux à l’origine du stress oxydatif.
Figure 4. Origine extra- et intracellulaire des radicaux libres dérivés de l’oxygène. XO : xanthine oxydase ; P-450 : cytochrome P-450.
Atteintes cellulaires
Peroxydation lipidique
Le stress oxydant concerne tous les constituants cellulaires mais ce sont les lipides qui sont les plus touchés par ce phénomène, la peroxydation des lipides résulte de l’attaque par des radicaux libres des acides gras polyinsaturés (acide linoléique, linolénique, arachidonique). Cette réaction est à l’origine de dommages tissulaires responsables de cancers, de maladies inflammatoires, du vieillissement et de lésions vasculaires comme l’athérosclérose (Raccah, 2004).
Le radical hydroxyle capable d’arracher un hydrogène sur les carbones situés entre deux doubles liaisons (Fig. 5), pour former un radical diène conjugué, qui en présence d’oxygène va être oxydé en radical peroxyle. C’est l’étape d’initiation (Hennebelle ET AL., 2004).
Cette réaction appelée peroxydation lipidique forme une réaction en chaîne, car le radical peroxyle formé va s’attaquer à un acide gras voisin et se transformer en hydroperoxydes tandis que le 2ème acide gras rentre dans le même circuit de peroxydation pour former un nouveau radical diène conjugué qui sera oxydé par l’oxygène pour former le 2eme radical peroxyl qui s’attaquera au 3eme acide gras conduisant à une réaction en chaine (Fig. 6); c’est la propagation (Favier, 2003).
Une partie des hydroperoxydes formés vont être réduit et neutraliser par le glutathion peroxydases, Les hydroperoxydes non réduits vont se décomposer facilement en différents produits, les plus étudiés sont les aldéhydes: malondialdéhyde (MDA), l’hydroxynonenal et les isoprostanes (Fig. 7), (Therond, 2006).
Le MDA fait partie des aldéhydes réactifs issus de la décomposition des hydroperoxydes. En raison de son caractère mutagène et athérogène, il est le produit le plus étudié de la dégradation des hydroperoxydes (Flourie, 2006), il est considéré comme ayan une implication dans l’initiation des cancers (Cadet J, 1997). Cette attaque des lipides peut concerner les lipoprotéines circulantes (oxydation des LDL) ou les phospholipides membranaires et elle est très dommageable pour les cellules tant au niveau de leur fonction que sur les propriétés de leurs membranes: altération de la fluidité membranaire, augmentation de leur perméabilité, diminution du potentiel de membrane, voire rupture (Raccah, 2004).
Oxydation des sucres
Les sucres sont attaqués par les ERO (H2O2, O2•-, •OH ou des radicaux peroxydes d’AG), avec abstraction d’hydrogène au niveau d’une des liaisons CH-OH. Le radical alkyles (•C-OH) ainsi formé se combine immédiatement avec de l’oxygène pour former un carbonyle (C=O) et expulser un radical hydroperoxyde (•OOH). L’opération se prolonge jusqu’à former un composé dicarbonylé (Spiteller, 2006). Par auto-oxydation des sucres comme le glucose forment des composés dicarbonylés (contenant deux C=O), dont les plus connus sont les glycolaldéhydes, qui pourront se lier à des protéines par réaction de Maillard et altérer les propriétés chimiques de celles-ci (Wells-Knecht ET AL., 1995). Ceci a été démontré chez des diabétiques et a été corrélé avec la sévérité de la maladie a travers des protéines glycosylées (Glomb and Monnier, 1995).
Oxydation des protéines
Tout comme les lipides, les protéines peuvent également être la cible des réactions radicalaires ou oxydatives et subir des modifications, ces modifications provoquent l’introduction d’un groupe carbonyle dans les protéines. Ces groupements carbonyles peuvent être générés soit par oxydation directe des acides aminés, soit par conjugaison avec des produits de peroxydation lipidique ou encore par glycation. Ces modifications conformationnelles induisent des pertes de fonctions et stimulent l’activité protéolytique du protéasome (Levine, 2002). Nous pouvons classer les réactions d’oxydations des protéines en deux catégories :
D’une part, celles qui cassent les liaisons peptidiques et modifient la chaîne protéique. Et d’autre part, les modifications des peptides par l’addition des produits issus de la peroxydation lipidiques comme le 4-HNE. Ces changements sont-elles qui conduisent généralement à une perte de la fonction catalytique, ou structurale des protéines affectées (Levine, 2002).
Les protéines comportant un pont sulfhydrique sont les plus sensibles aux attaques radicalaires, c’est le cas de nombreuses enzymes antioxydantes et les protéines de transport, qui contiennent très souvent des groupements thiols (SH) (Sen, 2001).
Les protéines modifient par l’oxydation, vont être prises en charge par des protéines spécifiques dites protéines de stress (Heat Shock Protein, HSP) connues pour leur rôle cytoprotecteur, où elles prennent en charge les protéines dénaturées et participent à la restauration de la fonction de ces protéines (Welch, 1992). Les HSP permettent à la cellule de répondre à des stress de façon rapide, et la synthèse des HSP pourrait ainsi compléter les capacités de défenses antioxydantes lorsque les protéines intracellulaires sont endommagées par les ROS (Essig and Nosek, 1997).
Oxydation des acides nucléiques
L’ADN (ADN), qu’il soit nucléaire ou mitochondrial, est également une cible majeure des EOR. Les radicaux O2•– et OH• provoquent des lésions de l’ADN (Ramonatxo, 2006). Ceux-ci peuvent en effet interagir avec les désoxyriboses de l’ADN mais aussi avec ses bases puriques et pyrimidiques La guanine, par exemple, peut réagir avec •OH pour former la 8-hydroxy-2’-déoxyguanosine (8-OH-dG) qui, au lieu de s’apparier avec la cytosine, s’associera avec l’adénine ou entrainer des cassures au niveau de la double hélice d’où le rôle mutagène des ERO (Haleng ET AL., 2007; Duranda ET AL., 2013).
Ces altérations structurales lorsqu’elles ne sont « réparées » entraînent à long terme des altérations géniques : cassures chromosomiques, mutations, délétions, amplifications, à l’origine d’un dysfonctionnement au niveau du métabolisme protéique. De par leur action sur les principaux constituants moléculaires de la cellule, les ERO induisent différents signaux cellulaires susceptibles d’activer les systèmes de protéolyse et de mort cellulaire (Hartmann a n d Niess, 2000; Ramonatxo, 2006). La figure 8 résume les dommages de l’ADN causés par les radicaux libres.
Figure 8. Lésions de l’ADN formées par attaque radicalaire du patrimoine génétique des cellules (Favier, 2003).
Les systèmes de défenses antioxydantes
L’organisme dispose des systèmes de protection contre les ERO. Le terme d’antioxydants est utilisé pour caractériser un ensemble de substances ou composés, de nature diverse, dont la caractéristique commune est d’être capable de s’opposer ou de contrôler l’accumulation au niveau cellulaire de radicaux libres (Hercberg ET AL., 2006).
Cette propriété leur permet d’agir directement ou indirectement en tant que moyen de défense contre le stress oxydatif dont les stratégies sont variées (Fig. 9).
Figure 9. Stratégies de lutte des antioxydants contre les causes et les conséquences du stress oxydant (Grandjean, 2005).
Antioxydants enzymatiques
Plusieurs enzymes sont impliquées dans la défense antioxydante. Les trois enzymes antioxydantes majeures sont les superoxydes dismutases (SOD), les glutathions peroxydases (GPx) et la catalase (CAT).
La superoxyde dismutase (SOD)
La superoxyde dismutase (EC. 1.15.1.1) est l’un des antioxydants enzymatiques intracellulaires les plus efficaces (Rahman, 2007), elle est répandue dans la nature dans les organismes eucaryotes et procaryotes. Il existe trois types de SOD à savoir, la Cu/Zn-SOD cytosolique, la Mn-SOD mitochondriale et la Cu/Zn-SOD extracellulaire (Zelko ET AL., 2002). Ces trois types diffèrent par la nature du métal du site actif, la composition en acides aminés, les cofacteurs et d’autres caractéristiques (Rahman, 2007). Chez l’homme, les plus hauts niveaux de la superoxyde dismutase se trouvent dans le foie, la glande surrénale, les reins et la rate (Scheibmeir ET AL., 2005). La SOD convertit le superoxyde en peroxyde d’hydrogène et oxygène moléculaire selon la réaction suivante (Matès, 2000).
La glutathion peroxydase (GPx)
Les glutathions peroxydases (EC 1.11.1.9) présentes dans la plupart des tissus de mammifères, sont des enzymes formées de quatre sous unités contenant chacune un atome de sélénium incorporé dans une molécule de sélénocystéine. Elles catalysent la réduction par le glutathion réduit (GSH) du peroxyde d’hydrogène en eau et de divers hydroperoxydes lipidiques produits (ROOH) en alcools et des espèces radicalaires en espèces non radicalaires.
Les réactions mises en jeu sont les suivantes (Reichel, 2010) :
2 H2O2 + 2 GSH 2 H2O + GSSG
ROOH + 2 GSH ROH + GSSG + H2O
2R• + 2 GSH 2RH + GSSG
L’action des GPx dépend de la biodisponibilité en GSH, glutathion réductase (GR) et NADPH. La GR catalyse la réduction du glutathion oxydé GSSG (obtenue dans chacune des réactions précédentes) en glutathion réduit GSH à l’aide du cofacteur NADPH, provient de l’oxydation du glucose-6-phosphate en 6-phosphogluconate par la glutathion-6-phosphate déshydrogénase, de la voie des pentoses phosphates (Bonnefont- Rousselot et AL., 2003) :
GSSG + NADPH, H + GR
2 GSH + NADP+
On distingue 5 isoenzymes de la GPx contentant du sélénium chez les eucaryotes: la GPx1 ou c-GPx cytoplasmique et mitochondriale, la GPx2 ou gi-GPx gastrointestinale, la GPx3 ou p-GPx plasmatique, la GPx4 membranaire ou hydroperoxyde phospholipide glutathion peroxidase (HP-GPx) et la GPx5 ou sn-GPx épididymaire (Comhair et Erzurum, 2002). La plus abondante est la GPx1 qui est exprimée dans la plupart des cellules.
La catalase (CAT)
La catalase (EC 1.11.1.6) est une protéine héminique, formée de quatre chaînes polypeptidiques, comportant chacune une groupe hème, qui constituent les sites actifs de la CAT (Delattre et AL., 2005). Elle catalyse la transformation du peroxyde d’hydrogène en eau et oxygène moléculaire pour prévenir la formation de radicaux hydroxyles (Bonnefont- Rousselot et AL., 2003). Pour catalyser la réaction, l’atome de fer du groupement hème réalise une coupure hétérolytique de la liaison O-O du peroxyde d’hydrogène, ce qui crée une molécule d’eau et un coupement Fe(IV)=O très oxydant; ce dernier peut ensuite oxyder une autre molécule de H2O2 pour donner du dioxygène. Cette réaction est illustrée par les deux demi-équations suivantes (Bonnefont-Rousselot et AL., 2003):
H2O2 + Fe(III)-Catalase H2O + O=Fe(IV)-Catalase (1)
H2O2+ O=Fe(IV)-CatalaseO2 + Fe(III)-Catalase +H2O
CAT (Fe)
2H2O22H2O + O2
La catalase est essentiellement présente dans les érythrocytes et dans les peroxysomes de nombreux tissus et cellules (Reichel, 2010).
Systèmes non enzymatiques
Le glutathion
Le glutathion ou -glutamyl-cystéinyl-glycine, le plus abondant thiol libre non protéique dans les cellules, existe en équilibre entre deux formes, l’une réduite (GSH), et autre oxydée (GSSG). Le glutathion constitue un acteur essentiel de la défense antioxydante dans la lutte contre le stress oxydant. La liaison -glutamyl ainsi que la fonction thiol du GSH lui confèrent un grand nombre de fonctions : le transport des acides aminés, la synthèse des œstrogènes, des prostaglandines, et des leucotriènes, la détoxification des métaux lourds et autres xénobiotiques par action directe ou indirecte. La forme réduite (GSH) rentre dans la détoxification en réagissant avec le (H2O2), (ROOH), et (.OH) grâce à son pouvoir réducteur (Griffith et Mulcahy, 1999).
Le rapport GSH/GSSG est hautement régulé par le système glutathion réductase. Cependant si le niveau de stress excède la capacité de la cellule de réduire le GSSG, le GSSG peut s’accumuler (Griffith et Mulcahy, 1999). Par conséquent le rapport (GSH/GSSG) est un indicateur dynamique du stress oxydant (Dans les cellules non stressées, 99% du glutathion est présent sous sa forme réduite GSH) (Ji ET AL., 1992 ; Al-mutairi ET AL., 2007).
Vitamine E (tocophérol)
La vitamine E est un terme générique pour tous les tocophérols et les tocotriénols, desquels existent 8 dérivatifs et dont l’α-tocophérol est le plus abondant (Shils ET AL., 2006). La vitamine E agit directement sur une grande variété d’ERO pour former un radical peu réactif. Par la suite la vitamine E oxydée pourra être reconvertie principalement par la vitamine C, mais également par d’autres composés comme le GSH, la vitamine A et l’ubiquinol. La vitamine E est liposoluble et a été démontrée comme le principal antioxydant dans les membranes des cellules, en particulier celles des mitochondries (Shils ET AL., 2006; Traber and Atkinson, 2007). Elle pourrait augmenter l’activité des SOD et des CAT (Lyn Patrick, 2006).
Les caroténoïdes (Vitamine A)
La vitamine A est un nom générique pour les rétinoïdes (rétinol, rétinal et acide rétinoïque) et les provitamines A ou les caroténoïdes (béta-carotène, lutéines, lycopènes,…). Le -carotène est le principal précurseur de la vitamine A. Les autres caroténoïdes peuvent être de puissants antioxydants, mais ils sont moins connus et abondants. Les caroténoïdes piègent les molécules d’oxygène singulet formées par les radiations solaires. Grâce à leur longue chaîne carbonée, riche en doubles liaisons, ils sont également de bons piégeurs de radicaux peroxyles. Une molécule de caroténoïde peut piéger plusieurs espèces radicalaires avant d’être détruite (Goudable et Favier, 1997).
L’ubiquinol (Coenzyme Q10)
Le coenzyme Q10 est un transporteur d’électrons présent dans la chaîne oxydative mitochondriale, dans les membranes cellulaires, dans le plasma et dans les lipoprotéines. Il est capable de donner des électrons et permet à ce titre une protection des membranes contre la lipoperoxydation (Powers et Jackson, 2008). Il assure également un recyclage de la vitamine E, par réduction de la forme oxydée (Ernster et Forsmark-Andree, 1993).
Vitamine C (Acide ascorbique)
La vitamine C (acide ascorbique) est l’un des principaux antioxydants hydrosolubles, présent dans les fluides intra et extracellulaires. Ces activités biologiques viennent de son puissant potentiel réducteur, agit principalement en piégeant directement et très efficacement les radicaux superoxydes et hydroxyles, elle peut aussi recycler la vitamine E pour l’aider à prévenir l’oxydation des lipides (Packer 1997; Evans, 2000).
Oligoéléments
Le cuivre (Cu), le zinc (Zn), le manganèse (Mn), le sélénium (Se) et le fer (Fe) sont des éléments essentiels dans la défense contre le stress oxydant. Toutes les enzymes antioxydantes requièrent un cofacteur pour maintenir leur activité catalytique. Ainsi, la SOD mitochondriale a besoin de manganèse, la SOD cytosolique de cuivre et de zinc, la catalase de fer et la GSH-Px de sélénium (Garait, 2006).
Les polyphénols
Quantitativement, les principaux antioxydants diététiques sont les polyphénols, leurs apports alimentaires journaliers sont d’environ 1 g (Pérez-Jiménez ET AL., 2008). Ils sont un groupe de molécules chimiques produites par des plantes, caractérisées par la présence d’unités phénoliques dans leur structure moléculaire (Masaki, 2010). Les polyphénols comprennent une multitude de structures chimiques, à partir de molécules simples comme les acides phénoliques, aux composés hautement polymérisés, tels que les tannins condensés (Galleano ET AL., 2010). L’activité antioxydante des composés phénoliques est principalement attribuable à leurs propriétés redox, qui leur permettent d’agir comme agents réducteurs, des donneurs d’hydrogène et extincteurs (quenchers) de l’oxygène singulet. En outre, ils peuvent également posséder des propriétés de chélation métallique (Gülçin ET AL., 2010). La famille la plus abondante de polyphénols présents dans l’alimentation humaine, est les flavonoïdes. Les flavonoïdes sont constitués de deux noyaux aromatiques, le phénol et la pyridine, reliés par trois atomes de carbone qui proviennent souvent d’un hétérocycle oxygéné (Galleano ET AL., 2010).
Les effets protecteurs des flavonoïdes contenus dans le système biologique sont attribués à leur capacité à activer les enzymes antioxydantes, réduire les radicaux de l’α-tocophérol, inhiber les oxydases (Heim ET AL., 2002), se lier à des molécules telles que les enzymes, les transporteurs d’hormones et l’ADN, chélater les ions métalliques de transition, catalyser le transport des électrons, et piéger les radicaux libres, y compris des anions superoxydes (Lemańska ET AL., 2001). La bioactivité des flavonoïdes, et notamment de la quercétine qui a été très étudiée ne s’arrête pas uniquement aux réactions piégeuses de radicaux, mais aussi aux actions anti-cancérigènes, anti-inflammatoires, anti-agrégants ou encore vasodilatateur (Erlund, 2009; Vicentini ET AL., 2011).
Mécanismes impliqués dans la genèse d’un stress oxydant dans le diabète
L’hyperglycémie est considérée comme l’élément initiateur des dommages tissulaires diabétiques visant notamment les cellules endothéliales des capillaires de la rétine, les cellules mésangiales des glomérules rénaux, les neurones et les cellules de Schwan des nerfs périphériques. En effet, ces cellules n’étant pas capables de maintenir constantes leurs concentrations en glucose, en condition d’hyperglycémie, il en résulte une augmentation de sa concentration intracellulaire. Le glucose est capable d’interagir avec les molécules qui l’entourent. Les effets délétères de l’hyperglycémie peuvent être expliqués par plusieurs mécanismes biochimiques (Fig.10) dont l’auto-oxydation du glucose, les produits avancés de glycation ou « Advanced Glycation End-products » (AGE), l’activation de la protéine kinase C, la voie des polyols et la voie des hexosamines (Nègre-Salvayre ET AL., 2009).
Table des matières
Introduction
Première partie : Synthèse bibliographique
1. Diabète sucré
1.1. Classification de diabète
1.1.1 Diabète de type 1
1.1.2. Diabète de type 2
1.1.3. Autres types de diabètes spécifiques
1.2. Critères diagnostiques du diabète sucré
1.3. Diabète expérimental
1.3.1. Diabète induit par l’alloxane
2. Le stress oxydant
2.1. Les espèces réactives de l’oxygène (ERO)
2.2. Production de radicaux libres
2.3. Atteintes cellulaires
2.3.1. Peroxydation lipidique
2.3.2. Oxydation des sucres
2.3.3. Oxydation des protéines
2.3.4. Oxydation des acides nucléiques
2.4. Les systèmes de défenses antioxydantes
2.4.1. Antioxydants enzymatiques
2.4.1.1. La superoxyde dismutase (SOD)
2.4.1.2. La glutathion peroxydase (GPx)
2.4.1.3. La catalase (CAT)
2.4.2. Systèmes non enzymatiques
2.4.2.1. Le glutathion
2.4.2.2. Vitamine E (tocophérol)
2.4.2.3. Les caroténoïdes (Vitamine A)
2.4.2.4. L’ubiquinol (Coenzyme Q10)
2.4.2.5. Vitamine C (Acide ascorbique)
2.4.2.6. Oligoéléments
2.4.2.7. Les polyphénols
3. Mécanismes impliqués dans la genèse d’un stress oxydant dans le diabète .
3.1. Auto-oxydation du glucose
3.2. Glycation et produits avancés de glycation
3.3. Activation de la protéine kinase C
3.4. Voie des polyols…
3.5. Métabolisme des hexosamines
4. Les antidiabétiques : de l’efficacité à la toxicité
5. La plante sélectionnée : Allium sativum L.
5.1. Position systématique
5.2. Description botanique
5.3. Sous espèces et variétés
5.4. Origine
5.5. Composition chimique et principes actifs
5.6. Recherches et principaux effets
Deuxième partie : Etude pratique
Chapitre I. Matériel et méthodes
1. Matériel végétal
2. Méthodes
2.1. Etude phytochimique
2.1.1. Dosage quantitatif
2.1.1.1. Dosage des polyphénols
2.1.1.2. Dosage des flavonoïdes
2.1.2. Évaluation in vitro de l’activité antioxydante
2.1.2.1. Test scavenger du radical libre DPPH
2.1.2.2. Test de piégeage du peroxyde d’hydrogène
2.1.2.3. Test de la xanthine oxydase
2.2. Etude biologique
2.2.1. Animaux
2.2.2. Enceinte d’élevage
2.2.3. Induction du diabète
2.2.4. Mode de traitement
2.2.5. Sacrifice et prélèvements d’organes
2.2.6. Dosages biochimiques sanguins
2.2.6.1. Dosage du glucose
2.2.6.2. Dosage de l’hémoglobine glyquée (HBA1c)
2.2.6.3. Dosage de l’insuline
2.2.6.4. Dosage des lipides totaux
2.2.6.5. Dosage du cholestérol
2.2.6.6. Dosage des triglycérides
2.2.6.7. Dosage des transaminases TGO/ TGP
2.2.6.8. Dosage de la phosphatase alcaline (PAL)
2.2.6.9. Dosage du lactate déshydrogénase (LDH)
2.2.6.10. Dosage de l’α amylase
2.2.7. Dosage des paramètres hépatiques du stress oxydant
2.2.7.1. Préparation de l’homogénat
2.2.7.2. Dosage des protéines hépatiques
2.2.7.3. Dosage du glutathion (GSH)
2.2.7.4. Dosage de malondialdéhyde (MDA)
2.2.7.5. Dosage de l’activité enzymatique du catalase (CAT)
2.2.8. Technique histologique
2.3. Etude statistique
Chapitre II. Résultats
1. Etude phytochimique
1.1. Rendement d’extraction
1.2. Analyse quantitative
1.2.1. Teneur en polyphénols totaux
1.2.2. Teneur en flavonoïdes
1.3. Pouvoir antioxydant in vitro
1.3.1. Test scavenger du radical libre DPPH
1.3.2. Test du piégeage du peroxyde d’hydrogène
1.3.3. Test de l’inhibition de la xanthine oxydase
2. Etude biologique
2.1. Impact sur la croissance corporelle
2.2. Etude des paramètres biochimiques sanguins
2.2.1. Impact sur le profile glucidique
2.2.2. Impact sur le profile lipidique
2.3. Impact sue les paramètres enzymatiques
2.4. Etude de quelques paramètres hépatiques du stress oxydant
2.5. Etude de l’histoarchitecture du pancréas
Chapitre III. Discussion
Conclusion & Perspectives
Références bibliographiques
Annexes
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