Maytenus senegalensis DANS LA PRISE EN CHARGE DE LA DREPANOCYTOSE
Rappels historiques
Historique de la drépanocytose La drépanocytose n’a été étudiée qu’à partir du 20èmesiècle. En effet, c’est en 1910, que J.F.HERRICK a remarqué pour la première fois l’existence de cellules présentant une déformation particulière en faucille chez un étudiant noir d’origine antillaise porteur d’une cardiomégalie. En 1917, EMMEL a évoqué le caractère familial de la maladie. En 1924, HAHAN et GILLEPSIE ont remarqué que la déformation cellulaire n’apparaît qu’à basse tension d’oxygène, lorsque la pression partielle de l’oxygène (po2) est inférieure à 50 mm d’Hg et qu’elle est réversible. En, 1933, DIQQS a avancé la notion de « trait » drépanocytaire et une maladie drépanocytaire, notion élucidée 14 ans plus tard par J.V. NELL. Qui distingue les formes homozygotes et hétérozygotes. En 1949, PAULING et AL. Ont démontré la différence électrophorétique entre hémoglobine drépanocytaire S (de sickle) et hémoglobine du sujet normal. Ce sera le premier exemple de maladie moléculaire. En 1950, HARRIS a découvert la formation d’un gel lactoïde par désoxygénation d’une solution d’hémoglobine concentrée et FREUTZ a mis en évidence une baisse de la solubilité de la désoxyhémoglobine. En 1957, INGRAM par la technique dite des « fingerprints », a analysé la lésion moléculaire et a démontré que la différence positive entre charge observée à l’électrophorèse est due à la substitution en position 6 de la chaîne β d’un acide glutamique, par une valine. Cet auteur montre ainsi l’origine directe de l’anomalie.
Historique des manifestations cardio-vasculaires au cours de la drépanocytose
J.HERRICK a été le premier, en 1910 à attirer l’attention sur une éventuelle complication cardiaque au cours de la drépanocytose. En 1932, HUCK a décrit en détail les signes cardiaques de la drépanocytose et a présenté une observation clinique complète de deux cas de cardiomégalie avec galop protodiastolique et discrète hépatomégalie. La même année, STEINBERG, chez deux patients drépanocytaires décédés d’insuffisance cardiaque droite, a trouvé à la nécropsie dans les artères pulmonaires et leurs petites ramifications tortueuses épaissies, de petites thromboses qu’il a tenues comme responsables de la défaillance cardiaque droite. En 1933, HAMMAN a décrit à l’autopsie, un cas de cœur drépanocytaire avec présence in vivo d’un souffle diastolique ayant fait poser à tort le diagnostic de cœur rhumatismal. En 1936, YATER ET HAUSSMAN ont constaté un allongement de l’intervalle PR (temps de conduction auriculo-ventriculaire : P et R sont des ondes). Chez les drépanocytaires ; et un an plus tard, KING et JANEWAY ont également noté chez un jeune drépanocytaire, en plus de l’allongement de l’intervalle PR, un souffle cardiaque et une cardiomégalie. En 1945, G. BINCHEN a étudié 40 cas d’anémie drépanocytaire avec atteinte cardiaque en nouvelle Orléans. En 1950, HUNDERSON rapporte dans sa série 33% de troubles de la repolarisation. En 1954, LEIGHT et COLL ont mis en évidence l’augmentation du débit cardiaque chez les drépanocytaires. Très peu d’études concernant l’association entre «la drépanocytose et les manifestations cardio-vasculaires» ont été menées en Afrique. En 1962, à MULLET et KAUFMAN réalisent la première étude sur une série de 50 cas. En 1963, E.OLIVERA et N. G PATINO envisagent la possibilité d’une cardiopathie falcémique chez un sujet dont l’autopsie révèle des thromboses des petites bronches des artères coronaires. En 1967, SANKALE, KOATE, DIOP, FRAMENT et TONDUT rapportent l’expérience sénégalaise sur la «drépanocytose et les manifestations cardiovasculaires». Six ans plus tard, En 1975, BERTRAND et AL ont décrit les signes cardiaques chez 111 adultes ivoiriens porteurs d’une hémoglobinopathie. En 1986, M.B. THIAM a apporté sa contribution à travers l’étude de 14 dossiers concernant les manifestations cardio-vasculaires de la drépanocytose à la clinique cardiologique de l’hôpital Aristide le Dantec du Sénégal. En 1988, A.M.A.ANTCHOUEY rapporte un travail portant sur l’état cardiovasculaire au cours de la drépanocytose chez l’enfant. Cette étude concerne une population gabonaise et sénégalaise comportant 25 malades homozygotes (24). II.3. Physiopathologie de la drépanocytose Les connaissances physiopathologiques dans le domaine de la drépanocytose ont commencé de façon notable il y a une trentaine d’années, soit une quinzaine d’années environ après la découverte de la nature moléculaire de cette maladie. On peut distinguer plusieurs domaines physiopathologiques : La physiopathologie de la polymérisation qui a été approchée avec succès tant par les fondamentalistes biophysiciens que par les biochimistes. Ainsi, les mécanismes moléculaires de la polymérisation ont été décrits. Il a pu être ainsi montré que la mutation β S était impliquée de façon prédominante mais 14 également plusieurs autres zones de contacts à distance de la mutation, et en particulier impliquant les chaînes α dans le tétramère. Des approches équivalentes ont été utilisées pour mettre en évidence l’action inhibitrice du tétramère de l’hémoglobine fœtale sur la polymérisation. Ces études en solution d’hémoglobine in vitro ont permis de montrer qu’il fallait une proportion d’environ 20 % d’hémoglobine fœtale pour inhiber de façon très importante la polymérisation. Toute une série d’autres informations moléculaires ont dérivé de l’observation d’hétérozygotie composite avec d’autres allèles du gène globine. Il a été décrit également des mutations additionnelles sur les allèles S avec des modifications de l’équilibre de polymérisation. Dès cette époque également, il a été montré l’effet favorisant d’élévation du taux de 2,3-DPG sur le seuil d’apparition de la polymérisation ainsi que sa cinétique. Le deuxième domaine d’étude physiopathologique dérive des conditions imposées à l’hémoglobine in vivo (le globule rouge) .Dans un premier temps, la description de la cinétique hémolytique a été établie. L’importance de l’hémolyse était corrélable aux taux des drépanocytes irréversibles circulants. Les drépanocytes irréversibles forment tout à la fois une population de durée de vie extrêmement brève et de déformabilité extrêmement réduite, voire nulle. Ces cellules de concentration en hémoglobine très élevée ont en permanence des polymères d’hémoglobine, même à la pression artérielle en 02. L’étude de la falciformation in vivo, dans des conditions contrôlées, a mis en évidence un phénomène cinétique remarquable, le «Delay time». L’étude a été reprise en solution d’hémoglobine concentrée et il a été montré que le facteur principal influant le délai de polymérisation était la concentration d’hémoglobine.
INTRODUCTION |