MALADIE DE PARKINSON EN ODONTOLOGIE
Conséquences provenant directement de la maladie de Parkinson
Troubles de déglutition, dysphagie
Selon une étude prospective datant de 2014, les troubles de la déglutition seraient déjà présents dans les premiers stades de la MP. Après deux ans de suivi, une augmentation significative de ces troubles est mise en évidence. Les auteurs soulignent qu’une prise en charge plus rapide de ces problèmes serait un moyen de prévention bénéfique. Il consisterait en une rééducation orthophonique ainsi que des conseils diététiques (29). D’après une étude cas/témoins dirigée datant de 2011, il était mis en évidence chez des patients parkinsoniens des problèmes de déglutition absents du groupe témoin, mais aussi une dégradation du réflexe de toux en cas d’inhalation. Cette dernière donnée concordait avec l’augmentation du danger que représente une aspiration trachéale ou une pénétration laryngée (30). Les problèmes de déglutition responsables de fausses routes sont très courants chez les patients parkinsoniens. Dans une étude recensant tous les facteurs rapportés sur les certificats de décès de patients atteints de la MP, l’inhalation d’aliments ou d’objets représentait 15 % de ces causes. Ces troubles appelés axiaux répondent très peu aux médications et restent omniprésents (28). En pratique, ce qui ennuie le plus les patients sont les déglutitions pâteuses et solide. Ce problème est présent chez 85 % des personnes atteintes de MP. Il va provoquer des rétentions alimentaires augmentant grandement le risque carieux (28). Au niveau de l’étage oral, nous retrouvons également un dérèglement de la propulsion linguale avec un mouvement antéropostérieur répétitif (29). Ce trouble peut déstabiliser les prothèses.
Le bruxisme
La maladie de Parkinson et le bruxisme sont deux troubles régulés par un dysfonctionnement du SNC. Des études ont été menées afin de déterminer si un phénomène de comorbidité existait (31). En 2018, une d’entre elle met en lumière l’association significative entre la MP, le bruxisme, les phénomènes d’attritions et les troubles de l’articulation temporo-mandibulaires (33). En 2014, un article décrit aussi l’étroit lien entre les troubles de la déglutition et le bruxisme (32). Dans la partie précédente, le rapport entre la MP et les problèmes de déglutition était établi. Par association, le bruxisme pourrait être également lié à ces troubles. Ce bruxisme qualifié de secondaire est provoqué par des dysfonctionnements neuromusculaires et des médicaments (34). À ce titre de prévention, il sera conseillé en cas de bruxisme avéré de port de gouttières dures et la réparation des fragilités aux collets. La restauration complète des arcades permettra aussi de mieux répartir les forces et prévenir un maximum des fractures.
Hypotension orthostatique (HO)
L’HO est un effondrement brutal de la pression artérielle dans les 3 minutes qui suivent le lever (35). Quand elle se manifeste, elle peut provoquer la chute brutale des patients et les blesser. Des études ont permis de démontrer que dans la maladie de Parkinson l’HO s’accompagne d’une dérégulation neurovégétative pouvant découler sur des risques cardiovasculaires importants (36). Elle peut être provoquée dans les premiers stades de la MP par les antiparkinsoniens et les psychotropes. Dans les derniers stades, elle est directement provoquée par la maladie qui dérégule le SNA. En cas d’HO avéré pour la MP, les anesthésies générales sont fortement déconseillées (37). Dans la prévention des complications qu’elle peut impliquer au cabinet, les moyens simples sont favorisés comme : la position du patient proclive sur le fauteuil (45%), et une attention particulière à la fin du soin. Il est conseillé de le laisser assis quelques minutes et éviter un changement de position trop brutal .
Troubles moteurs de la sphère orale
Les troubles moteurs de la sphère orale sont présents chez 60 à 90 % des patients parkinsoniens. Ces troubles sont principalement liés aux problèmes musculaires oraux faciaux découlant directement de la maladie comme la rigidité, l’akinésie et les tremblements. Il en résulte une déficience élocutoire, des dysarthries hypokinétiques mais aussi des troubles de l’articulation temporale mandibulaire sévère, un traumatisme des muscles, des tissus et une usure dentaire (33,19). La conservation des arcades dentaires complètes aide à maintenir une efficacité de la mastication évite l’aggravation de ces troubles, et compenser au mieux les dysfonctionnements du contrôle des muscles masticatoires et de la langue (22). Dans la relation de soin avec le patient, ces problèmes engendrent des difficultés de communication pour le patient, ainsi qu’une fatigue musculaire quand il s’agit de garder longtemps la bouche ouverte au cours des soins. Les moyens à mettre en œuvre pour ne pas décourager ces patients consistent à leur laisser plus de temps de parole et de réduire les temps de soins.
Chéilites angulaires (perlèche), irritations
Les chéilites sont des craquelures de la commissure des lèvres, présentent sur un ou sur les deux côtés (38). Chez le patient parkinsonien, elles sont accentuées par les prises médicamenteuses et des causes mécaniques multiples (dystonies des muscles faciaux, mastication ralentie). Elle peut entrainer des douleurs et des désagréments quotidiens, mais aussi être inconfortable pour les soins dentaires (19). Pour limiter ces désagréments, ces blessures peuvent être protégées par des pansements sous forme de crème, des émollients, des corticoïdes topiques, ou des pommades antifongiques (38,39)
Introduction |