Macrodéchets dans le littoral d’Annaba
On peut considérer, en accord avec Le Visage (2004), que la Gestion Intégrée de la Zone Côtière (GIZC) (Integrated Coastal Zone Management) est une méthode de gouvernance pour obtenir une intégration d’objectifs et d’enjeux complexes avec un nombre illimité d’acteurs ». Au sujet de la gouvernance Theys (2002) souligne que l’important «c’est l’idée de processus interactif: une succession d’étapes à travers lesquelles des acteurs nombreux n’ayant pas le même intérêt et agissant à différentes échelles, mais confrontés à un même problème vont progressivement construire une représentation commune de la réalité, lui donner un sens, se fixer des objectifs, adopter des solutions puis les mettre en œuvre collectivement, sans que rien – ni cette représentation, ni ces objectifs, ni ce sens, ni cette interaction ne soient déterminés à l’avance». C’est dans ce sens que la gouvernance est un élément clé de la GIZC. La gouvernance implique en effet les notions de concertation et de compromis car aucun acteur n’est légitime pour représenter tous les enjeux et imposer des choix. Une concertation initiale pour hiérarchiser les enjeux permet à tous les acteurs de s’approprier le diagnostic de territoire et de s’associer à la définition des compromis inévitables auxquels ils seront soumis. La concertation est à la fois un facteur d’acceptation et un moteur d’autodiscipline ultérieure. La GIZC est un principe organisateur, elle devient essentielle pour guider l’action, pour définir un idéal vers lequel tendre Roland (2005). La GIZC apparaît alors comme une sorte d’utopie stimulante et c’est dans cette acception qu’elle assoit son bien-fondé et son utilité sociale. La notion de Gestion Intégrée des Zones Côtières (GIZC) est née du chapitre 17 de l’Agenda 21 du sommet de Rio de 1992. La Convention de Barcelone a repris cette notion dans son dernier Protocole signé le 21 janvier 2008. Ce Protocole définit dans son Article 2 la GIZC comme un processus dynamique de gestion et d’utilisation durables des zones côtières, prenant en compte simultanément la fragilité des écosystèmes et des paysages côtiers, la diversité des activités et des usages, leurs interactions, la vocation maritime des certains d’entres eux, ainsi que leurs impacts à la fois sur la partie marine et la partie terrestre. La problématique des déchets marins est une préoccupation de l’Accord. En effet, ceux-ci représentent une menace pour la diversité biologique, la qualité du milieu et ils constituent également une nuisance pour le littoral. La plupart des données internationales sur la production de déchets concernent les plastiques océaniques. La canadienne Jenna Jambeck en 2015 propose une estimation de leurs Macrodéchets dans le littoral d’Annaba: bilan, impact et gestion intégrée…………………………………………………A. Boussaha. 15 déversements, par différence entre la production de déchets plastiques par les populations littorales (celle vivant à moins de 50 km des côtes ou des bords de fleuves) et les quantités de déchets gérées par ces mêmes populations (recyclés, revalorisés ou stockés). La différence entre ces deux chiffres constitue les déchets non gérés (missmanagement) dont la plus grande partie se retrouve inexorablement en mer. C’est à partir de cette estimation que nous pouvons aujourd’hui dresser cette cartographie des pays dont les populations littorales produisent le plus de déchets «non gérés» comme l’Algérie (Fig. 1) montrant les quantités de déchets produits par les pays ayant des côtes au nombre de 192, et leur conséquence immédiate sur les zones maritimes côtières (zones dégradées). Nous constatons que le grand Sud Est Asiatique est le plus générateur de ces déchets plastiques océaniques. C’est ce que nous considérons comme zones d’action prioritaires. Mais la carte montre aussi que d’autres zones de fortes concentrations sont identifiées, notamment en Afrique et en Méditerranée. Figure 1: Carte du monde montrant les seuils des déversements des déchets plastiques dans l’océan par les zones littorales (Jambeck et al., 2015). En Algérie on répand en mer 100.000 à 200.000 t de déchets plastiques/an. Les déchets plastiques abandonnés dans les océans tuent 1,5 million d’oiseaux, poissons, baleines, tortues chaque année et le problème risque de s’aggraver. Des alertent fréquentes face à un danger baptisé «le 7ème continent, soupe plastique, plastic vortex ou grande poubelle plastique», il s’agit d’«îles» constituées de déchets dérivant sur les océans Pacifique, Atlantique et Indien (Fig. 2). Dans le Pacifique Nord, 30% des poissons ont ingéré du plastique durant leur cycle de vie signale Laurence Maurice en 2007. Cet océan abrite la principale «île» de déchets recensée jusqu’ici (Fig. 2). C’est en 1997 qu’elle fut repérée pour la 1ère fois entre les côtes de Californie et de Hawaï. Sa taille a depuis triplé pour atteindre aujourd’hui quelque 3,5.106 km2 , soit 7 fois la France ou 1,5 fois l’Algérie. Elle croît annuellement de 80.000 km2 , selon Maurice (2007). En 2011, la Société pour la conservation des baleines et des dauphins avait déjà lancé l’alerte en expliquant que les déchets plastiques constituaient une menace létale pour ces animaux à la fois par ingestion et par enchevêtrement. Dès 2012, la prestigieuse revue Biology Letters qualifiait de «soupe mortelle» ces plaques composées de résidus de plastique, retrouvés parfois jusqu’à 1.500 m de profondeur. Entraînées par les courants marins, ces «îles» se retrouvent bloquées dans des tourbillons océaniques, sans possibilité de biodégradation
Enquête préliminaire sur les déchets solides encombrants les plages d’Annaba. Macrodéchets dans le littoral d’Annaba: bilan, impact et gestion intégrée
L’environnement se pose comme un espace nouveau de discussion et de négociation entre acteurs d’horizons variés (associations écologistes, syndicats, collectivités locales, représentants de l’état, etc.) sur les mesures à prendre pour construire ensemble un milieu vivable (REE, 2002). Notre environnement, c’est notre support de vie et toutes ses composantes: l’air, l’eau, l’atmosphère, les roches, les sols, les végétaux et les animaux. Au cours des trente dernières années notre relation avec la nature s’est radicalement modifiée: Le milieu est fragile et son équilibre est dépendant de l’activité humaine. La nature n’est plus à vaincre mais au contraire à protéger, plus qu’aux modes, la protection de l’environnement est une nécessité (REE, 2002).L’augmentation massive de la population humaine dans les villes a créé des problèmes très voisins à ceux évoqués par l’industrialisation : La pollution atmosphérique et la pollution des eaux sont les contreparties d’activités intenses toujours croissantes. La dégradation de l’environnement touche plusieurs dimensions environnementales : déforestation, désertification, appauvrissement de la diversité biologique, dégradation des ressources en eau, prolifération des déchets urbains, etc. Plus de 80 % des décharges des pays de la Méditerranée méridionale et orientale ne sont pas contrôlées. Le milieu marin méditerranéen est particulièrement exposé au déversement de déchets agricoles, de particules en suspension dans l’air et d’eaux de ruissellement chargées d’agents pathogènes, de métaux lourds, de matières organiques polluantes, d’huiles et de substances radioactives (MeHSIP, 2008). L’urbanisation rapide combinée au développement progressif d’une forme de tourisme non durable le long des côtes méditerranéennes s’est traduit par de graves problèmes environnementaux et sanitaires. La pollution induite par les activités industrielles, le transport maritime, avec le passage de 30% du trafic maritime mondial (Gallini, 2008) et les activités domestiques avec des rejets en mer estimés à 6.105 tonnes chaque année, soit l’équivalent de 30 catastrophes de type « Erika » (Gallini, 2008), la disparition d’espaces vierges et la destruction des écosystèmes côtiers par des projets immobiliers ont aussi contribué à cette dégradation (MeHSIP, 2008). Le littoral Algérien avec une façade maritime longue de 1200 Km alterne rivages rocheux, plages sablonneuses et zones humides. Toutefois, il est caractérisé par une concentration de la population et des activités. Macrodéchets dans le littoral d’Annaba: bilan, impact et gestion intégrée Le rôle des industries dans l’essor de l’économie nationale est incontournable, cependant, ces dernières s’accaparent les meilleurs sites littoraux et se développent au détriment des autres usages liés à la mer. Elles comportent des risques réels pour les agglomérations limitrophes et le milieu marins (Kacemi, 2006). Etat des lieux et problématique de Gestion des Déchets Ménagers et Assimilés. La Stratégie Nationale de l’Environnement intègre le concept du Développement Durable Cette nouvelle vision est basée sur: – La croissance économique. – L’équité sociale. – La protection de l’Environnement. – La gestion des déchets et l’amélioration du cadre de vie du citoyen constituent actuellement un axe de travail prioritaire au niveau national et local. – Mise en œuvre de la politique environnementale Le Cadre Juridique – Loi n° 01-19 du 12 décembre 2001 relative à la gestion, au contrôle et à l’élimination des déchets. – Fixe le cadre général de la gestion des déchets, ainsi que l’ensemble des activités qui s’y rapportent à savoir la collecte, le transport, le tri, le traitement, la valorisation et l’élimination. – Décret exécutif n°02-175 du 20 mai 2002, portant création de l’agence nationale des déchets. – Décret exécutif n°02-372 du 11 novembre 2002, relatif aux déchets d’emballage. – Décret exécutif n°03-478 du 09 décembre 2003, définissant les modalités de gestion des déchets d’activités de soins. – Décret exécutif n° 04-199 du 19 juillet 2004 fixant les modalités de création, d’organisation, de fonctionnement et de financement du système public de traitement des déchets d’emballages. – Décret exécutif n° 04-410 du 14 décembre 2004 fixant les règles générales d’aménagement et d’exploitation des installations de traitement des déchets et les conditions d’admission de ces déchets au niveau de ces installations. Macrodéchets dans le littoral d’Annaba: – Décret exécutif n° 07-205 du 30 juin 2007 fixant les modalités et procédures d’élaboration, de publication et de révision du schéma communal de gestion des déchets ménagers et assimilés. – Ordonnance n°15-01 du 23/07/2015 portant loi de finance complémentaire pour l’année 2015.Décret exécutif n°02-175 du 20 mai 2002, portant création de l’agence nationale des déchets. – Décret exécutif n°02-372 du 11 novembre 2002, relatif aux déchets d’emballage. – Décret exécutif n°03-478 du 09 décembre 2003, définissant les modalités de gestion des déchets d’activités de soins. – Décret exécutif n° 04-199 du 19 juillet 2004 fixant les modalités de création, d’organisation, de fonctionnement et de financement du système public de traitement des déchets d’emballages. – Décret exécutif n° 04-410 du 14 décembre 2004 fixant les règles générales d’aménagement et d’exploitation des installations de traitement des déchets et les conditions d’admission de ces déchets au niveau de ces installations. – Décret exécutif n° 07-205 du 30 juin 2007 fixant les modalités et procédures d’élaboration, de publication et de révision du schéma communal de gestion des déchets ménagers et assimilés. – Ordonnance n°15-01 du 23/07/2015 portant loi de finance complémentaire pour l’année 2015. Le Cadre Institutionnel Des institutions fortes et fiables sont nécessaires à différents niveaux pour élaborer et assurer le contrôle de la mise en œuvre d’un programme national de gestion intégrée des déchets ménagers (Fig. 8). Macrodéchets dans le littoral d’Annaba: bilan, impact et gestion intégrée…………………………………………………A. Boussaha. 35 Figure 8: Programme National de Gestion Intégrée des Déchets Ménagers et assimilés «PROGDEM» Le Cadre Opérationnel Constitue le prolongement de la loi 01-19 du 12 décembre 2001 relative à la gestion, au contrôle et à l’élimination des déchets. Une démarche intégrée et progressive pour améliorer la gestion des déchets ménagers et assimilés. Programme National de Gestion Intégrée des Déchets Ménagers et assimilés « PROGDEM» – Adopté par le gouvernement en 2002, – Représente le cadre de référence de la nouvelle politique.
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