L’UTILISATION DES REVENUS ISSUS DES ACTIVITES DES MIGRANTS DE RETOUR
Dans cette partie, il sera question de mesurer les prérogatives auxquelles les activités développées par les migrants de retour ont pu engendrer au niveau de la communauté rurale. Pour se faire, nous tenterons de voir la destination des revenus de ces migrants retournés au village pour une meilleure analyse de l’importance de ces activités nouvellement menées. Dans la zone centre le maraîchage et l’arboriculture rapportent l’essentiel des revenus des activités investies par les migrants de retour. Ils ont un rapport non négligeable sur la vie économique et sociale des migrants de retour à travers la création de nouvelles activités lucratives, la contribution à la sécurité alimentaire et l’acquisition des équipements. Cependant, selon les résultats obtenus de nos enquêtes sur l’orientation des revenus provenant du maraîchage et de l’arboriculture, trois semblent faire consensus : le social, les investissements productifs (transport, commerce, élevage, soudeur métallique, tailleur, etc.) et l’épargne.Figure n°7 : Les domaines d’orientation des fonds tirés du maraîcher et de l’arboriculture Source :AssaneSene, enquêtes septembre 2013 II-1 Au niveau social Les revenus tirés du maraichage et de l’arboriculture connaissent une utilisation relative sur plusieurs secteurs. Cependant, le soutient social du ménage constitue la principale destination des revenus des migrants de retour (59,8%). Ils sont prioritairement et majoritairement destinés à alimenter le budget de consommation du ménage. En effet, la priorité accordée à l’amélioration des conditions de vie locale montre à quel point les revenus maraichers et arboricoles sont nécessaires à la satisfaction de leurs besoins élémentaires. Ils constituent ainsi une forme d’assurance et d’abri contre la précarité des conditions de vie de la population. Ce type d’orientation est, rappelons le, le dénominateur commun des motifs de départ de la plupart des jeunes animés par la passion de la migration. L’éducation et la santé des enfants consacrent quant à elles une part certaine dans l’emploi des revenus, dans la mesure où la plus grande partie des paysans supportent aujourd’hui les frais 83 de mensualités scolaires grâce à ses revenus issus de la pratique des activités de contre saison. Elle a permis aussi à certains parents d’élèves notamment ceux du village de Ndoffane d’acheter des bicyclettes à leurs enfants dans le but de contribuer à l’amélioration de leurs études et de leur mobilité en direction du CEM de Nguéniène centre distance de Ndoffane de trois kilomètres. Avant l’introduction du maraîchage dans la localité, deux sur quatre élèves en provenance de Ndoffane étaient en retard et abandonnaient leurs études prématurément à cause de la distance. Mais aujourd’hui ces difficultés de déplacements sont de plus en plus minimisées grâce à l’usage de la bicyclette. A ces orientations viennent se greffer le caractère marital des revenus des migrants de retour. Ils constituent un soutient financier crucial pour le paiement de la dot des migrants de retour en âge de se marier. « J’aime travailler dans le domaine maraîcher et arboricole…grâce à mes revenus, j’ai pu me marier. » (Modou TOPE, 30 ans, Ndianda.
Au niveau des investissements
L’utilisation des dividendes de la culture maraichère et arboricole pour le social est suivie, dans l’échelle des priorités des migrants de retour, de celle pour les investissements productifs (32,8%). Les investissements productifs sont notés dans le transport, dans le matériel agricole, dans le commerce, ainsi que dans l’élevage. Le transport est un secteur visé par les maraîchers après la vente, beaucoup y investissent leurs gains. Dans nos enquêtes, nous avons remarqué que la plupart des jeunes surtouts ceux qui ont appris un métier de chauffeur ambrassent le maraîchage dans l’unique but d’acheter un véhicule de transport. Le maraîchage est pour eux une recherche de fonds pour mettre en branle un projet individuel ou collectif. En outre, quant à ceux qui n’ont pas appris le métier de chauffeur, ils achètent un véhicule « clando » et le confient à un jeune chauffeur qui lui verse les revenus toutes les deux semaines. C’est ainsi qu’on distingue la prolifération spectaculaire des « chauffeurs clandos » dans la zone centre de Nguéniène. Le « chauffeur clando » joue un rôle moteur dans le développement du transport rural, il substitue à l’emploi de la charrette. En effet, montrons qu’à l’approche de la campagne d’oignon la plupart des « chauffeurs clandos » confient leurs voitures, pour travailler cette culture de rente. La combinaison des 86 activités maraichères et le « chauffeur clando » a donné des résultats approuvables, elle a permis à certains d’additionner leurs revenus. Les revenus participent également au développement de l’agriculture de sous pluies en permettant aux agriculteurs de renouveler le matériel agricole vétuste. C’est ainsi que des centaines de semoirs, de houes, de chevaux, de charrettes, entrent chaque année dans la zone centre contribuant ainsi au renouvellement et à la relance de l’agriculture. La population de la zone centre a compris que le développement de l’économie ne peut se faire qu’à travers l’agriculture. Et pour que cette dernière soit productive, il est obligatoire qu’elle s’accompagne d’un bon équipement adéquat et moderne. La revalorisation de la terre est l’unique issue pour sortir de la précarité et de la pauvreté. La pauvreté n’est pas une condamnation éternelle mais elle est plutôt une circonstance qui peut être transcendée à travers le travail. Par ailleurs, nos enquêtes ont révélé que certains se sont relancés dans la culture de l’arachide grâce aux bénéfices venant du maraîchage ; même si nous ne devrions pas ignorer le contexte morose dans lequel se trouve la filière arachidière. Le commerce demeure aussi l’une des destinations des revenus en provenance de l’arboriculture et du maraîchage. Les migrants de retour ont développé diverses formes de commerces : Juste après la récolte de l’arachide, certains achètent plusieurs kilos d’arachides décortiquées (250 à 300f le kilo) qu’ils stockeront jusqu’au début de l’hivernage qui coïncident à l’augmentation du kilo (700f le kilo). L’intérêt de ce système de commerce, c’est qu’on achète à un prix faible et on revend à un prix élevés. Il s’agit ici du jeu de l’offre et de la demande. D’autres s’investissent dans l’huile locale à base arachide, elle est employée quasiment par l’ensemble de la population de Nguéniène. Son utilisation ne se limite pas seulement au niveau des campagnes mais aussi dans les villes. Elle est vendue à 700f/litre contre 1200f/litre pour l’huile industrielle.