L’utilisation de la musique par les infirmières face à l’anxiété préopératoire

Dans le cadre de la formation en soins infirmiers, la réalisation d’un mémoire sous forme de revue de littérature scientifique est entrevue. Ce travail permet de mettre en avant et de se familiariser avec des compétences dans la méthodologie de recherches scientifiques, afin de répondre à une question de recherche. Celle-ci est issue de la pratique infirmière et est relatée au travers d’articles de recherche primaire.

L’anxiété est le sujet phare de ce travail. “Celle-ci est générée par un événement prévu ou redouté, mais toujours futur” (Kozier, Erb, Berman & Snyder, 2012, p.602). Dans le milieu des soins, elle peut donc se présenter lors de l’attente d’une  opération, liée à la peur de l’inconnu, de la mort, de la douleur ou de l’influence sur la qualité de vie postopératoire. [traduction libre] (Pritchard, 2009, p.35). Cette anxiété préopératoire est souvent traitée par la médication et l’infirmière est donc limitée dans son rôle autonome, même si elle est en première ligne pour la prise en charge des patients dans cette période. C’est de là que découle cette recherche, le but étant d’entrevoir si un traitement nonpharmacologique telle que la musique peut être utilisé par l’infirmière, par ses compétences autonomes, pour traiter cette anxiété et améliorer le confort des patients avant une chirurgie élective.

Dans un premier temps, la problématique étaiera, par des définitions plus précises, les concepts clés du sujet, c’est-à-dire l’anxiété préopératoire et l’utilisation de la musique. Le cadre conceptuel de la vulnérabilité selon Cousley, Marin & Hoy (2014) sera expliqué et permettra de lier la discipline infirmière avec le cœur du travail. Ceci aboutira à la question de recherche. Puis l’élaboration de la stratégie de recherche qui a permis de retenir une sélection de six articles sera décrite. Ceux-ci seront analysés pour ensuite élaborer une extraction et une synthèse des résultats afin d’amener une réponse à la question de recherche, tout en les mettant en lien avec le cadre conceptuel du travail. Dans un dernier temps, la discussion exposera les principaux résultats de cette recherche ainsi que le caractère généralisable de ceux ci. Les limites du travail seront également amenées dans cette partie et des  recommandations pour la pratique et de futures recherches seront proposées.

Environ 234 millions d’opérations sont réalisées chaque année au niveau mondial (Bezzola, Hochreuterer & Schwappach, 2012, p.11). En Suisse, “en 2013, 42% des cas traités dans les hôpitaux ont donné lieu à une intervention chirurgicale” (Office Fédéral des Statistiques, 2015), ce qui montre que la chirurgie représente une grande part des hospitalisations helvétiques. Par conséquent, une infirmière devra probablement au moins une fois dans sa carrière, prendre en charge l’un de ces patients. En effet, une intervention chirurgicale nécessite forcément des soins infirmiers en périodes préopératoire, peropératoire et postopératoire. Toutes ces périodes sont importantes, mais la phase préopératoire, pouvant être définie comme le temps qui sépare la décision de l’intervention jusqu’au transfert de la personne sur la table d’opération, est le moment où le patient est le plus vulnérable (Kozier et al., 2012, p.991). De ce fait, celui-ci nécessite plus d’attention de la part de l’infirmière, afin qu’elle l’accompagne et le guide jusqu’à l’intervention. [traduction libre] (Ascari, Neiss, Sartori, Da Silva, Ascari, & Galli, 2013, p.1139). Cela s’applique principalement lors de chirurgies électives qui se définissent comme des interventions “non urgentes, choisies par le chirurgien pour soigner une affection qui ne met pas, ou à brève échéance, la vie de la personne en danger ou pour améliorer le bien-être et la qualité de vie” (Kozier et al., 2012. p.992). Ce type de chirurgie induit une période d’attente qui peut être plus ou moins longue et qui provoque une certaine anxiété, car elle donne l’opportunité de réfléchir et de s’inquiéter à propos de l’intervention à venir (Cooke, Chaboyer, Schluter & Hiratos, 2004).

De plus, au niveau mondial: Le taux de décès suite à une intervention chirurgicale est de 0,4 à 0,8% et le taux de complications situé entre 3 et 16%, ce qui équivaut à̀ environ un million de morts et sept millions de personnes victimes de lourdes séquelles (Bezzola et al., 2012, p.11). D’après une étude menée dans cinq cent hôpitaux de vingt-huit pays, la Suisse, elle, affiche un taux de mortalité post chirurgicale de 2‰ (Piearse et al., 2012). Ces chiffres conséquents confirment qu’une intervention chirurgicale n’est pas un acte banal, car il y a des risques pour la vie du patient. De ce fait, cela est à considérer comme l’une des causes possibles de l’anxiété préopératoire.  Cette anxiété peut toucher toutes les personnes, indépendamment du sexe et de l’âge, comme le montre Kovac (2014) qui rapporte que huit personnes sur dix expriment ressentir de l’anxiété avant leur opération. [traduction libre](Kovac, 2014, p.194). De ce fait, le choix d’une population adulte au sens large, c’est-à-dire à partir de 18 ans, a été pris, car cette tranche d’âge est majoritairement recensée dans les recherches et représente la plus grande partie de la population.

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Anxiété
L’anxiété se définit par des sentiments d’appréhension et de peur liés à l’anticipation de l’inconnu ou de situations non familières. [traduction libre] (Wakim, Smith & Guinn, 2010, p.227). “Elle est une sensation normale dans la vie de tous les jours, mais devient pathologique quand elle perturbe de manière non négligeable la vie de la personne” (Palazzolo, 2007, p.61) Il existe deux types d’anxiété : l’anxiété état et l’anxiété trait. L’anxiété état est la réaction à une situation stressante tandis que l’anxiété trait définit le caractère de la personne, qu’elle adoptera pour faire face aux situations menaçantes. (Spielberger & Sarason, 1975, cité par Carpenito, 1997) .

L’anxiété se traduit par des sentiments psycho-comportementaux et somatiques conscients et subjectifs de menace, de nervosité et de tension accompagnés par des réponses automatiques du système nerveux autonome. Il en découle donc des signes et symptômes spécifiques comme l’agitation, les tremblements, la dyspnée, la tension musculaire et la fatigue. [traduction libre] (Wakim et al., 2010, p.227). Ainsi la réponse physiologique produite par l’anxiété est en générale associée à une élévation du système nerveux sympathique, qui se traduit notamment par des modifications au niveau cardio-vasculaire et respiratoire. [traduction libre] (Méndez & Macià (1994) cité dans Guinot Jimeno, Yuste Bielsa, Cuardros Fernandez, Lorente Rodriguez & Mercadé Bellido, 2011, p.240).

Carpenito-Moyet (2006) a classifié l’anxiété en quatre niveaux allant de légère à panique. Ceux-ci se différencient les uns des autres par des indicateurs tels que la modification de l’expression orale, les changements dans l’activité motrice, la modification des perceptions et de l’attention, les changements d’ordre respiratoire et cardiovasculaire et pour terminer les autres changements non classifiables dans ces catégories, comme les céphalées ou la paresthésie (Kozier et al., 2012, p.601). “Les deux premiers niveaux, soit l’anxiété légère et modérée, sont dits comme favorisant l’adaptation de comportements visant un but précis […], donc une stratégie d’adaptation efficace. […] Par contre l’anxiété grave a des effets dévastateurs” (Kozier et al., 2012, p.602), c’est donc à ce niveau-là que l’anxiété devient pathologique.

L’anxiété est souvent confondue avec la peur ou le stress, c’est pourquoi il faut les différencier. Selon Chneiweiss & Albert (2003), “le stress correspond à la réponse psychique et biologique que nous produisons face aux situations auxquelles nous sommes confrontées” (p.23), qui perturbe notre homéostasie habituelle, comme par exemple un décès, une naissance ou une maladie. Par conséquent, le stress fait référence à une situation dans laquelle nous nous trouvons, qui nous oblige à adopter des stratégies d’adaptation, tandis que l’anxiété est plutôt un sentiment en prévision d’un évènement. Il faut également distinguer l’anxiété de la peur. Selon Carpenito (1997): L’anxiété diffère de la peur en ceci qu’une personne anxieuse est incapable d’identifier la menace alors qu’une personne sous l’emprise de la peur en est capable. L’anxiété peut survenir sans peur; en revanche, la peur ne survient habituellement pas sans anxiété (p.39). Ainsi, l’anxiété est plutôt un sentiment envers l’inconnu, car c’est la survenue d’un événement vu comme potentiellement dangereux. Au contraire, la peur est plutôt un sentiment envers un élément concret, car elle se base sur un danger possible ou imminent.

Table des matières

1 Introduction
2 Problématique
2.1 Contexte clinique
2.2 Concepts
2.2.1 Anxiété
2.2.2 Anxiété préopératoire
2.2.3 Interventions infirmières non médicamenteuses pour diminuer ’anxiété
2.2.4 L’utilisation de la musique
2.2.5 Cadre conceptuel : La vulnérabilité préopératoire
2.3 Question de recherche
3 Stratégie de recherche
3.1 Mots-clés et descripteurs
3.2 Pour CINHAL
3.3 Pour PubMed
4 Résultats
4.1 Présentation des résultats
4.2 Synthèse des résultats
5 Discussion
5.1 Réponse à la question de recherche et mise en perspective avec le cadre
conceptuel
5.2 Mise en perspective avec d’autres revues de littérature
5.3 Limites du travail
5.4 Généralisation des résultats
5.5 Implication pour la pratique et la recherche
6 Conclusion

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