L’URBANISATION EN AFRIQUE SUB-SAHARIENNE : HISTOIRE, MODALITES ET ENJEUX

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La ville : définitions et fonctions

L’agriculture urbaine et périurbaine se définit parrapport à la ville. Or la définition de la ville est floue et évolutive dans un monde en mouvement et s’appuie sur des critères divers. En effet, il existe des définitions statistiques dela ville, basées sur des données telles que le nombre d’habitants ou des critères administratifs et économiques, des définitions analytiques qui s’appuient sur les spécificités du milieu urbain, et des définitions géographiques fondées sur l’utilisation de l’espace.

La ville statistique

La définition statistique de la ville est la plus simple. La ville est définie par le nombre d’habitants en valeur absolue et éventuellement par un seuil de densité urbaine. Ces seuils varient d’un pays à un autre : en France, une commu ne urbaine est une commune d’au moins 2 000 habitants et les constructions ne doivent pas être distantes de plus de 200 mètres ; aux Pays-Bas le seuil est de 1500 habitants et en Inde, il est de 5 000 [Pelletier 1994]. En Afrique, les critères varient aussi selon les pays. Le seuil de 2 000 habitants est retenu dans un certain nombre de pays comme le Kenya, le Gabon, la Sierra Leone, l’Ethiopie, l’Erythrée ou l’Angola ; mais il est de 5 000 habitants au Ghana et de 10 000 au Bénin. Souvent, le critère statistique est associé à un critère socio-économique : en Côte d’Ivoire est considérée comme ville une commune de plus de 10 000 habitants ou de plus de 4 000 si plus de 50% des habitants ont une activité non-agricole. On retrouve ce genre de définition au Congo où la ville a plus de 2 000 habitants et des activités non agricoles prédominantes, et au Nigéria où il faut 20 000 habitants dont les activités ne sont pas principalement agricoles [Smith 2004].
Cependant, le critère statistique a ses limites. La densité qui permet d’accéder au rang de ville diffère énormément d’un pays à l’autre carelle dépend de la densité globale du pays et de références culturelles. Certains villages sont très peuplés, atteignant les 10000 habitants [Coquery-Vidrovitch 1993], mais la société ne s’organise pas d’une manière particulière. Chaque famille produit de quoi subvenir à ses besoi ns et aucun pouvoir central n’établit son hégémonie. Le village reste un village, malgré lerandg nombre d’habitants. D’autres critères ont une grande importance pour définir une ville, notamment ses fonctions.

La ville fonctionnelle

Les critères fonctionnels sont probablement les mieux perçus par tous. La ville doit comporter un certain nombre de fonctions, notamment des fonctions de « relation » : c’est un lieu d’échanges, de services et d’activités tertiaires (commerces, banques, administrations, services de santé, activités culturelles…). La vill e est caractérisée par la densité, la diversité et la concentration des activités et des hommes. Elle est le lieu d’activités secondaires de transformation ou de plus en plus tertiaires. En revanche, la fonction agricole et nourricière est « naturellement » chevillée au rural, même sielrural ne peut se fondre dans l’agricole, et inversement. Ainsi, la production d’un surplus de production agricole est une condition de l’urbanisation [Coquery-Vidrovitch 1993]. Ces définitions portent en elles l’opposition entre l’agriculture et la ville : la ville est le lieu d’ activité non-agricole. L’IAU-IDF distingue trois catégories d’usage du sol en Ile de France : rural, urbain construit (bâti ou revêtu), urbain ouvert (parcs et jardins, terrains de sport, cimetières). Rural et urbain sont deux catégories permettant de penser les organisations et les dynamiques spatiales et sociales. Les espaces urbains et ruraux se distinguent par leurs formes, leurs structures et leurs fonctions. L’approche fonctionnelle articule davantage les deux catégories socio-spatiales par l’analyse des flux, des mouvements entre ville et campagne. Les limites sont de plus en plus floues entre urbain et rural, tant les mobilités et la généralisation de modes de vie brouillent les catégories [Arnould 2008], au Nord comme au Sud.
L’économie urbaine rejaillit sur la sociologie et l’ambiance de la ville. La présence de services compte beaucoup, le rythme urbain, l’animation et la profusion de divertissements aussi. C’est aussi en ville que l’on trouve le plus de cols blancs, de cadres, de dirigeants [Pelletier 1994]. Cette vision de la ville est applicable aux pays industrialisés mais également aux pays africains où la ville est perçue comme le lieu de l’ascension sociale.

La ville géographique

Les définitions géographiques considèrent la ville physique, c’est-à-dire l’agglomération telle qu’elle peut être repérée à artirp de l’observation visuelle. L’espace défini comme urbain rassemble les parcelles bâties, portant un revêtement empêchant la végétation de se développer (dallage, ciment), ouedsol tassé pour permettre la circulation. Ce qui définit l’urbain est alors l’absence de végétation et l’imperméabilité des sols. La ville est alors un espace urbain de surface [Tricaud 1996]. Lorsque l’on rencontre des parcelles agricoles, peut-on considérer que l’on est encore en ville ? C’est en tout cas en contradiction avec la définition de l’espace urbain démuni de végétation.
On peut également considérer d’autres critères visuels : l’architecture, la densité du bâti, la hauteur des immeubles. Les notions de cent ralité et le symbolisme architectural sont des références dans l’imaginaire collectif et permettent aux populations de s’ancrer à la ville [Pelletier 1994]. Mais beaucoup de villes modernes ne suivent plus ces modèles : elles sont étalées, ne possèdent pas de centre ville, ni de monuments historiques.
La ville peut être horizontale ou verticale. La ville horizontale est faite d’une multitude de maisons individuelles. Elle engendre des coûts d’infrastructure, provoque une pollution automobile et consomme beaucoup de surface. Elle n’est pas propice à une vie sociale développée mais favorise l’intimité familiale, etesl jardins sont souvent très recherchés. La structuration spatiale de la ville est surtout définie par le réseau inter-urbain et intra-urbain des voies, ferrées ou routières [Doucouré 2004]. La ville verticale est très dense, elle privilégie les immeubles de grande hauteur, qui libèrent au sol de vastes surfaces non bâties disponibles pour des espaces verts. Les atouts environnementaux sont nombreux : réduction des coûts et des nuisances liés à la circulation, meilleur partage de la lumière, abaissement des coûts grâce à l’industrialisation de la fabrication de la ville , collecte et traitement des déchets [Doucouré 2004].
En Afrique, les villes se caractérisent par leur horizontalité à cause des nombreuses habitations spontanées et donc précaires et très denses : elles ne présentent pas les avantages de la ville horizontale en Europe (intimité familiale, jardin) mais en subissent les désagréments (pollution, problème de transport…). Le paysage urbain en Afrique garde les traces de la colonisation, dont sont issues presque toutes les villes africaines.
En conclusion, la ville est un lieu délimité, construit, humanisé. La ville a une dimension sociale, c’est le lieu d’un regroupement d’individus hétérogènes ; politique car elle incarne le pouvoir qui s’étend sur un territoire ; culturel, lieu de métissage et de transmission culturelle [Coquery-Vidrovitch 1993].

Histoire des villes en Afrique sub-saharienne

En Afrique, l’histoire est traversée de ruptures dont il reste des traces dans l’évolution des formes d’urbanisation : héritage méditerranéenantique (en Afrique du Nord), héritage de l’Islam, colonisation et indépendance…La ville en A frique existe depuis fort longtemps, sous des formes bien différentes de la ville occidentaleindustrielle. Encore aujourd’hui, les villes africaines et européennes diffèrent sur de nombreuxpoints.
La ville est le reflet du niveau social et économique de la société. A l’époque précoloniale, les villes n’étaient pas forcément utiles dans des sociétés agricoles, voire préagricoles, dans lesquelles il n’y avait pas de place à d’autres types d’activités et à d’autres classes sociales [Coquery-Vidrovitch 1993]. Les premières villes africaines étaient consacrées au commerce : elles étaient plutôt situées dans lazone transsaharienne, souvent sur les routes commerciales entre l’Afrique du Nord de et l’Afriqu e sub-saharienne [Brunel 2004]. Les pays d’Afrique du Nord ont une longue tradition urbaine, notamment dans la vallée du Nil. Le Nigéria compte aussi un important réseau de cités récolonialesp (Ibadan en est une). Les mêmes villes de contacts existaient en Afrique orientale (Zanzibar par exemple). Ces villes ont perdu énormément d’importance lors de la période coloniale. Très peu de villes précoloniales existent encore ; on peut citer Addis-Abeba en Ethiopie, fondée par le roi Ménélik II ou Foumam, capitale du royaume Bamoun auCameroun [Brunel 2004].
Au XIXème siècle a eu lieu une véritable révolutionurbaine, avec l’influence des occidentaux et le début du capitalisme marchand [Coquery-Vidrovitch 1993]. La période coloniale a été fondatrice de villes, avec des impératifs économiques et sanitaires [Dubresson 1999]. Les villes créées pendant cette période sontsituées généralement sur les côtes, et servaient de ports d’embarquement pour les matières premières acheminées par transports terrestres et destinées à l’Europe ou l’Amérique. Elles avaient également une fonction administrative, siège du pouvoir colonial centralisé [Brunel 2004]. Certaines de ces villes côtières ont été fondées dès le XVI siècle pour le commerce triangulaire. Cependant, la plupart des villes actuelles existaient déjà avant l’époque coloniale ; les colons ont en fait choisi les centres urbains les plus à même de remplir des rôles dans le nouveau système. En outre, les colons résidaient en ville, y installaient les centres de pouvoir coloniaux, les villes sont donc devenues le vecteur de la colonisation, mais également des symboles de la dépendance à l’Occident [Coquery-Vidrovitch 1993].
Aux indépendances, ces villes côtières, en marge des territoires nationaux n’étaient pas forcément les plus appropriées pour devenir lescapitales des nouveaux Etats, qui cherchaient avant tout à marquer leur prise de poss ession territoriale et certains Etats ont créé leur capitale dans des zones plus centrales. Mais généralement, ce sont les villes du réseau colonial qui ont bénéficié des avantages liés à leur fonction de capitale, des efforts en matière d’infrastructures, de commerce, d’investissements e t d’industrialisation, même si cette dernière est restée marginale. Le résultat de cetteévolution est qu’entre 1950 et 1980, la croissance urbaine a favorisé les grandes villes, avec une tendance importante à la macrocéphalie [Brunel 2004 ; Dubresson 1999].

Les villes africaines : des spécificités continentales

L’enjeu démographique en Afrique

L’augmentation de la population mondiale est de nos jours due à 95 % à la croissance démographique des pays en voie de développement. Cette augmentation peut poser des problèmes, comme l’alimentation ou la gestion des déchets, en particulier dans les régions qui s’urbanisent rapidement, comme l’Afrique subsaharie nne [Smith 2004].
En Afrique de l’Ouest, la croissance démographique est très élevée, avec des taux de 3 à 5 % par an depuis 30 ans. Cette croissance est du e à une transition démographique non terminée : la mortalité a baissé mais la féconditése maintient à un taux élevé, parce que la population en âge de procréer est nombreuse et qu’elle a peu accès à l’information et aux moyens de contraception. Cette croissance démographique a permis au continent de rattraper les effets des guerres, de la colonisation et de l’esclavage, qui l’ont dépeuplé [Alvergne 2008].
Plusieurs théories se sont succédé sur la sous-population et la concentration du peuplement en archipel du continent africain. Dans les années 1960, les experts du développement pensaient que la surpopulation étaitun frein au développement, selon une vision malthusienne : ils pressentaient une catastrophe pour l’Asie, dont beaucoup de régions étaient surpeuplées [Alvergne 2008]. Cependant, quelques-uns avançaient que le sous-peuplement africain était un mauvais signe : René Dumont a donné un tableau négatif de la géographie en archipel, qui freine le passage à l’économie d’échange, indispensable à la modernisation agricole [Dumont, 1966].
Aujourd’hui, la croissance démographique en Afrique permet l’émergence d’une nouvelle géographie, qui pose des questions en matière de hiérarchie urbaine, de relation villes-campagnes et d’intégration régionale [Alvergne 2008].

Mobilité et migration

L’histoire des migrations en Afrique sub-saharienne peut être divisée en trois grandes étapes [Antoine 1997]. Avant le XIX siècle, la traite des esclaves est le principal moteur des migrations. Ensuite, entre 1880 et 1945, les stratégies coloniales accroissent les besoin en main d’œuvre pour le travail forcé et entraînent l’ implantation de quelques villes comptoirs.
Les populations ont été encouragées à migrer vers ertainesc régions stratégiques, notamment les régions côtières. Enfin, depuis les Indépendances, les migrations se sont accélérées (les migrations spontanées étaient parfois interdites pendant la période coloniale). L’exode rural a été massif mais a tendance à ralentir voire à s’inverser depuis la crise économique des années 1980. Les flux entre monde rural et villes moyennes sont très importants alors que ceux vers la capitale sont minoritaires (11% des flux villes-campagnes en Côte d’Ivoire, 33% au Burkina Faso entre 1988 et 1992), alors même que les flux de la capitale vers la campagne ont eu tendance à s’accélérer. Les migrants viennent chercher en ville une cadre de vie plus attrayant là où sont concentrées les infrastructures de santé, d’éducation, ainsi que les emplois [Antoine 1990]. Mais la majorité n’a pas les qualifications pour prétendre aux postes du secteur moderne et le chômage s’est accru avec la c rise économique. Le secteur informel est donc la porte d’entrée privilégiée des migrants quis’appuient sur leurs réseaux relationnels pour s’intégrer. Les migrations étaient plutôt masculines dans les années 1980 mais elles se sont rééquilibrées en faveur des femmes. Leur insertion est encore plus difficile du fait de leur faible niveau de scolarisation. La ville attire particulièrement la population scolarisée qui espèrent bénéficier de l’université et des infrastructures culturelles [Antoine 1997].
Dans les années 1960, les migrations urbaines en Afrique ont été étudiées sous l’angle économique et social, notamment avec la théorie du« push-pull » : certains facteurs poussent les migrants à quitter leur village natal (les diff icultés économiques), d’autres les attirent vers la ville (l’espoir d’une vie meilleure). Le modèle de l’économie duale a mis en avant les différences de revenus entre villes et campagnes comme moteur des migrations. Cependant, les populations aisées et instruites migrent également vers les villes. D’autres mettent en avant le passage à l’âge adulte chez les hommes qui va de pair avec la migration. Les migrations sont en fait des phénomènes multidimensionnels. Lesmigrants, population très diversifiée, sont soumis à différentes pressions et incitations sociales et économiques. La migration est à la fois un mécanisme social et macroéconomique prédéterminé et une décision individuelle. Les migrants s’adaptent à la ville et ne restent pa s figés dans des organisations traditionnelles, ils innovent et peuvent garder ou renforcer des éléments de leur culture rurale si cela leur est nécessaire. Le lien avec le village reste très fort, la ville et le rural fonctionnent comme deux éléments complémentaires d’un système : l’urbain abesoin du rural pour des raisons économiques (envoi de nourriture) et sociales et le rural attend de l’urbain qu’il envoie de l’argent [Coquery-Vidrovitch 1991].

La croissance urbaine en Afrique sub-saharienne

L’explosion urbaine en Afrique commence dans les années 1950. Pendant la période coloniale, l’immigration vers les villes était étroitement restreinte par les autorités coloniales. Lorsque les restrictions sont levées, le mouvement migratoire semble vouloir rattraper le retard. En 1950, le taux de croissance urbaine est de 5 % par an sur le continent africain, il est plus élevé en Afrique subsaharienne qu’au Maghreb qui possède des villes précoloniales importantes. En 1980, le taux de croissance urbaine en Afrique est encore de 4,5 % [Dubresson 1999]. Les pays africains connaissent actuellement le processus de transition urbaine : les taux d’urbanisation sont très élevéset ils baisseront lorsqu’un niveau de saturation aura été atteint (moins de candidats à al migration et moins d’attractivité de la ville par rapport à la campagne) [Le Goix 2005].
En Afrique subsaharienne plus particulièrement, le taux de croissance urbaine entre 1960 et 1990 était de 6,7 % par an, à comparer au 2 % de taux de croissance urbaine en Europe au moment où il était le plus élevé (au début du XXème siècle). En Amérique latine et en Asie, les taux sont à la même époque d’environ 3% par an [Alvergne 2008]. Depuis 1990, ce taux a légèrement baissé en Afrique et se situeà 4,5 % par an. En 1995, la population urbaine de l’Afrique sub-saharienne était de 100 millions, ce qui représentait 37 % de la population totale, contre 15 % en 1960 (Figure 1). En Europe et Amérique du Nord, 74 % de la population totale était urbaine [Ministère français de la Coopération 1996]. L’Afrique reste donc le continent le moins urbanisé mais celui avecles plus forts taux de croissance urbaine [Alvergne 2008].
Depuis 1990, les taux de croissance urbaine en Afrique restent élevés par rapport au reste du monde. Mais les taux de croissance diminuent globalement partout. En 2000, le taux d’urbanisation en Afrique approche les 40 %, mais il masque une grande diversité de situations nationales, les taux variant de moins de 10% (Rwanda, Burundi…) à plus de 60 % (Réunion, Djibouti, Libye…) [Les villes africaines en marche 2002]. Les pays côtiers sont généralement plus urbanisés.
Une des principales causes des migrations vers la ville est la crise que connaissent l’agriculture et le milieu rural en Afrique : la dégradation de l’environnement due aux manques de moyens des producteurs entraîne des baisses de rentabilité, qui expliquent en partie l’exode rural et l’émigration vers d’autres pays [Les villes africaines en marche 2002]. La croissance urbaine est due à la croissance natur elle de la population, aux migrations et à l’absorption de petits centres ruraux périphériques[Ministère français de la Coopération 1996]. Depuis 1980, la croissance naturelle est le principal facteur d’urbanisation en Afrique, et non les migrations comme ce fut le cas entre 1950 et 1980. Malgré la baisse de la fécondité, la moitié de la croissance des villes est due au solde naturel. Aujourd’hui, un tiers des Africains sont des urbains nés en ville [Alvergne 2008]. Cependant la population rurale ne décroît pas au profit des villes, au contraire elleaugmente également. Le taux d’accroissement annuel de la population rurale fut de 2,1% entre 1950 et 1995 et serait encore d’environ 1,2% entre 1995 et 2025. C’est seulement après 2025 qu’elle commencerait à décroître [Les villes africaines en marche 2002].
Ce phénomène d’explosion urbaine ne touche pas que les capitales. A partir des années 1980, la croissance des petites et moyennes villes dépasse celle des grandes villes [Dubresson 1999]. Ce renversement (par rapport à la tendance à la macrocéphalie entre 1950 et 1980) s’explique par la « crise urbaine », liée aux ajustements structurels, à l’affaiblissement des Etats qui ne sont plus en mesure de proposer des emplois aux urbains et de mettre en place des politiques de gestion urbaine pour régler la question de l’habitat. De plus, à partir des années 1980, les politiques de décentralisation ont modifié les modes de gestion urbaine : l’accent a été mis sur les collectivités locales (avec plus ou moins de moyens et de succès) et même la capitale a souvent échappéen partie au pouvoir central au profit du pouvoir local métropolitain [Ministère français de la Coopération 1996].
En 1995, seulement 32 villes, dont 12 ne sont pas des capitales, dépassent le seuil de 1 million d’habitants. Sur les 57 capitales, 20 seulement ont plus d’1 million d’habitants, 27 ont une population comprise entre 100 000 et 1 million, et 10 ont une population inférieure à 100 0. En 1950, il n’y avait que deux agglomérations africaines de plus d’un million d’habitants, toutes deux situées en Egypte: Le Caire et Alexandrie. Le Caire, avec 2,4 millions d’habitants à l’époque, était la seule agglomération africaine figurant dans la liste des 30 plus grandes agglomérations mondiales. En 1995, elles sont deux dans ce classement mondial:
Lagos au Nigeria (15ème rang, avec 10,3 millions d’habitants) a rejoint et dépassé Le Caire (19ème rang avec 9,7 millions d’habitants). En 2015, Lagos pourrait atteindre 24,4 millions d’habitants et se retrouver au 3ème rang mondial. Le Caire pourrait avoir 14,5 millions d’habitants (16ème rang) et la liste des 30 plus grandes agglomérations mondiales pourrait compter une ville africaine supplémentaire: Kinshasa (République Démocratique du Congo), avec 9,9 millions d’habitants (28ème rang) [Les villes africaines en marche 2002].

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PARTIE I – CULTIVER LA VILLE AFRICAINE
INTRODUCTION
CHAPITRE 1. L’URBANISATION EN AFRIQUE SUB-SAHARIENNE : HISTOIRE, MODALITES ET ENJEUX
1.1. LA VILLE : DEFINITIONS ET FONCTIONS
1.2. HISTOIRE DES VILLES EN AFRIQUE SUB-SAHARIENNE
1.3. LES VILLES AFRICAINES : DES SPECIFICITES CONTINENTALES
1.4. L’URBANISATION EN AFRIQUE ET LE DEVELOPPEMENT
CHAPITRE 2. L’AGRICULTURE URBAINE ET PERIURBAINE EN AFRIQUE
2.1. L’AGRICULTURE URBAINE ET PERIURBAINE : DEFINITION, HISTOIRE, CONTEXTE
2.2. LES FORMES D’AGRICULTURE URBAINE ET PERIURBAINE EN AFRIQUE
2.3. LA DURABILITE DE L’AGRICULTURE URBAINE ET PERIURBAINE
CHAPITRE 3. LA QUESTION FONCIERE SUR LES ESPACES AGRICOLES URBAINS ET PERIURBAINS EN AFRIQUE SUB-SAHARIENNE
3.1. DYNAMIQUES AGRICOLES ET FONCIERES EN AFRIQUE
3.2. INSECURITE FONCIERE ET PERENNITE DE L’AGRICULTURE SUR LES ESPACES URBAINS ET PERIURBAINS
CHAPITRE 4. LE FONCIER EN AFRIQUE
4.1. LA TENTATION D’UN MODELE DE DEVELOPPEMENT A L’ « OCCIDENTALE »
4.2. LA COMPLEXITE DU FONCIER EN AFRIQUE
4.3. DE NOUVELLES VISIONS DU FONCIER AFRICAIN
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
PARTIE II – L’AGRICULTURE URBAINE ET PERIURBAINE A YAOUNDE ET ACCRA..
INTRODUCTION
CHAPITRE 5. LA VILLE AFRICAINE DANS SA DIVERSITE : YAOUNDE ET ACCRA
5.1. DEUX CAPITALES D’AFRIQUE SUB-SAHARIENNE
5.2. TOPOGRAPHIE ET CLIMAT
5.3. HISTOIRE COLONIALE ET POSTCOLONIALE
5.4. L’EXPLOSION DEMOGRAPHIQUE ET SES VISAGES
5.5. LES INSTITUTIONS POLITIQUES
CHAPITRE 6. L’AGRICULTURE URBAINE ET PERIURBAINE DANS LA VILLE
6.1. YAOUNDE OU LA VILLE DANS LA FORET
6.2. L’AGRICULTURE DANS LA METROPOLE D’ACCRA
6.3. MISE EN PERSPECTIVE DE L’AGRICULTURE DANS LES DEUX VILLES
CHAPITRE 7. L’AGRICULTURE URBAINE ET PERIURBAINE SUR LES ZONES D’ETUDE
7.1. SITUATION DES TERRAINS D’ETUDE
7.2. UN QUARTIER VALLONNE DE YAOUNDE : ETOUG-EBE
7.3. LE BAS-FOND DE NKOLBISSON A LA PERIPHERIE PROCHE DE YAOUNDE
7.4. UN VILLAGE PERIURBAIN DE YAOUNDE :MINKOAMEYOS
7.5. CONCLUSION SUR LES TERRAINS DE YAOUNDE
7.6. UN OPEN SPACE D’ACCRA : LE CSIR
7.7. UN VILLAGE PERIURBAIN D’ACCRA : AKWAPIM
7.8. CONCLUSION SUR LES TERRAINS D’ACCRA
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
PARTIE III – LE FONCIER DANS L’AGRICULTURE URBAINE ET PERIURBAINE A YAOUNDE ET ACCRA
INTRODUCTION
CHAPITRE 8. REGLES FONCIERES ECRITES ET ORALES SUR LES ESPACES AGRICOLES URBAINS ET PERIURBAINS
8.1. LES REGLES FONCIERES ECRITES A YAOUNDE
8.2. LES REGLES COUTUMIERES DES BETIS DU CENTRE DU CAMEROUN
8.3. LES PRATIQUES FONCIERES INFORMELLES A YAOUNDE
8.4. LES ACTEURS DU FONCIER A YAOUNDE
8.5. LES REGLES FONCIERES ECRITES A ACCRA
8.6. LES REGLES COUTUMIERES DES GA D’ACCRA
8.7. LES ACTEURS DU FONCIER A ACCRA
CHAPITRE 9. LES ENJEUX DU FONCIER
9.1. LA DYNAMIQUE DE MIGRATION ET D’URBANISATION
9.2. DE NOMBREUX CONFLITS FONCIERS
9.3. LA REPARTITION DU POUVOIR ET DE LA RENTE FONCIERE
9.4. LES PRATIQUES INFORMELLES
CHAPITRE 10. PRATIQUES FONCIERES LOCALES
10.1. PRATIQUES FONCIERES A ETOUG-EBE
10.2. PRATIQUES FONCIERES A NKOLBISSON
10.3. PRATIQUES FONCIERES A MINKOAMEYOS
10.4. PRATIQUES FONCIERES A L’OPEN SPACE DU CSIR
10.5. PRATIQUES FONCIERES A AKWAPIM
CHAPITRE 11. L’ACCES AU FONCIER : FONDEMENTS ET CONSEQUENCES
11.1. MISE EN EVIDENCE D’UN LIEN ENTRE STATUT SOCIAL, DROITS FONCIERS ET PRATIQUES AGRICOLES
11.2. L’ORGANISATION SPATIALE DES PARCELLES
11.3. L’INSECURITE FONCIERE ET LES PRATIQUES AGRICOLES
CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
INDEX DES TABLES
ANNEXES

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