L’urbanisation à la sauvegarde du PNEK

L’urbanisation à la sauvegarde du PNEK

 La forme urbaine, genèse du concept et de définition : Apparus dans les années 1960 suite aux travaux de Muratori sur Venise (1959)37, cette méthode vient dans le sillage du mouvement en faveur de la revalorisation des centres anciens (loi Malraux 1962) (Pinson D, 1998), et de l’étude typo-morphologique de Padoue conduite par Aymonino et al38 (1970), cependant la théorie la plus construite reste celle formulée par Aldo Rossi dans son livre : l’architecture de la ville, paru en 1966. Tentons à présent de définir le concept de forme (morphologie) urbaine. Nous retenons la définition didactique que donna Bernard Gauthiez à la morphologie urbaine et qui se rapproche le plus de l’approche utilisée dans la présente recherche : « étude de la forme physique de l’espace urbain, de son évolution en relation avec les changements sociaux, économiques et démographiques, les acteurs et les processus à l’œuvre dans cette évolution. Par extension configuration formelle et structure de l’espace urbain, ensemble des  37 Les travaux de Saverio Muratori sur la ville de Venise sont publiés dans son ouvrage : « Studi per una operante storia di Venezia », maitre à penser de : Aldo Rossi, Carlo Aymonino, Vittoria Gregotti, il fut le précurseur de la réflexion sur la frome urbaine 38 Les travaux de Carlo Aymonino et al sur la ville de Padoue sont publiés dans l’œuvre : la città di Padova Deuxième partie La forme urbaine comme expression du rapport conflictuel de l’urbanisation à la sauvegarde du PNEK  liens spatiaux et fonctionnels organisant entre eux les édifices, aménagement urbain…etc. ». (Gauthiez B. 2003, P110) In fin, il est important de souligner que les formes construites au même titre que leurs processus de création relatent la manière dont une collectivité locale a modelé son espace concret à travers quelques grandes opérations d’aménagement urbain : Habitat social, réhabilitation vieux quartiers. (Joly J. 1995).

La notion de morphogénèse, un processus de sédimentation historique 

La ville évolue, la ville change et donc la ville prend de nouvelles formes dans un processus historique de sédimentation, ainsi la ville se décrit bien par sa forme urbaine, de ce fait l’étude de cette dernière nous permettra de « lire l’histoire de la ville dans ses anneaux successifs, comme celle d’un arbre » ( Roncayolo M.1990, P92). Dans son approche Muratori qui caractérisa la forme à la fois comme structure globale et comme ensemble de dispositions précises locales appréhende la ville à partir de son processus de croissance (Panerai P. et al, 1999), ceci renvoi à la notion de morphogenèse qui est la somme de « modalités d’apparition et d’évolution des agglomérations, vue sous l’angle de la forme » (Gauthiez B. 2003, P220), il s’agit donc de la création d’un ensemble de formes urbaines à travers l’accumulation de toute sorte d’aménagement de l’espace. La morphogénèse est considérée à travers plusieurs échelles d’analyse qui sont : -La macroforme urbaine : il s’agit de la forme et la structure générale des organismes urbains, qui s’analysent avec des documents à petite échelle couvrant la région urbaine ou l’agglomération (Allain R.2004). -Le groupement de parcelles : qui révèle l’organisation élémentaire du tissu selon la période de formation et la localisation dans la ville. Il est caractérisé par le rôle structurant des espaces publics, la position des monuments, la logique de densification et la possibilité d’association avec d’autres formes du tissu (Panerai P. et al, 1999). – La parcelle bâtie : Il s’agit de la relation qui existe entre la parcelle et le bâtiment qui lui est ancré (Panerai P. et al, 1999). Deuxième partie La forme urbaine comme expression du rapport conflictuel de l’urbanisation à la sauvegarde du PNEK

La forme urbaine comme approche qualitative dans l’interface urbanisation/environnement 

L’approche morphologique à travers les différentes disciplines

L’urbanisation est un concept, qui renvoi à diverses connotations, où chaque discipline l’emprunte dans un contexte spécifique conjointement à son champ d’étude. La géographie urbaine interprète l’urbanisation par des critères politiques, démographiques ou socio-économiques ce qui fait que l’urbanisation concrète revient à l’industrialisation et ses variations basculent entre les trois critères susvisés (Santos M. 1971). Dans la vision des géographes « les morphologies urbaines traduisent en partie les principes qui inspirent les décisions politiques… Elles cherchent, par leurs structures à limiter les problèmes qui sont associés à l’urbanisation » (Pigeon P. 2007, P125) La sociologie de son côté s’intéresse à l’urbanisation, et au formes urbaines qu’elle produit dans une interprétation sociale, Cynthia Ghorra-Gobin, chercheur nous montre combien le désir de vivre prés de la nature a été à l’origine de la forme urbain étalée de la métropole de los-Angeles au XIXe siècle (Dubois-Taine G. Chalas Y. 1998). Mais la vision spatiale du phénomène de l’urbanisation concerne les urbanistes, pour eux « L’urbanisation assimilée à la notion de cadre de vie des hommes est un phénomène qui se déroule lentement c’est-à-dire, par rapport à chaque génération presque sans être perceptible » (Chombon G.1975, P13), ceci renvoi a une évolution spatio-temporelle dont les origines remontent aux temps les plus reculés de l’histoire, d’où l’importance de l’étude de la genèse de la ville qui se fait selon Cerdà par un retour à la ville nature c’est-à-dire aux fondements de l’urbanisme ruralisé (Cerda I. 1979). Le Corbusier de son côté caractérisa cette position, par une étude historique où il a voulu mettre en relation la croissance urbaine et la transformation du paysage (Hilpert T. 2004), cependant l’une des critiques portées à l’urbanisme moderne est son ignorance de la notion de morphogénèse urbaine. L’analyse de l’évolution de l’urbanisation peut se faire à travers la recherche de la cité idéale (Chombon G. 1975), Howard de son côté s’est intéressé de près à la dimension maximale des villes, problème qui n’avait jusque là été abordé (Chombon G. 1975). En réaction à la tendance « cité-jardin » qui s’étale horizontalement et utilise de grands espaces, certains urbanistes et architectes se dirigent vers la verticalité (Chombon G. 1975). Deuxième partie La forme urbaine comme expression du rapport conflictuel de l’urbanisation à la sauvegarde du PNEK  Les besoins en développement entrainent une mutation, l’industrialisation après s’être imbriquée dans un tissu urbain au parcellaire très fragmenté, s’est peu à peu orienté vers le développement d’espace indivis, c’est-à-dire vers l’appropriation de surfaces en périphérie relativement grandes, ce qui a engendré une extension spatiale des différentes agglomérations au détriment de l’espace rurale (Pigeon P.2007). Evoquer le tissu urbain de la ville c’est interroger inéluctablement la ville sur sa morphologie urbaine car « le concept ville évoque une certaine densité d’habitat et une dominance du bâti sur le non-bâti » (Remy J. Voye L.2003. Les agglomérations sont également définies en fonction du critère de la continuité du bâti (Pigeon P.2007) ; il est aussi important de souligner que la ville est le lien qui met diverses fonctions en interrelation, à travers le rapport à l’espace, ces interrelations sont décisifs et se traduisent dans la morphologie elle–même (Remy J. Voye L.2003). 

La forme urbaine pour mesurer les impacts de l’urbanisation sur l’environnement naturel.

Le croisement entre les effets pervers de l’urbanisation et la problématique écologique n’est pas séparable d’une réflexion sur la forme urbaine (l’étalement la densité) (Berdoulay V. Soubeyran O. 2002). Le recours à la morphologie urbaine « comme manifestation des politiques urbaine pour remédier à la crise associée à l’urbanisation » (Pigeon P, 2007, P126) n’est pas un fait récent, de leurs temps les grecques faisaient une distinction entre la ville dérivée de « civitas » qui a connotation culturelle et la ville dérivée de « urbs » qui considère la ville dans sa forme physique. (Douglas I. 1983) En exposant la vision des différentes disciplines s’intéressant de près à l’urbanisation de l’espace apparait l‘importance de traiter la question en interrogeant la ville dans sa morphologie urbaine ; ceci nous semble une démarche pertinente surtout qu’il s’agit du rapport de l’urbanisation en tant que phénomène d’extension spatiale se manifestant dans des formes urbaines de diverses natures à l’espace naturel qui est le milieu support sur lequel s’exerce celle-ci, ainsi l’analyse de la morphogénèse de la ville devient-elle pertinente pour donner des interprétations dans le rapport urbanisation/environnement.

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