L’organisation spatiale de l’agriculture française et ses transformations

L’organisation spatiale de l’agriculture française et ses transformations

L’analyse du monde agricole ne peut se faire au préalable sans une étude approfondie du Recensement Général Agricole (RGA), dont les indicateurs statistiques exhaustifs permettent d’apprécier finement les bouleversements qui se sont opérés. La période 1979-2000 et, plus spécifiquement, la dernière période intercensitaire 1988-2000 constituent les étapes majeures pour comprendre la manière dont les exploitations ont évolué. Dans ce chapitre, le but principal est de voir comment l’agriculture s’est transformée au cours de la période récente durant laquelle les mutations ont été les plus importantes. L’analyse est réalisée à petite échelle, sur la base du découpage régional français. Il s’agit d’une part d’identifier un état actuel de l’agriculture, d’analyser l’évolution des différentes régions françaises et d’autre part de situer la Franche-Comté par rapport au reste de l’espace national pour en dégager d’éventuelles spécificités. La méthodologie et la démarche de travail employées s’appuient sur plusieurs constats. Travailler à l’échelle nationale et régionale présente des avantages : cela permet d’identifier les bassins de production, les spécialités régionales et les grandes tendances. Mais l’inconvénient est que ce type d’analyse efface les nombreux traits de caractères et les particularités que l’on peut observer au niveau local. Le découpage administratif français ne correspond pas à un cadre naturel ou à des systèmes de cultures particuliers c’est pourquoi l’analyse ne sera qu’un reflet des tendances régionales. Le travail est réalisé en parallèle sur la Franche-Comté qui constitue le terrain d’étude principal de notre recherche doctorale. Il permet d’identifier les particularités de ce territoire que ce soit en termes d’organisation spatiale ou de dynamiques et constitue une base de référence importante pour le reste de notre investigation.

Analyse des principaux indicateurs de l’évolution de l’agriculture française de 1979 à 2000

Soutenue par la mise en place du marché commun en 1957 (cf chapitre II) et la recherche d’une forme de « modernité » à travers le développement des techniques (mécanisation), l’agriculture nationale connaît depuis près d’un demi-siècle une forte restructuration qui s’accompagne d’une diminution de la SAU et du nombre d’exploitations. La politique agricole, dont une analyse plus poussée est réalisée dans le chapitre suivant, joue un rôle important dans cette dynamique puisque chacune de ses mesures influence l’organisation du territoire agricole et, soit permet à des exploitations de résister, soit conduit certaines à disparaître. Depuis le XIXème siècle, la surface agricole utile (SAU) de la France est restée à peu près stable autour de 30 millions d’hectares, avec un maximum atteint avant la Première Guerre mondiale (35 millions d’hectares) et une diminution faible mais constante depuis (1929 : 34,2 millions d’ha, 1950 : 32,4 millions d’ha, 1970 : 32,2 millions d’ha). Il faut cependant noter que le recul est quasi-nul entre 1950 et 1970 pendant la première période du Marché Commun durant laquelle les pertes de terres agricoles liées à l’urbanisation sont compensées par la remise en valeur d’espaces marginaux, abandonnés auparavant ; reprises encouragées par la PAC qui prône l’augmentation de la production. Après cette période, le recul s’accélère. Avec 27,9 millions d’hectares recensés en 2000 la SAU française s’étend encore sur près de la moitié du territoire national en dehors des alpages et des estives, mais elle diminue plus fortement.

En effet, de 1979 à 2000, le constat est le suivant : forte de près de 30 millions d’ha en 1979, la SAU française recule de plus de 900 hectares supplémentaires jusqu’en 2000 et ce, au profit de la friche (terres abandonnées), de la forêt, de l’urbanisation et de la construction d’infrastructures, soit un recul total de 5,6 %, surtout rapide pendant la première période intercensitaire (1979-1988 : -3,05 %). L’urbanisation grandissante (extension des villes en périphérie, infrastructures routières…) et un usage non- agricole des terres de plus en plus courant (reboisement, activité touristique, résidences…) expliquent cette évolution. De 1979 à 2000, l’évolution de la SAU connaît des différenciations spatiales importantes dans le territoire national. C’est dans les régions de l’Est et de l’extrême Sud de la France que le recul est le moins important (graphique 1 et carte 1) : la Corse, PACA, l’Alsace et la Lorraine connaissent même une évolution positive de leurs surfaces, grâce à la reconquête d’espaces enfrichés (Ex : mise en valeur de la plaine orientale de la Corse…). : l’urbanisation croissante (en Rhône-Alpes, en Languedoc-Roussillon et en Ile-de-France), le développement du tourisme en Bretagne mais parfois, plus ponctuellement, l’abandon de terres marginales gagnées par le reboisement. La SAU est principalement rongée par les importantes créations d’infrastructures de transport réalisées durant cette période en Rhône- Alpes et en Ile-de-France. Pour la Bretagne et les Pays de la Loire, le modèle agricole breton se mettait en place, l’élevage hors-sol qui commençait à se développer et la concentration des exploitations ont fortement contribué à la baisse de la SAU régionale.

 

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