Londres, ville mondiale

LONDRES, VILLE MONDIALE

Qu’est-ce qu’une ville mondiale ? Quel est son rôle dans l’organisation du monde ? Quels sont les effets de la mondialisation sur son organisation socio-spatiale ?

 Mise en œuvre

A- Londres, une place forte de la mondialisation qui exerce son influence à l’échelle mondiale «Le chef d’orchestre de l’économie mondiale» (Keynes). Le recours au programme d’histoire de 1ère permet de rappeler que la capitale britannique est une ville connectée au reste du monde depuis le 19ème siècle, et qu’elle a été la première ville-monde. À la tête de l’économie monde britannique Londres était déjà un hub, un place d’échange, une capitale financière. Après un bref déclin lié à la perte des colonies et à la désindustrialisation, Londres a su se réinventer initiant une politique de dérégulation et retrouvant son rayonnement international mettant en valeurs ses atouts : son savoir faire dans les activités de finance et assurance, le rôle de l’anglais dans les échanges internationaux, sa place géographique entre les marchés japonais (Tokyo) et américain (NY), le premier espace aéroportuaire d’Europe (dont Heathrow et Gatwick), une connexion ferroviaire avec le continent, une interface portuaire… Ces atouts et ce savoir faire font de Londres un centre de production de services financiers globalisés et complexes (comptabilité, gestion d’actifs, finance, marketing…) qui polarise les flux de capitaux à l’échelle mondiale (devant NY et Tokyo).

Une influence économique, culturelle et politique. Le pouvoir de cette métropole est donc d’abord économique et financier. Il se concentre dans la City qui rassemble le London Stock Exchange, la Banque d’Angleterre, ainsi que les sièges sociaux de grandes firmes multinationales britanniques comme Shell ou BP. Cette richesse, cette influence économique financière génère aussi une économie créative (bureaux d’architectes qui rivalisent de projets pour la skyline londonienne), une économie de la connaissance (media), une économie de l’attraction (Londres compte 240 musées, des galeries d’art, de grands stades de football, une scène musical influente…) qui participe d’un soft power. Enfin elle concentre le pouvoir politique (Downing Street, Westminster, Buckingham Palace) de la capitale de la 6ème puissance mondiale, dotée d’une armée moderne, de l’arme nucléaire, d’une place au conseil de sécurité des Nations Unies, et continue d’entretenir des liens avec le Commonwealth. Il s’agira de retracer l’histoire de la City, montrer à partir de quand elle est redevenue un centre financier majeur, étudier quelles sont les activités qui y sont pratiquées, le nombre de personnes employés, son rôle dans l’économie mondiale et sa relation avec les autres places financières, sa place dans la ville de Londres et son extension, ses atouts et faiblesses.

Une ville mosaïque qui se transforme et s’étend (échelle locale et nationale)

Londres est avant tout une ville cosmopolite, terre d’asile et d’immigration autant pour les banquiers, financiers et investisseur que les plus démunis : 1 million de Londoniens parlent un autre langue que l’anglais chez eux et 34 % des Londoniens sont nés hors du RU. Ces grandes disparités culturelles, sociales et économiques se traduisent géographiquement par une ségrégation ethnique et à la bipartition traditionnelle entre l’Est (industriel et populaire) et l’Ouest (aisé surnommé le « Richistan »), se surimpose un enchevêtrement plus complexe de micro quartiers et un émiettement de communautés : Irlandais, post coloniaux (surtout Indiens et Pakistanais), Français (dans la froggy valley), Russes, Chinois. Les paysages urbains aussi traduisent ce foisonnement chaotique entre les architectures géorgienne, victorienne, les paysages minéraux des quartiers d’affaires (tours de verre…), les habitats collectifs (estates)…
Ce patchwork urbain révèle un processus continu de destruction / reconstructions (incendie, Blitz, désindustrialisation, crise de 2009…) de la ville. Toutefois cette image mosaïque serait menacée par un processus global de gentrification de certains quartiers populaires et par leur uniformisation du fait de leur « mise en tourisme ».Dans le quartier des gares St Pancras et King Cross, les friches industrielles, haut lieu de la drogue et de la prostitution, dans les années 90, ont enfanté un quartier branché (le siège du Guardian, Ecoles d’Art) et dynamique (gare d’arrivée de l’Eurostar, bureaux, hôtels, centres commerciaux…)Une nébuleuse londonienne. Londres devient l’épicentre d’une région globale qui s’étend jusqu’à 100 km de son centre. On observe d’une part un glissement vers l’Est du centre de gravité de la City, vers Canary Wharf avec la rénovation des Docklands, la mise en service de la Jubilee line, le village Olympique (Stratford City). D’autre part un étalement urbain en couloir vers Heathrow et Reading à l’Ouest, le long de la M4. Ce développement pavillonnaire est porté par l’installation de parcs scientifiques (effet cluster) qui bénéficient des universités (Oxford et Cambridge), des infrastructures de transports (aéroports, M4, M25, tunnel sous la Manche..) et de la proximité d’une ceinture verte et de parcs naturels. Longtemps encadré, contrôlé (ceinture verte, villes nouvelles) cet étalement est aujourd’hui encouragé et canalisé. Quelle gouvernance ? Cette multiplicité des échelles d’influence de la ville implique une gouvernance de Londres, de plus en plus complexe. Elle doit d’abord satisfaire et attirer les investisseurs internationaux (FMN) dans un contexte concurrentiel exacerbé (avec Paris, Singapour, Hong Kong).
Elle doit aussi concilier les attentes des citoyens qui sous des formes diverses (associations, groupes de quartiers, communautés, mouvement « occupy ») s’impliquent, agissent à l’échelle de la ville et de sa région métropolitaine (le Grand Londres) sur les questions d’accès au logement, de réponse aux défis environnementaux, d’amélioration des transports. Toutefois la gouvernance de la ville reste très fragmentée : l’institution municipale est récente (2000), ses moyens limités (dépendent à 80% de subventions) et si elle dessine les grands axes d’aménagement à l’échelle de la ville, elle doit collaborer avec 32 boroughs, la City, la Greater London Authority et doit faire face à des réactions de type NIMBY. Enfin à l’échelle nationale, l’enjeu est d’éviter une vampirisation du pays par Londres, dans un contexte de désengagement de l’État depuis les années 1980. Tour à tour ont été menées des politiques de décentralisation (devolution) au profit de grandes villes du Nord, puis d’accompagnement de l’extension cette ville mondiale en tentant de mieux la relier aux autres métropoles britanniques.

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