LOGIQUE DES PETITS PRODUCTEURS POUR LA PROMOTION DE LA FILIERE FRAISE
Petits producteurs
Par petits producteurs, on entend les femmes et les hommes qui pratiquent l’agriculture, la pêche, l’élevage et la foresterie et produisent à petite échelle pour leur propre compte à des fins d’autoconsommation et pour la vente (Nwanze et al., 2013) Dans le cadre de sa stratégie rurale, la Banque mondiale définit les petits producteurs agricoles comme étant ceux qui disposent de ressources limitées et cultivent une superficie inférieure à 2 ha. Dans notre étude, « petits producteurs » sont : – ceux qui produisent à petite échelle ; – exploitent individuellement leur terre sans aucune aide extérieure ; – qui ont un accès difficile aux marchés ; – relativement exposés à l’insécurité alimentaire. 1.2 Système de production de la parcelle à l’exploitation agricole La première partie de l’étude traite les caractéristiques des systèmes d’exploitation de la zone. Ce thème a fait l’objet de nombreux concepts, démarches et outils d’analyse. Le concept de système de production de la parcelle à l’exploitation agricole de Le Gal, chercheur du CIRAD en 2009 a été choisi pour cette étude. Le système de production est la combinaison d’activités productives à laquelle sont allouées les ressources disponibles au sein, ou acquises hors, de l’exploitation (Giard, 1988). Ce concept de l’agronomie moderne aborde la parcelle et sa gestion comme un système complexe, dont les performances agronomiques dépendent de la combinaison d’éléments et de leurs interactions dans le temps et l’espace (Gal, 2009). Cette posture est à l’origine des concepts d’itinéraires techniques (Sebilotte, 1978) et de système de culture (Sebilotte, 1990) utilisés pour analyser le fonctionnement et les performances du champ cultivé (fonction de diagnostic) et pour concevoir des systèmes innovants répondant à de nouvelles contraintes ou de nouveaux objectifs, basés sur l’introduction d’inventions techniques conçues par la recherche ou d’innovations conçues par les agriculteurs eux-mêmes. Prendre en compte l’action de l’homme amène à distinguer le concept de technique, intervention normée par la Recherche ou le Développement, du concept de pratique culturale, manière d’agir des agriculteurs dans leur contexte spécifique (Milleville, 1987). Cette distinction ouvre sur l’étude des pratiques et de leur diversité au sein d’un même territoire, qui entraine des impacts variés sur le rendement des cultures. Les déterminants des pratiques sont analysés non Matériels et méthodes 5 plus à l’échelle parcelle mais à celle de l’exploitation agricole, niveau où l’agriculteur va concevoir et gérer son système de production en fonction de ses objectifs et stratégies. L’étude s’intéresse alors à la manière dont l’agriculteur choisit et gère les composantes techniques de son système de production (Maxime, 1995), l’organisation du travail (Papy, 1988) ou la conduite d’une culture (Aubry, 1998).
Théorie de l’acteur stratégique
La théorie de l’acteur stratégique a été élaborée par Michel Crozier et Erhard Friedberg au cours des années 1970 (Crozier et al., 1981). Il s’agit d’une théorie centrale en sociologie des organisations, développée au sein de l’analyse stratégique. Elle part du constat suivant : étant donné qu’on ne peut considérer que le jeu des acteurs est déterminé par la cohérence du système dans lequel ils s’insèrent, ou par les contraintes environnementales, on doit chercher en priorité à comprendre comment se construisent les actions collectives à partir de comportements et d’intérêts individuels parfois contradictoires. Au lieu de relier la structure organisationnelle à un ensemble de facteurs externes, cette théorie essaie donc de l’appréhender comme une élaboration humaine. Elle rejoint donc les démarches qui analysent les causes en partant de l’individu pour aboutir à la structure (l’individualisme méthodologique) et non de la structure à l’individu (structuralisme). La théorie des acteurs stratégiques est prise en compte dans le contexte de prise de décision des petits producteurs à intégrer ou non dans la coopérative de producteurs de fraise. D’après ce concept, une étude des réactions des producteurs face à la coopérative est tout d’abord entamée avant l’analyse de l’organisation interne et externe de la coopérative.
Chaîne de valeur
Selon Muiruri (2007) le concept de chaîne de valeur permet d’intégrer les différents acteurs intervenant dans la production, la transformation et la commercialisation agricoles. Il permet de définir les différents rôles des acteurs et, en même temps, la portée et les buts des relations qui peuvent être établies. Cette étude ne prétend pas étudier en profondeur le concept de la chaîne de valeur mais elle constitue une esquisse d’étude focalisée essentiellement sur la logique du premier acteur en amont en l’occurrence les « petits producteurs » dans le cadre de la promotion de la filière fraise. Ce type d’acteurs joue un rôle important dans la première séquence d’opérations « la production ». Matériels et méthodes
MATERIELS ET METHODES
Justification du choix du thème
La culture de fraise constitue une des principales activités agricoles rémunératrices dans la commune de Tsiafahy. Elle génère une part importante du revenu des ménages qui la pratiquent. Le potentiel économique de cette culture semble encore peu exploré et mérite une réflexion. Toutefois, quelques organismes et projets de développement sont déjà intervenus dans la zone, tels que l’ONG SAHA, l’Intercoopération Française, CTHA dans les années 2000 et contribuaient à l’amélioration de la culture aussi bien sur le plan technique qu’organisationnel. Mais notons que peu d’études proprement dite sont effectuées sur cette zone, en particulier celle concernant les acteurs actifs en amont. C’est la raison pour laquelle, cette présente étude se focalise sur la compréhension de la logique des petits producteurs évoluant dans cette culture. Dans notre cas, il faut entendre par petits producteurs selon FAO (Nwanze et al., 2013), les agriculteurs qui disposent en général de moins de ressources et sont plus exposés à l’insécurité alimentaire que les autres producteurs du secteur dans un contexte socioéconomique et culturel donné. Par ailleurs, dans le contexte de la promotion du secteur agroalimentaire, le choix de ce thème permettrait d’ouvrir une perspective d’études de la chaîne de valeur de la culture de fraise dans toute la commune, sinon dans la région d’Analamanga en matière d’horticulture. Et notons que d’après notre observation sur le terrain, la situation économique des petits producteurs de fraise stagne surtout depuis la crise de 2009 qui a sévi le pays. Alors c’est une filière porteuse à valeur ajoutée assurée notamment pour la transformation du produit fortement périssable. De par sa position géographique, la commune de Tsiafahy en tant que zone productrice de fraise jouit de la proximité de la zone de consommation en l’occurrence de la capitale, Antananarivo. Elle se trouve à environ 21 Km au sud de la capitale. Cette situation constitue un avantage pour elle dans la mesure où l’écoulement du produit s’avère relativement facile.
Localisation de la zone d’étude
La Commune Tsiafahy se trouve dans la Région Analamanga. Localisée à 21 km de la capitale, elle est traversée par la Route Nationale N°7 (RN 7), et par la voie ferrée sur l’axe Tananarive – Antsirabe (TA) exploitée par MADARAIL. Elle est située à 1470 m d’altitude et par les coordonnées géographiques : Matériels et méthodes 7 47°33′ de longitude est et 13°03′ de latitude sud. La Commune Rurale de Tsiafahy, appelée auparavant Firaisampokotany de Tsararivotra est l’une des dix sept (17) Communes de la sous-préfecture d’Antananarivo Atsimondrano de la Région d’Analamanga. Elle est délimitée au nord par la Commune de Bongatsara (ex-Anjomakely), et la Commune d’Ambohijanaka ; au sud la Commune d’Ambalavao ; au sudest la Commune d’Ambatofahavalo; à l’ouest la Commune d’Ambohijoky, et à l’est la Commune de Masindray et d’Ankadinandriana qui sont des Communes d’Antananarivo Avaradrano. Elle jouit d’un climat d’altitude avec des gelées durant les mois de juin et août. Ce qui correspond à l’écologie des fraises, donc favorable à leur développement dans le sens technique du terme. La partie sud de la Commune est constituée principalement par des ménages cultivateurs de fraise (75%) tandis que la partie nord par ceux qui cultivent principalement de légumes. Carte 1 : District Antananarivo Atsimondrano Source : Raminoson, 2007 Matériels et méthodes
Justification du choix de la zone d’étude
La Commune Tsiafahy présente les caractéristiques suivantes : – Zones présentant les plus grandes productions de fraise ; – Existence d’organismes d’appui externes et de projets en cours ; – Intervention active de micro-entreprise rurale (MER) ; – Existence de coopératives ayant déjà exportées des fraises auparavant ; – Existence d’une unité de transformation artisanale, récemment installée et gérée par une coopérative. La Commune Tsiafahy est proche de la zone urbaine qui par le pouvoir d’achat élevé de ses habitants ainsi que par l’existence de beaucoup de marchés, constitue un pôle d’absorption de la majorité des produits agricoles en provenance des zones périurbaines. De part cette position stratégique, la Commune présente une grande diversité de productions et un certain dynamisme. Outre les traditionnelles cultures vivrières (riz notamment), on note un regain d’intérêt pour les cultures maraîchères. Les conditions naturelles s’y prêtent particulièrement. Une carte de localisation de la Commune Tsiafahy élaborée à partir des bases de données (BD 500) du FTM figure dans l’Annexe
Démarche commune de vérification des hypothèses
Bibliographie Une étude bibliographique a été menée pour l’élaboration du projet de recherche, la formulation des hypothèses et la finalisation de cette étude. Elle a été focalisée sur les questions relatives aux cultures maraîchères en particulier la filière fraise, aux institutions et au financement dans le milieu agricol e malagasy. Des mémoires d’études, des rapports et des revues techniques ont été consultés. C’est sur la base de la bibliographie que le questionnaire a été formulé et établi avant la descente sur le terrain.
Enquêtes informelles auprès des personnes ressources
Des enquêtes ont été conduites auprès des personnes ressources au niveau local et aussi des organismes extérieurs. Les entités ressources ont été choisies suivant les critères suivants : – celles qui ont la possibilité de détenir des informations sur la filière fraise ; – celles qui œuvrent dans le domaine de l’appui des micro-entreprises rurales et des appuis techniques. Matériels et méthodes 9 L’enquête auprès des personnes ressources ont essentiellement porté sur l’intérêt du sujet traité, de l’avis de ces personnes sur les possibles réorientations ou amélioration de cette étude, des conseils sur les organismes et autres personnes ressources à contacter, des références sur les documents à consulter. Le Tableau 1 suivant présente le poste des personnes ressources et des informations obtenues.
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