Lire une oeuvre argumentative du XIXe siècle contre la peine de mort
repérer les enjeux d’une œuvre engagée, analyser les procédés d’écriture au service de l’argumentation et construire ses propres arguments sur les thèmes de la peine de mort, de la pénalité et de l’éducation. – public visé : classe de 3ème très hétérogène de ZEP. L’ouvrage a l’avantage d’être très court, et très peu onéreux : l’édition à laquelle nous nous référons est l’édition Libretti (Livre de Poche) à 1,50€, qui comporte une introduction et des documents très précieux. – insertion dans la progression annuelle : cette séquence est étudiée en mars, après une séquence consacrée à la lecture intégrale de Inconnu à cette adresse, de Kressmann-Taylor, et avant une séquence sur la poésie engagée. Cette période de l’année est donc essentiellement concentrée sur l’étude de textes argumentatifs de genres très variés. Objectifs : Lecture : entrer dans le récit, confronter la nouvelle au fait divers dont elle s’inspire, analyser des portraits, repérer les éléments créant une tension et un effet d’attente, les fonctions de la description hugolienne, l’élasticité du temps dans le récit (temps de l’histoire / de la narration), reformuler les thèses d’un auteur. Ecriture : rédiger une lettre d’adieu narrative et argumentative, changer de point de vue, Outils de la langue : l’ironie dans la narration, le vocabulaire du milieu judiciaire, réécriture : discours indirect / direct, dictée avec correction individualisée, les connecteurs logiques, les types de phrases, les procédés d’écriture au service de l’argumentation Oral : exercices théâtraux, improvisations. Analyse de l’image : analyser des photographies ou illustrations de presse dénonçant la peine de mort aux Etats-Unis ; analyser une illustration de L’Assiette au beurre. B2i : Faire des recherches sur internet et mettre en page les informations trouvées pour constituer un dossier.
sur le Dernier jour d’un condamné, p.98-99 du Manuel Français livre unique 3ème, Hatier Ecriture: 2 sujets au choix : Rédigez la déposition d’un témoin à décharge de Claude Gueux (l’un des détenus), en employant le maximum de procédés d’écriture argumentatifs étudiés en cours. Ou : Vous êtes scénariste et vous avez écrit, d’après la nouvelle de Victor Hugo, le scénario d’un film. Vous adressez une lettre à un réalisateur pour lui présenter votre projet. Vous vous attachez, dans cette lettre, à le convaincre de réaliser ce film en mettant en évidence les qualités “cinématographiques” de ce l’histoire, et la nécessité de produire un film sur la peine de mort.Mise en garde, commentaires du narrateur / auteur : volonté de répéter l’authenticité de son récit. Souci de vérité. Son récit est présenté comme un témoignage ne s’appuyant que sur des faits avérés. -Présentation du contexte (voir à ce propos l’introduction de l’édition Libretti), des motifs de l’incarcération de Claude Gueux qui restent allusifs, pour conférer une universalité à son œuvre, dont le nom est martelé, présentation physique et morale du prisonnier, puis de son geôlier : le directeur d’atelier de la prison de Clairvaux : M.D.Description de Clairvaux p.38 : «Clairvaux, abbaye dont on a fait une bastille, cellule dont on a fait un cabanon, autel dont on a fait un pilori. » phrase ternaire opposant le champ lexical du lieu de culte à celui de la prison et de la torture, pour souligner l’absurdité de ce lieu et la volonté cruelle d’accréditer les pratiques carcérales en les érigeant en pratiques quasi religieuses.
L’ironie et la révolte de l’auteur sont évidentes dès cette phrase. La présentation des faits et des personnages, et l’entrée en matière de la nouvelle Claude Gueux est d’autant plus rapide et efficace (phrases simples, très courtes p.35), concise, que l’œuvre est courte (919 lignes, environ 40 pages). Séance 2 : Du Fait divers à la nouvelle : la genèse du texte Ne confronter le fait divers (NRP p.5) à la nouvelle qu’après avoir lu la première partie de la nouvelle. La vraie vie de Claude Gueux Né à Chassagne (Côte d’or) dans un milieu misérable, Claude Gueux, orphelin de mère à douze ans, s’engage très jeune, à l’instar de son père, qu’il vénère, « dans le mépris des lois et dans la haine de la société », comme l’écrira plus tard le directeur de la centrale de Clairvaux. Emprisonné lui-même dans cet établissement, son père y meurt en 1830. Claude Gueux suit le même chemin, multipliant les condamnations qui l’enverront, à son tour, plusieurs fois en prison où il participe à une révolte de détenus contre le gardien-chef Delacelle. Incarcéré de nouveau à Clairvaux pour huit ans à la suite d’un vol « avec circonstances aggravantes », il retrouve lui-même le gardien-chef et rencontre un jeune – homme surnommé Albin avec lequel il entretient des relations homosexuelles. Admiré et respecté par les autres prisonniers, il tente plusieurs fois de s’évader et finit par tuer Delacelle au mois de novembre 1831, à la grande joie des détenus. Le directeur de prison note : « il a commis le crime pour soutenir sa réputation de Crâne, d’un redoutable ». Condamné à mort, il est exécuté à Troyes le 1er juin 1832, laissant à un public plus averti une image ambiguë de lui-même. Qui est exactement Claude Gueux ? Il se prétend illettré, mais il lui arrive d’écrire ; volontiers taciturne, il peut devenir à l’occasion un brillant orateur… On mesure ici la complexité du personnage ! D’après la Gazette des tribunaux (mars 1832) et le rapport du directeur de la prison de Clairvaux, Cité dans la NRP Hors série sur Claude Gueux, novembre 2005.