L’investissement public

L’investissement public

L’investissement public est un des principaux instruments de politiques économiques dans presque tous les pays du monde. A court terme, il est utilisé pour augmenter la demande globale et à long et moyen terme, pour la constitution des stocks de capitaux physiques et humains. Par contre, ces rôles sont à peine visibles à Madagascar. Voyons la situation du PIP à travers le budget que l’Etat y consacre. 1. Un budget d’investissement faible Bien que le gouvernement accorde une part importante de ces dépenses au PIP, le budget d’investissement est relativement faible, soit environ 400 000 dollars par an, 20 dollars par 1000 habitants, avant la crise de 20097 . Et par rapport au PIB, ce montant est l’un des plus faibles au monde. Ce montant suffirait à peine à financer la construction d’une route pavée entre Antananarivo et Fort Dauphin. Récemment, depuis la crise 2009, cette chute s’est encore dégradée, aggravant la situation. Cette faiblesse contribue alors à réduire son efficacité. Le pourcentage des investissements par rapport aux dépenses supérieur à 40 de l’année 2003 à 2008 s’explique par l’existence des financements extérieurs. Ainsi, notre budget est tributaire des aides extérieures. La part des investissements dans les dépenses de l’Etat de 2002 jusqu’ à 2010 est illustrée dans le tableau suivant : 7 Banque Mondiale, Septembre 2011, Revue des dépenses publiques, p 15 et Cf. Annexe 5 23 Tableau 2 Part des investissements dans les dépenses (% du total) 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 investis sement 33,5 42 49,6 48,5 48,1 40,9 41,5 29,6 28,7 Dépens es totales 100 100 100 100 100 100 100 100 100 2. Dépendance des investissements à l’aide extérieure Une autre situation de l’investissement à Madagascar est la dépendance de l’extérieur. des projets sont financés par les bailleurs de fonds8 , et ces derniers ont même beaucoup influé dans leur sélection, leur gestion voire exécution. Les faibles capacités techniques et humaines de la Direction du Budget favorisent ce comportement des bailleurs. Les principales causes de cette forte dépendance sont le manque de ressources internes, notamment en capital physique, et l’entrée massive des flux financiers provenant de l’étranger. Mais depuis la crise politique, la distribution de l’aide va vers les ONG et les communautés locales. Comme il a été dit plus haut que le pays manque de capital. Une récente étude du FMI a montré que ce sont les variations du stock de capital, et non les taux d’investissement qui déterminent la croissance. Quant à la politique d’investissement de l’Etat malgache, une partie du budget d’investissement inclut des dépenses qui ne sont pas en capital. En outre, les dépenses d’entretien sont négligées. Ainsi, les capitaux existants se détériorent rapidement. 3. Mauvaise allocation des investissements publics Généralement, l’objectif principal des autorités doit être la maximisation de la croissance. Pourtant, le budget n’est pas alloué pour maximiser ses effets sur la croissance économique. Le budget d’investissement s’est aligné suivant les priorités du MAP (infrastructure, développement rural et éducation) et a privilégié les activités conductrices de croissance jusqu’en 2008. Alors qu’à partir du début de la crise, les activités non productives ont pris un essor. Autrement dit, à 8 Cf. Annexe 4 Source : Banque Mondiale 24 partir de 2009, les activités se sont concentrées sur la solidarité nationale. Et les projets d’infrastructure notamment routiers ont été substitués à la construction d’hôpitaux, et d’équipements collectifs. Par ailleurs, la classification du budget par programme ou par objectif est encore absente à Madagascar, ce qui rend difficile l’évaluation des priorités gouvernementales et sectorielles des politiques. Pour pallier cette lacune, on a adopté à partir de 2008 un alignement où les fonctions sont groupées en 8 catégories, présentée dans le tableau ci-dessous. Tableau 3 Allocation des budgets voté et exécuté (% du budget) Budget voté Budget exécuté 2008 2009 2010 Moy. 2008 2009 2010 Moy. Agricult. Pêche, Forêt 12,4 14 11,6 12,7 15,3 14,4 9,1 12,9 Education, santé 20 23 18,9 20,6 16,4 28,7 9,2 18,1 Act. économiques, finances 2,5 3 0,8 2,1 3,5 1,3 0,3 1,7 Appui institutionnel 20,7 14,9 14,1 16,6 21,5 20,6 14,8 19 Equipements collectifs 7,1 3,8 28,4 13,1 4,9 1,2 54,7 20,3 Infrastructure 31,5 35,7 24,9 30,7 33,3 28,8 10,9 24,3 Environnement 3,5 3,2 0,9 2,6 1,6 1,4 0,5 1,2 Autres 2,2 2,5 0,4 1,7 3,4 3,6 0,6 2,5 Total 100 100 100 100 100 100 100 100 Le budget d’investissement que ce soit voté ou exécuté est largement concentré sur la période 2008-2010 dans les domaines infrastructure, domaines sociaux et appui institutionnel. Ces secteurs privilégiés représentaient 83% des investissements engagés. A travers ce tableau, on voit aussi qu’à partir de la crise, le budget en infrastructure a baissé. Ceci est dû au retrait des bailleurs de fonds, principaux financiers de ses projets. La hausse du budget exécuté en équipements collectifs en 2010 s’explique par les constructions de stades, d’hôpitaux et de logements à partir des fonds reçus en majeure partie par la société WISCO. Source : Banque Mondiale 25 SECTION II : Evolution de la croissance économique à Madagascar L’activité économique à Madagascar ne connaît pas un rythme de croissance stable, surtout dans les périodes allant de 2000 à 2011. En effet, à des périodes de fortes activités se succèdent des phases de ralentissement économique. 

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Evolution du PIB

Le taux de croissance économique est déterminé par le taux de croissance exprimé en pourcentage du Produit Intérieur Brut d’un pays. L’évolution de ce taux se présente comme suit : Figure 6 Variation du PIB aux prix constants 1984 On voit tout de suite sur cette graphique trois baisses du taux de croissance :  La première crise, celle de 2002 est la plus dévastatrice parce que le taux a atteint -12,7%. Cette dégradation de la production est apparue à la suite de la crise sociopolitique. Les grèves et les blocages des moyens de communication ont entraîné des arrêts d’activités, d’où un réel déséquilibre économique et une forte baisse de la production. L’impact de la crise s’est avéré très profond pour le secteur des services et des industries, notamment les entreprises de la zone franche. Par ailleurs, les pertes d’emplois et de revenus ont fait chuter la demande intérieure.  Le redressement de l’économie en 2003 a été encouragé par les relations avec les Etats-Unis dans le cadre de l’AGOA et la reprise de la demande. L’accroissement du PIB dépasse celui de la population. En effet, le PIB par habitant était de 7%  La baisse du taux en 2005 est de faible intensité par rapport à la première. Cette faible expansion de l’activité économique qui fait tomber le taux à 4,6% s’explique par le ralentissement de la demande intérieure et la détérioration des termes de l’échange. Par la suite, une hausse du PIB s’est apparue jusqu’en 2008 pour atteindre les 7,1%. Celle-ci est causée par les effets d’entraînement des investissements miniers.  Et la troisième crise qui s’ensuit encore jusqu’à maintenant est celle de 2009. L’économie malgache est entrée dans une période de récession due à la crise politique interne persistante. L’économie formelle a été fort frappée par la crise actuelle. De plus, les appuis des bailleurs ont diminué.

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