Les jeunes ont grandi à l’ ère numérique; on peut dire que cela défInit leur identité. Presque tous les adolescents du secondaire ont des ordinateurs à leur disposition. Ils naviguent sur le Web, communiquent par des réseaux sociaux, jouent et apprennent par ces moyens depuis l’ enfance. À ce sujet, Faucher et Richard (2009) constatent une «prédominance du cyberespace dans la culture des jeunes : elle favorise la circulation de l’information, la consommation, la récupération de pratiques, la construction d’identités multiples» (p. 157). En effet, les jeunes utilisent les blogues et interagissent sur les réseaux sociaux; ils consomment; ils consultent des tutoriels pour poursuivre leur création; ils construisent leur identité. Dans l’ ensemble, l’ élève utilise les TIC dans différents contextes : à la maison et à l’ école. Pour notre étude, nous nous concentrerons sur le contexte scolaire de l’utilisation des TIC.
Depuis 2001 , le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) du Québec propose l’intégration des technologies en classe afm de permettre à l’élève de développer ses compétences en matière de technologie. Dans le PFEQ, cette compétence se décline ainsi: exploiter les technologies de l’information et de la communication (gouvernement du Québec, 2001 , p. 47). Selon le programme, l’élève sera appelé à « utiliser les technologies appropriées » , à « tirer profit de l’utilisation de la technologie » et à « évaluer l’efficacité de l’utilisation de la technologie » (Ibid.) pour développer cette compétence. L’intégration des technologies dans la salle de classe permet à l’ élève de diversifier ses moyens d’ apprentissage, ce qui devient très stimulant pour lui. Les avancées technologiques des années 2000 permettent de nouvelles perspectives pédagogiques grâce à l’emploi du réseau Internet, de la page Web, du courriel et des forums de discussion. Dans ce contexte, J’ établissement scolaire où nous enseignons a mis sur pieds, en 2005, une politique visant à promouvoir l’utilisation d’ordinateurs portables chez les élèves et les enseignants. Ceci permet à l’ ensemble des enseignants d’utiliser les nouvelles technologies comme outils pédagogiques en présence des élèves, et ce, en tout temps. Pour faciliter l’application de cette politique, l’établissement a investi dans le réaménagement de locaux, dans J’ achat d’ordinateurs portables pour les enseignants, dans l’installation du réseau Internet ainsi que dans J’ achat de projecteurs et de tableaux blancs interactifs. L’école a fait le choix d’acquérir des logiciels et des applications libres de droits, disponibles gratuitement. À long terme, puisque le domaine technologique progresse rapidement, un investissement constant est prévisible pour que l’ école demeure à la fine pointe de la technologie.
Pour contrer le stress dû à l’application de la politique, l’école a mis en place des mesures de soutien aux usagers. Des techniciens en informatique soutiennent cette implantation en accompagnant et en formant les enseignants. De plus, tous les élèves ont un ordinateur portable en classe. Lors des réunions d’équipes, quelques collègues de travail ont exprimé des réserves ou des résistances face à l’utilisation des TIC en classe, en particulier au regard des stratégies pédagogiques. D’autres apprécient la politique d’intégration des TIC parce qu’ils considèrent qu’elle se rapproche de la réalité des jeunes et qu’elle les prépare adéquatement au monde du travail.
À la suite de cette intégration des ordinateurs portables, nous observons des disparités chez nos élèves, dans l’utilisation des TIC. Par exemple, certains ont une grande facilité à consulter des sites pour la recherche d’information; ils sont en mesure de bien « valider la fiabilité des sources », de bien « exploiter les périphériques mis à [leur] disposition », pour reprendre les mots du PFEQ (Ibid. , p.47). On voit aussi qu’ils s’en servent pour la création d’images; ils sont habiles pour modifier ou recomposer des images à l’aide de logiciels de traitement d’images tels que Gimp, Google Dessin ou d’autres applications similaires.
Dans notre pratique d’ artiste enseignante, nous avons constaté des différences dans l’utilisation de l’ordinateur chez nos élèves. Nous pensons que les élèves perçoivent certains avantages ou limites à choisir des procédés de créations numériques et nous désirons, à travers cette recherche, approfondir notre compréhension du phénomène.
C’ est pourquoi en 2009, nous nous sommes inscrite à la maîtrise en éducation. Nous pensons que les résistances peuvent faire obstacle à l’utilisation des TIC en arts plastiques. Dans les lignes qui suivent, nous explorons cette piste.
Quelques obstacles à l’intégration des TIC en arts plastiques
Nous allons mettre en relation quelques constats relatifs à la problématique d’intégration des TIC en arts plastiques. Certains chercheurs documentent le rapport qu’entretiennent les enseignants en arts plastiques avec les TIC .
Notre regard se pose entre autres, sur un continuum de six études réalisées au cours des quinze dernières années au sujet des obstacles à l’intégration des TIC chez les enseignants. D’ abord, une étude de Larocque (2001) porte sur la résistance de l’ enseignant en arts plastiques face à l’ ordinateur. L’auteure identifie un obstacle découlant des croyances entretenues par les enseignants à l’égard des technologies. L’auteure propose des mesures qui pourraient permettre aux artistes enseignants d’apprivoiser la technologie de l’ordinateur, grâce à l’entraînement par les pairs. Nous considérons favorablement cette pratique: Ensuite, Fairchild, Mullen et coll. (2002) identifient les réserves des artistes enseignants face à l’implantation des technologies. Les auteures expliquent que l’intégration des TIC en arts plastiques dépend de l’ouverture des enseignants face aux TIC. Parmi les indices de réserve, les auteures identifient la résistance au changement et l’opposition entre les courants artistiques traditionnel et technologique. Nous pensons que ces résistances trouvent peut-être écho chez les élèves.
Pour sa part, Pépin (2008) expose les difficultés rencontrées par les enseignants à propos de l’intégration des technologies. À la suite d’un sondage qu’il a réalisé auprès d’ artistes enseignants du Québec, l’auteur observe une difficulté d’intégration des technologies potentiellement liée à l’ évolution rapide des technologies. Cette difficulté semble aller en augmentant, car il y a « un ensemble de nouvelles technologies qui sont de plus en plus nombreuses et complexes» (p. 130). Bien qu’il concerne les pratiques éducatives liées à l’implantation du multimédia en arts plastiques au secondaire, ce sondage nous fait réfléchir aux difficultés pouvant être rencontrées par l’ élève quant à l’ abondance des moyens technologiques permettant de créer l’image numérique .
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