l’instauration de nutrition artificielle dans un Centre de Lutte Contre le Cancer

 L’instauration de nutrition artificielle dans un Centre de Lutte Contre le Cancer

Contexte et objectif de l’étude

La HAS en 2019 [16] et la Société Française de Nutrition Clinique et Métabolique (SFNCM) en 2021 [73] recommandent qu’une fois le diagnostic de dénutrition établi, et avant la prise en charge thérapeutique, l’évaluation des besoins nutritionnels, des ingesta, de la perte pondérale et un bilan ionique complet soient réalisés avant de débuter une nutrition artificielle de manière efficiente. Une fois ces examens effectués, si les apports oraux ne sont pas suffisants et que la supplémentation en CNO est un échec, la prise en charge doit être de préférence réalisée par voie entérale seulement si le bilan ionique est normal ou anormal mais supplémenté. A l’instauration, la voie parentérale ne doit être utilisée qu’en cas de contreindications à la voie entérale. Bien que la dénutrition influence négativement le pronostic du malade, la nutrition artificielle peut provoquer des complications qui doivent être prévenues avant d’être débutée [86], en particulier pour les patients à risque de syndrome de renutrition inapproprié. Ce syndrome doit être prévenu par une supplémentation en vitamines en particulier en thiamine, oligoéléments, et électrolytes, en particulier en phosphore. Le bilan biologique doit être normal à l’initiation. Dans ce contexte, il nous est apparu intéressant d’analyser les instaurations de nutrition artificielle au sein de l’IPC (CLCC) hors service de réanimation, grâce aux outils disponibles sur site, et de comparer les résultats aux recommandations des sociétés savantes afin d’évaluer la pertinence de l’initiation.

Matériel et Méthode 

Critères d’inclusion

Pour avoir un échantillon représentatif, tout en tenant compte de la recommandation la plus récente de l’HAS de 2019 sur la dénutrition [16], il a été choisi d’inclure tous les patients ayant eu une prescription de nutrition artificielle lors de leur séjour à l’IPC de janvier 2020 à février 2021. Etude rétrospective sur la pertinence de l’instauration de nutrition artificielle dans un Centre de Lutte Contre le Cancer – 67 – Afin de réduire l’échantillonnage, nous avons choisi d’étudier une centaine de patients au prorata des 13 services les plus consommateurs sur 25 dans l’ordre chronologique des initiations de traitement. Les patients exclus sont : – ceux ayant débuté en dehors de l’IPC – ceux ayant commencé en service de réanimation : en effet, le logiciel de prescriptions est différent du reste de l’établissement, le patient est en état d’agression, le bilan biologique est dans la majorité des cas perturbé, les patients ont des solutions de nutrition sans électrolytes mais avec une supplémentation adaptée ; enfin la priorité de la prise en réanimation pour un entrant n’est pas la nutrition mais de stabiliser dans un premier temps le patient. Pour les patients ayant un séjour itératif, seul le plus récent a été pris en compte.

Recueil de données

Les données recueillies dans le DPI étaient :  Des données démographiques : le sexe et l’âge  Des données relatives à la pathologie et l’âge : le(s) cancer(s) diagnostiqué(s), présence du score G8 et consultation gériatrique pour les patients de plus de 70 ans  Des données relatives à la prescription : UF de prescription, le type de nutrition artificielle (entérale ou parentérale) et la nutrition artificielle prescrite, la présence ou non de supplémentation en vitamines et oligo-éléments (obligatoire lorsque la nutrition parentérale est utilisée) dans la poche de nutrition parentérale ou dans la poche d’hydratation, thiamine et électrolytes (potassium, magnésium et phosphore)  Des données relatives au séjour d’hospitalisation : le motif d’hospitalisation, le motif de prescription de nutrition artificielle et le motif de la voie de prescription  Présence ou non du formulaire NUTRITICIBLE complet (consultation avec un aide-soignant + diététicien) ou incomplet (consultation seulement avec un aidesoignant)  Des données relatives au bilan biologique à moins de 48h de l’initiation de la nutrition artificielle : kaliémie, magnésémie et phosphorémie – 68 – Le dépistage des patients à risque de Syndrome de renutrition inapproprié a été réalisé en fonction des résultats du formulaire NUTRICIBLE et du bilan biologique et son apparition dans les 7 jours grâce aux compte-rendu d’hospitalisation présent dans le DPI. 

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Extraction des données sources

Nos données ont été extraites à partir du logiciel Hôpital Manager (HM, Softway Medical). Ce logiciel, dédié aux établissements de santé, constitue un système d’information complet et transversal. Il assure la gestion du dossier patient permettant aux équipes médicales et paramédicales de suivre toutes les étapes du parcours de soins du patient. Notre première extraction consistait à identifier toutes les primo-prescriptions de nutrition artificielle de janvier 2020 à février 2021.

Méthode d’analyse

Pour affirmer que l’instauration de la nutrition artificielle est pertinente, tout en respectant les recommandations, tous les critères ci-dessous doivent être présents :  Formulaire NUTRICIBLE présent, validé et complet  Bilan biologique complet et normal à l’initiation ou anormal mais supplémenté à l’exception des patients à risque de SRI ou le bilan doit être normal à l’initiation  Présence sur la prescription de Vitamines et Oligo-éléments (si nutrition parentérale prescrite)  Syndrome de renutrition inapproprié prévenu pour les patients à risque avec supplémentation en thiamine et électrolytes  Arbre nutritionnel respecté 3 Résultats Sur la période du premier janvier 2020 au 31 janvier 2021, 923 patients ont bénéficié d’une prescription de nutrition artificielle. Parmi ces 923 patients, 421 ont eu une prescription de nutrition entérale (45.6%) et 502 de nutrition parentérale (54.4%). 130 patients ont été analysés pendant notre étude au prorata des 13 services les plus consommateurs sur 25 dans l’ordre chronologique des initiations de traitement, soit du 28 octobre 2020 au 31 janvier 2021. L’objectif était d’analyser les patients ayant eu une – 69 – prescription la plus récente possible et la plus rapprochée entre eu afin de pouvoir les comparer par la suite. 23 d’entre eux ont été exclus (17.7%) : 7 (5.4%) pour avoir débuté dans un autre établissement et 16 (12.3%) pour avoir initié la NA en service de réanimation. L’analyse globale est donc réalisée sur un total de 107 patients.

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