L’instabilité du système financier international
Le système financier, qui comprend les institutions financières, les marchés financiers et les systèmes de compensation et de règlement, joue un râle important au sein de l’économie d’une nation. Un système solide et efficient peut contribuer grandement É la croissance économique. Toutefois, comme l’a montré l’expérience vécue par de nombreux pays ces dernières années, les lacunes que présente un système ne reposant pas sur des bases solides peuvent amplifier considérablement les difficultés provenant d’autres secteurs de l’économie, voire entraàner elles-mámes certains problèmes La crise financière constitue l’un des traits marquants de l’économie contemporaine. Mais les phénomènes d’instabilité et de crise financières ne sont pas nouveaux. Dans sa passionnante Histoire mondiale de la spéculation financière de 1700 É nos jours 2 ,Charles Kindleberger montre que les crises financières sont un éternel recommencement depuis que la finance a commencé É s’organiser dans le monde autour de pays tels que la Hollande, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la France. La forme concrète de l’instabilité financière se transforme au cours de l’évolution du capitalisme ; aux XVIIe et XVIIIe siècles, celle-ci s’identifie É la crise de la dette des souverains, É la spéculation sur le commerce des bulbes de tulipes É Amsterdam puis sur les actions de la Compagnie des Indes. Au XIXe siècle, l’instabilité s’étend aux Bourses de valeurs et prend également la forme de faillites bancaires retentissantes (crise de la Baring anglaise en 1890). Le XXe siècle connaàt les trois formes principales de crises financières : les krachs boursiers, les crises de change et les crises bancaires. Les krachs boursiers correspondent É l’éclatement d’une Ñ bulle spéculative Ö. Ils se caractérisent par un effondrement brutal des cours É la suite d’un mouvement de défiance qui amène la plupart des opérateurs É vendre leurs titres. Les krachs boursiers les plus connus sont ceux de 1929 et de 1987 qui éclatent sur la place financière de New York et se propagent sur les autres places financières. Les crises de change se traduisent par une baisse brutale du cours des monnaies É la suite d’attaques spéculatives. La notion de Systéme Financier International (SFI) suppose l’existence d’opérations financières internationales entre agents économiques résidents et non-résidents.le concept de stabilité financière qui correspond, comme l’a mentionné J P Patat (2000), É la situation dans laquelle le fonctionnement des différentes composantes du système financier et surtout leurs relations réciproques s’effectuent de manière saine et sans É-coups brutaux3 , celui de l’instabilité financière, par opposition, renvoie É une situation dans laquelle les banques et les autres intermédiaires financiers évoluent dans un contexte de turbulences et de fragilités de type conjoncturelles ou/et structurelles. Cette instabilité débouche, le plus souvent, sur des situations de crises bancaires4 , elles-mámes É l’origine du déclenchement des crises financières (des crises de change et des crises de marchés boursiers). Dès lors, la question de la stabilité financière a fait l’unanimité en tant que bien public mondial et la coopération internationale s’avère une nécessité pour la mise en place d’un système financier stable.
Les Formes et explications de l’instabilité financière
Les économistes ont cherché depuis longtemps É expliquer les raisons qui sous-tendent les phénomènes d’instabilité et de crises financières. Deux courants de pensée s’opposent É ce sujet : il y a, d’un câté, les théoriciens qui ont une vision optimiste du fonctionnement de la sphère financière et qui considèrent que, dans les circonstances habituelles, les marchés fonctionnent bien et tendent É converger spontanément vers l’équilibre. Pour eux, l’instabilité et les crises financières correspondent É des épisodes exceptionnels et sont généralement causées par des facteurs exogènes, c’est-É-dire extérieurs É la sphère financière, tels que des politiques publiques inadaptées. Le second courant de pensée considère, au contraire, que l’instabilité et les crises financières sont endogènes, c’est-É-dire inhérentes au fonctionnement máme de la finance et de l’économie de marché. Selon cette conception, les comportements des agents économiques et les imperfections des marchés sont É l’origine des dysfonctionnements récurrents de la finance.
Marchés efficients et bulles spéculatives rationnelles
Les crises financières sont assimilées É des dysfonctionnements des marchés entraànant une déviation par rapport au modèle de référence de l’efficience. L’hypothèse d’efficience correspond É une conception du marché selon laquelle les prix incorporent É chaque instant toutes les informations disponibles. Postuler l’efficience, c’est admettre que les marchés sont organisés de telle sorte que tous les opérateurs bénéficient, sans coÜt et instantanément, de la máme information. Le prix de marché ne peut se modifier que par l’arrivée d’une nouvelle information. Par ailleurs, on suppose que les opérateurs font des Ñanticipations rationnellesÖ au sens oã ceux-ci savent interpréter correctement l’information gréce É l’analyse économique. Cette rationalité garantit que les opérateurs ne commettent pas d’erreur de prévision systématique. L’efficience des marchés n’empáche pas l’instabilité des prix. Des Ñ bulles spéculatives rationnelles Ö sont possibles (Blanchard et Watson, 1984)6 . Ces bulles correspondent É l’écart durable et croissant entre le prix du marché et la valeur fondamentale d’un actif, celle qui, par exemple, définit le prix d’une action comme la valeur actualisée des dividendes futurs anticipés. Une bulle spéculative naàt et disparaàt d’une manière imprévisible car son évolution ne dépend d’aucun facteur lié aux déterminants fondamentaux des prix. Les bulles sont expliquées par le caractère Ñ autoréalisateur Ö des anticipations : les spéculateurs achètent des titres dont ils anticipent la hausse, ce qui fait monter les cours des titres en question. Ces bulles sont Ñ rationnelles Ö dans la mesure oã l’évolution des prix valide les anticipations. Cette interprétation des bulles financières comporte d’importantes limites. Elle ne permet pas, comme d’ailleurs la plupart des théories, d’expliquer les mécanismes qui sont É l’origine de l’éclosion puis de l’éclatement des bulles. Par ailleurs, si les agents étaient vraiment rationnels, ils raisonneraient sur un horizon suffisamment long pour intégrer le fait que les bulles finissent toujours par éclater, ce qui devrait réduire leurs ardeurs spéculatives