L’insomnie chronique du sujet âgé par les médecins généralistes
Introduction : Le sommeil est primordial. Nous y consacrons un tiers de notre vie. Il a une fonction récupératrice, intervient dans les systèmes immunitaire et cognitif. Le sommeil est en constante évolution et, avec le vieillissement, sa qualité peut être diminuée. Avec une prévalence de 15 à 20% en France, l’insomnie chronique est un des troubles du sommeil. Sa prise en charge thérapeutique repose sur des traitements médicamenteux et non médicamenteux dont la thérapie cognitive et comportementale (TCC). Or, la fragilité et les potentielles comorbidités des sujets âgés les rendent sensibles aux médicaments. L’objectif de notre étude était d’évaluer l’offre de soins proposée par les médecins généralistes aux patients âgés souffrant d’insomnie chronique afin de déterminer la place de la TCC dans celle-ci. Les objectifs secondaires étaient d’une part d’analyser l’hygiène de vie liée au sommeil des patients et d’autre part de déterminer leur satisfaction vis-à-vis de leur prise en charge. Matériels et méthode : L’étude était observationnelle, descriptive et multicentrique menée du 5 Juin au 1er Octobre 2020. Les patients de plus de 65 ans, sans troubles cognitifs, déclarant présenter une insomnie évoluant depuis plus de trois mois et pour laquelle ils avaient consulté leurs médecins généralistes étaient inclus. Des entretiens individuels ont été réalisés afin de recueillir leurs réponses. Résultats : 31 patients ont été inclus. 87% de l’effectif était féminin, l’âge moyen était de 84,4 ans et 20% des patients étaient institutionnalisés. 84% de l’effectif prenaient un traitement médicamenteux pour la correction de l’insomnie et dans 96% des cas il s’agissait d’une benzodiazépine ou d’une molécule apparentée. Les patients avaient des durées de prises médicamenteuses supérieures à 1 an dans 80% des cas. 69% de ceux qui prenaient un traitement n’avaient jamais fait de tentative de sevrage. Les patients étaient plutôt satisfaits de leur traitement médicamenteux. A une très forte majorité (97%) les patients ne connaissaient pas la TCC. Seuls 13% étaient prêts à tenter cette approche pour traiter leur insomnie. Les difficultés d’endormissement (71%) et les réveils nocturnes (51%) étaient les plaintes les plus fréquentes. Les causes de réveils étaient majoritairement les nycturies, les douleurs et les impatiences des membres inférieurs. 26% des patients faisaient une sieste quotidiennement. Concernant la prise en charge de leur insomnie, les patients étaient « satisfaits » dans 58% des cas. Conclusion : Dans la grande majorité des cas, un traitement médicamenteux pour lutter contre l’insomnie chronique était présent. Les TCC, pourtant traitement de première intention, n’étaient jamais proposées et les patients n’étaient pas désireux de les tester. Mots clés : insomnie – sujet âgé – thérapie cognitive et comportementale
Objectif principal : L’offre de soins des médecins généralistes
Les aides diagnostiques et thérapeutiques de l’insomnie
Aucun des patients inclus n’a bénéficié de la réalisation d’un agenda du sommeil, d’une actimétrie ou d’une polysomnographie. 2 patients (100%) avaient eu accès à une polygraphie ventilatoire, il s’agissait de patients en état d’obésité avec des Indices de masse corporelle à 35 et 41. Un de ces patients était suivi pour un syndrome d’apnée du sommeil appareillé. A noter qu’aucun des patients n’avait consulté dans un centre du sommeil. 26% avaient bénéficié de l’intervention d’un autre intervenant qui ne soit pas leur médecin généraliste pour la prise en charge de leur insomnie, on dénombrait 4 patients (50%) ayant bénéficié de l’aide d’un psychothérapeute (Figure 6). 74% 26% 15% 11% 4% 4% 0% 20% 40% 60% 80% 100% Nycturie Douleurs Impatience des membres inférieurs Ne se prononce pas Reflux gastrique Dyspnée Etiologies des réveils 17 Figure 6. Outils d’aide au diagnostic et intervenants ayant participé à la prise en charge
La prise en charge médicamenteuse 30% des patients avaient déjà eu recours à des traitements médicamenteux qui n’étaient pas des benzodiazépines ou des molécules apparentées, mais aucun d’entre eux ne prenait ces traitements non benzodiazépines au moment de l’étude (Figure 7). Figure 7. Patients déclarant avoir déjà eu recours à des traitements qui n’étaient pas des benzodiazépines ou molécules apparentées
Prise de médicaments non hypnotiques
Pas de médicament non hypnotique Phytothérapie Euphytose Homeopathie 18 84% des patients (n=26) étaient traités de façon médicamenteuse pour leur insomnie. Un répondeur parmi ceux n’ayant pas de traitement déclarait que son médecin refusait de lui en prescrire. 5 patients (19%) prenaient 2 traitements médicamenteux pour les aider à améliorer leur sommeil. 46% avaient pour traitement des composés Z, Zopiclone (Imovane®) ou Zolpidem (Stilnox®) associé ou non à une autre benzodiazépine (Tableau 7).
I. RESUME |