Apports de recherches et perspectives
Notre démarche repose sur de nombreuses expérimentations menées en parallèle, au sein du service Aides Techniques de l’AFM et en partenariat avec différents industriels, laboratoires, écoles, institutions, etc. Elle vise à étudier plus particulièrement la phase amont du processus de conception dans le cadre de produits destinés aux personnes atteintes de myopathies mais pas seulement. En effet, notre méthodologie repose sur le principe que ces produits doivent être utilisables et acceptés par d’autres clients pour pouvoir être accessibles et acceptés par notre cœur de cible. Cette notion renvoie directement à celle de marché de niche et d’approche de niche marketing qui consiste à concevoir un produit pour un segment d’utilisateurs ciblés en vue de pouvoir l’étendre à d’autres clientèles. Pour y parvenir, nous avons observé qu’il fallait d’abord très bien connaître les caractéristiques et les attentes de notre cœur de cible. Or, les constats issus de l’Etat de l’Art ont mis en exergue cette lacune, ce qui nous a amené à proposer une méthodologie d’expression des besoins en autonomie comme première expérimentation. À partir de ce portefeuille d’innovations, l’équipe projet du service Aides Techniques a développé et participé à différents projets qui nous ont permis d’expérimenter notre méthodologie de conception participative, centrée sur les besoins des utilisateurs et adaptée au contexte de marché de niche (i.e. permettant l’extension du marché de niche au marché de masse par l’extension de l’acceptabilité du produit du cœur de cible vers d’autres segments d’utilisateurs potentiels). Notre démarche s’inspire donc des méthodes de conception existantes qui intègrent la notion de diversité grâce d’une part, à l’utilisation d’une architecture modulaire de famille de produits et d’autre part, à l’intégration de la dimension stylistique comme vecteur d’extension de l’acceptabilité sociale. Ce chapitre synthétise, ainsi, nos apports de recherche issus de notre Etat de l’Art et de nos expérimentations mais également, propose une ouverture sur des perspectives en lien avec d’autres voies d’extension du marché de niche au marché de masse, moins explorées dans ces travaux de recherche: le transfert de technologies et l’extension du circuit de distribution.
En effet, l’innovation produit au sein de l’AFM, et plus particulièrement au service Aides Techniques, n’avait jamais vraiment été développée et pérennisée organisationnellement et humainement. Le premier apport a donc été de structurer les compétences en interne et de compléter les manques par des partenariats avec des écoles d’ingénieurs, de designers, etc. L’innovation est alors devenue l’activité centrale du service basée sur une transversalité des savoirs et des compétences de chaque acteur métier (technicien, ergothérapeute, ingénieur, docteur roboticien, designer, ergonome, etc.). « consolider les idées d’innovation, de stimuler la créativité dans les autres services et d’identifier les nouvelles tendances produits » [230]. C’est une organisation ouverte qui collabore avec les métiers au sein de son propre service (e.g. atelier de maintenance, observatoire des pannes et des litiges, clinique de positionnement, veille technologique) mais également avec les autres directions (e.g. départements des actions médicales, des actions auprès des familles, etc.) et le réseau de proximité de l’association (e.g. services régionaux, délégations, groupes d’intérêts, etc.). « Elle recueille, évalue, valorise, intègre et diffuse les idées d’innovations » [230] qui émergent des besoins des familles, des autres départements ou de la stratégie de l’association. Elle est pilotée par un comité, responsable de la stratégie de l’organisation : dans le cas de l’AFM, le comité de pilotage des projets est le Conseil d’Administration. La cellule d’innovation est constituée d’une petite équipe pluridisciplinaire, composée d’un noyau permanent (e.g. ingénieur, technicien de maintenance, ergothérapeute, chef de projet) autour duquel gravitent d’autres acteurs temporaires (e.g. ergonome, ingénieur, designer) [230]. Elle a les moyens de passer de l’idée à la maquette afin de pouvoir transférer le projet à un bureau d’études pour la conception détaillée.