L’innovation dans le système éducatif
Les modèles de l’innovation : A. Le Modèle de Joseph Schumpeter : « la théorie de l’inventeur- l’innovateur » : ce dernier considérait le processus d’innovation comme un élément central pour la compréhension de la croissance économique. Schumpeter a le mérite d’être le précurseur pour avoir mis les soubassements d’une théorie économique dans laquelle la technologie et l’innovation jouent un rôle central (H.G.AUBREY, 1961; W.R.MACLAURIN, 1962). Les thèses principales de Schumpeter se résument dans l’idée simple que le changement technique est largement endogène à l’activité économique(C. LE BAS, 1995). Par ailleurs, Schumpeter accorde un rôle primordial à l’émergence de « grappes technologiques » qui les a défini dans son ouvrage intitulé »Business Cycles» publié en 1939 comme « une intrusion dans une structure productive, des nouvelles combinaisons commerciales » (A.PEETERS, D.STOKKINK, 2002). 122MARSOLLIER Christophe, L’innovation pédagogique :ses figures, son sens et ses enjeux, IUFM de la Réunion, 2002, p.6 123 MARSOLLIER Christophe , Op.cité,, p.13 L’innovation technologique comme outil pédagogique de développement de la formation dans le système éducatif algérien. Cas de la wilaya de Tlemcen Partie II : L’innovation pédagogique Chapitre III : L’innovation dans le système éducatif 122 B. Le Modèle de Nelson et Winter (1982) : Ces derniers sont considérés comme les pères fondateurs de la pensée évolutionniste. Pour eux, la technologie est un processus interactif, cumulatif et incrémental; parmi les idées maîtresses de Nelson et Winter également, la thèse qui stipule que «l’évolution de la technologie n’est pas un processus hasardeux ou aléatoire, mais elle suit des paradigmes ou trajectoires déterminées par des interactions de facteurs scientifiques et technologiques et économiques » (P.COHENDET et al, 1997). C. Le Modèle de Bengt Lundvall (1990): LUNDVALL a le mérite d’être l’un des auteurs les plus appréciés qui ont travaillé d’une manière approfondie sur le concept du « système national d’innovation » (SNI), à coté de RICHARD NELSON (1987, 1988), MICHAEL PORTER (1990) et CHRISTOPHER FREEMAN (1987). Dans l’une des analyses qui ont un lien avec les théories standards, LUNDVALL (1992) stipule que dans les modèles d’économie standard, les innovations apparaissent comme un événement extraordinaire venant de l’extérieur, elles perturbent temporairement l’équilibre général. Pour BENGT A. LUNDVALL (1997) il était impératif et nécessaire de faire une révision radicale des hypothèses néoclassiques de base pour faire apparaître, pourquoi le système national d’innovation (SNI) est un concept analytique intéressant.
Le modèle de Bonami (1996)
Selon BONAMI (1996), le changement positif dans une institution d’enseignement relève de la combinaison de trois stratégies : (1) une stratégie d’imposition de normes, dite de « standardisation »; (2) une stratégie de formation du personnel, dite de « professionnalisation »; (3) une stratégie d’encouragement à l’émergence et au développement, dite « d’innovation ». L’imposition de normes nouvelles est susceptible de modifier les pratiques et, par l’engagement des personnes dans les pratiques nouvelles, de modifier leurs représentations. Cependant, tout souhait de changement curriculaire de la part d’autorité en place ne peut favoriser le changement et le maintenir que dans la mesure où il est accompagné d’un respect des représentations des acteurs et qu’il suscite l’innovation. E. Le modèle de Charlier, Bonamy et Saunder (2002) : Comme le souligne CHARLIER (2000, p. 87), « le choix d’offrir un dispositif de formation intégrant les usages du cyberespace est souvent lié à la pression de l’environnement : évolution des ressources offertes par les technologies et transformation concomitantes des besoins de formation ». Cette pression donne lieu à des innovations qui, selon les missions et contextes des organismes, sont plus ou moins en rupture avec les pratiques antérieures : soit les « anciens » dispositifs disparaissent; soit « anciens » et « nouveaux » dispositifs coexistent et suscitent des questionnements -voire une certaine anomie; soit enfin les « nouveaux » dispositifs sont le fruit d’une évolution continue par rapport aux « anciens ». Etudiant le projet Learn-Nett et la manière dont ce projet avait été introduit dans les universités partenaires européennes, ces auteurs distinguent trois modalités d’adoption et d’intégration, trois dynamiques particulières : une dynamique de transition, d’adaptation et d’addition. Cette typologie, fruit de l’analyse de projets complexes dans des contextes organisationnels chaque fois uniques, constituent un outil d’aide à la conceptualisation d’invariants dans un univers où foisonne la nouveauté. Voici quelques extraits de la description qu’en font les auteurs (op.cit.: 72-80). · Dynamique de transition La transition caractérise la dynamique des universités dans lesquelles une pratique pédagogique antérieure (travaux pratiques réalisés sous forme de projet) existe, une insertion horaire de l’expérience est possible dans les cours (au moins trente heures) et un projet d’expérimentation de l’enseignement à distance est formulé par l’enseignant (et le plus souvent une équipe enseignante) soutenu par son institution. Cette dynamique peut être décrite en trois étapes : a) l’identification des conditions d’intégration dans le curriculum ; b) la perception des risques et des valeurs ajoutées liées ayant pour conséquence des ajustements tant organisationnels que pédagogiques ; ) cl’intégration de la pratique de collaboration tant au niveau local (les cours) que de celui du réseau. · L’innovation technologique comme outil pédagogique de développement de la formation dans le système éducatif algérien.
Dynamique d’adaptation
L’adaptation caractérise la dynamique des universités dans lesquelles : a) aucune pratique congruente n’existait au préalable ; b) une insertion horaire de l’expérience était possible sans pour autant être toujours suffisante ; c)un fort projet lié à l’expérimentation de pratiques pédagogiques nouvelles et des TIC était formulé par l’enseignant (souvent seul) soutenu par son institution.