L’innovation au service de la performance de l’entreprise
Généralités sur la notion de performance
Qu’est-ce que la performance de l’entreprise ? a. Origines du mot « performance » : Lors de ses recherches effectuées sur les origines du terme « performance », Annick Bourguignon trouve que le mot « performance » a été utilisé pour la première fois au milieu du 19ème siècle, dans le domaine sportif, pour désigner les résultats obtenus par un cheval de course d’une part, et le succès remporté dans une course d’autre part. Ensuite, il signifiait les résultats et l’exploit sportif d’un athlète. Au cours du 20ème siècle, il a été introduit dans le domaine industriel, en indiquant de manière chiffrée les capacités d’une machine et signifiant par extension un rendement exceptionnel1 . En fait, le mot « performance » tire ses origines de la langue française, comme le soulignent A.Dohou et al, « le mot performance dans son acception française du 19ème siècle dérive du mot anglais performance (fin du 15ème siècle), qui désignait la réalisation, l’accomplissement et l’exécution. Mais cette définition anglaise est empruntée au moyen français « parformance » qui provient de l’ancien français du 13ème siècle et qui signifiait accomplir, exécuter »2 . Par ailleurs, P. Vernazobres voit que selon A. Bourguignon le mot « performance » est un « mot valise », car c’est un terme générique qui englobe plusieurs sens et qui peut faire l’objet de diverses interprétations.
L’efficacité et l’efficience : les deux mamelles de la performance
L’efficacité et l’efficience sont parmi les principaux critères adoptés par les managers, pour refléter la performance d’une entreprise. Comme le souligne L. Suery, la performance organisationnelle se définit par rapport à sept critères : « l’efficacité, l’efficience, la qualité, la profitabilité, la productivité, la qualité de vie au travail et l’innovation »1 . Pour éviter la confusion entre l’efficience et l’efficacité, nous devons faire une distinction entre ces deux concepts. * L’efficacité : consiste à mesurer le degré de réalisation d’objectifs donnés2 . Donc, une activité est jugée efficace, dans la mesure où les résultats sont conformes ou se rapprochent le maximum des objectifs préalablement fixés. L’évaluation de l’efficacité nécessite la présence d’objectifs bien déterminés, car sans objectifs l’efficacité ne peut s’observer. Efficacité = Objectifs réalisés / Objectifs prévus * L’efficience : consiste à maximiser la quantité obtenue de produits ou de services à partir d’une quantité donnée de ressources4 . De ce fait, une activité est efficiente dans la mesure où elle utilise peu de ressources pour obtenir de meilleurs résultats. Efficience 5 = Objectifs réalisés / Ressources utilisées De ces définitions, il en ressort que l’efficacité nous permet de savoir uniquement le degré de réalisation des objectifs par l’entreprise, sans dévoiler comment elle les a réalisés, car cette question relève du domaine de l’efficience, qui reflète le mode d’utilisation des ressources dans l’accomplissement des objectifs prédéfinis. Enfin, il est à noter qu’une entreprise peut être efficace, lorsqu’elle atteint les objectifs assignés, mais peut être en même temps inefficiente, lorsqu’elle atteint ses objectifs au prix d’une « surconsommation » de moyens
La performance : une combinaison du couple coût -valeur
Au cours des années 80, la notion de la performance organisationnelle, a dépassé l’approche purement financière visant la réduction des coûts de production, pour passer à une nouvelle approche centrée sur le client et la création de valeur pour ce dernier. Aujourd’hui, la combinaison de ces deux dimensions, est jugée nécessaire pour la performance de toute entreprise. Françoise Giraud et al, nous ont expliqué l’évolution de la notion de performance organisationnelle, suivant trois phases1 : 1. Performance et réduction des coûts : Au début des années 60, la performance était considérée comme la capacité d’une entreprise à utiliser ses ressources de façon efficiente, afin d’atteindre ses objectifs. En d’autres termes, la performance de l’organisation était appréhendée comme une minimisation des coûts de production, par le biais d’une utilisation rationnelle des ressources financières, humaines, matérielles et immatérielles (savoir-faire et brevets). Cette conception de la performance était pendant longtemps adoptée par les grandes entreprises, ayant pour objectif la production de masse pour une vente de masse, en s’appuyant sur la maîtrise des prix des produits, exigeant une bonne maîtrise des coûts de production. 2. Performance et production de valeur : Avec l’avènement du marketing et le développement des stratégies de différenciation, la concurrence par la réduction des prix s’est avérée insuffisante pour assurer le succès des entreprises. Dans ce nouveau contexte de fonctionnement, une entreprise est jugée performante quand elle crée de la valeur pour ses clients. Cette valeur se manifeste par une production matérielle (haute qualité, sécurité, etc.), ou par une production immatérielle (service, image, etc.). Cette conception de la performance a marqué les années 80, avec le développement des démarches qualité, plaçant le client au centre de préoccupations de l’entreprise.