L’influence des activités socio-économiques sur les habitats camarguais

L’influence des activités socio-économiques sur les habitats camarguais

La Camargue s’étend sur une surface de 145 300 hectares entre les golfes d’Aigues-Mortes et de Fos-sur-Mer selon un delta de forme triangulaire dont le sommet se situe au niveau de la ville d’Arles et dont la base s’étale sur 80 kilomètres de côte sableuse d’est en ouest. La Camargue est drainée par le Rhône qui se divise en deux bras : le Grand Rhône drainant 80 % du territoire et le Petit Rhône qui draine seulement 15 % et qui tend à s’envaser à son embouchure près des Saintes-Maries-de-la-Mer. Ces deux bras divisent notre zone d’étude en trois secteurs : à l’ouest, la Petite Camargue Gardoise qui s’étend jusqu’aux Costières de Nîmes, au centre la Grande Camargue ou Ile de Camargue, et à l’est le Plan du Bourg sur une zone allant de la ville d’Arles jusqu’à la mer et à la plaine de la Crau (Figure 1). Le Petit Rhône constitue une limite administrative avec à l’Est les Bouches-du-Rhône et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et à l’ouest le Gard et la région Languedoc-Roussillon. Le climat observé en Camargue est typiquement méditerranéen et caractérisé par une période estivale longue, chaude et sèche, des hivers doux et un ensoleillement important. Les précipitations sont mensuellement irrégulières et inter-annuellement très variables (Chauvelon, 1996). « Plus de 200 mm d’eau peuvent tomber en deux ou trois jours et être suivis de plusieurs semaines totalement sèches notamment au printemps » (Chauvelon et Mathevet, 2002). Les saisons les plus humides sont, en effet, le printemps et l’automne. Le mois le plus froid est janvier (6.3°C normale 1944-1994) et le mois le plus chaud est juillet (22.8 °C normale 1944-1994). Les vents sont courants (plus de 300 jours par an) et violents (25 jours par an à plus de 80 km/h) avec une prédominance du mistral (NNW) qui participe à limiter la nébulosité et l’hygrométrie des vents marins. L’évaporation liée aux températures estivales élevées, à l’ensoleillement et à la violence des vents est responsable d’un déficit hydrique qui s’étend généralement de mars à septembre (Chauvelon, 1996). L’évaporation totale est de 1200 mm par an, elle est ainsi responsable d’un déficit hydrique de 600 mm par an qui peut atteindre 200 mm en saison estivale (Chauvelon, 1996). Le bassin versant du Rhône occupe une superficie de 95 500 km². Il est l’un des fleuves les plus importants d’Europe occidentale. Il s’écoule sur 812 km. En France, il parcourt 517 km pour se jeter dans la mer Méditerranée par son delta, la Camargue. On lui a souvent attribué lsurnom de « fleuve fantasque » car il se situe au 48ème rang mondial par son débit (moyenne interannuelle de 1700 m3/s mesuré à Beaucaire) ce qui lui vaut la capacité d’écouler 54 km3 d’eau par an en moyenne. Il constitue ainsi le plus important apport fluvial à la Méditerranée  (1/6 des apports totaux). Depuis la seconde moitié du 19ième siècle, l’homme a tenté de contrôler le cours du Rhône par une succession d’aménagements (Figure 2) d’abord destinés à améliorer les conditions de navigation, puis voué à limiter les inondations à la suite de la crue générale la plus simple mais la plus brutale qu’ait connu le Rhône en 1856 avec un débit  maximal estimé à 12500 m3/s à Beaucaire (Pardé, 1925, Bravard, 1987, Dambre et al., 1994, CARE, 1999, Fruget, 2003, CNR, 2004). Ainsi, « en l’espace d’un siècle environ, le cours d’eau est passé d’un style géomorphologique tressé à une succession de biefs aménagés » (Fruget, 2003).

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La plaine de Camargue, légèrement inclinée du nord vers le sud (pente de 1,7.10-4) et dépassant rarement les 5 mètres d’altitude, a une origine alluviale récente. « Le sous-sol pourrait être comparé à un gigantesque « mille-feuilles » composé de couches successives d’alluvions fluviatiles, marines, ou encore palustres » (Molina, 1996). Cette rencontre du Rhône et de la mer permet de distinguer trois éléments géomorphologiques. La « Haute Camargue », d’origine fluviale, au nord de l’Etang du Vaccarès, prend la forme d’une série de bourrelets alluviaux avec des marais d’eau douce dans les dépressions. La « Moyenne Camargue », formée de processus incluant les étangs et le fleuve, est sous l’influence de l’eau salée. La gamme de salinité y est très large, on y trouve de vastes zones déprimées, marécageuses ou palustres. La « Basse Camargue », d’origine laguno-marine, est un complexe de lagunes saumâtres, de sansouïres, de zones périodiquement inondées qui sont très fortement halomorphes. 5 – Brève histoire de l’occupation du sol camarguais L’occupation du sol en Camargue est marquée par quatre grandes périodes de son histoire (Mathevet, 2000, PNRC, 2001).

 

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