L’incidence du régime de taux de change et d’un déséquilibre du taux de change sur la
performance économique
L’incidence du régime de taux de change sur la performance économique
L’évolution de l’économie mondiale laisse apparaître que les pays sont de plus en plus liés les uns aux autres par des flux commerciaux et financiers. Et bien que la théorie n’établisse pas encore une relation explicite entre le régime de taux de change et la performance économique, le fonctionnement du régime de taux de change reste une dimension incontournable de la politique économique. En règle, générale, une bonne politique ou un régime de taux de change adéquat améliore la performance économique tandis qu’une mauvaise politique ou un mauvais régime de taux de change la détériore. Cela est d’autant plus vrai que de nos jours, une politique mise en place déterminera en partie ou pour le tout, l’efficacité des autres instruments de politique économique. Le régime de taux de change ne déroge pas à la règle et selon qu’il sera fixe ou flexible, il amplifiera ou atténuera les effets des politiques budgétaires et monétaires sur la croissance et l’inflation. L’incidence du régime de taux de change et d’un déséquilibre du taux de change sur la performance économique.
L’incidence du régime de taux de change sur l’inflation
Dans la lutte contre l’inflation, le régime de taux de change fixe a traditionnellement été considérée comme supérieur au régime de taux de change flexible. Des études empiriques menées par Caramazza et Aziz (1998) montrent, en effet, que l’inflation a été systématiquement plus faible et plus stable dans les pays à régimes de taux de change fixe, que dans ceux à régime de taux de change flexible, bien que cette différence de performance n’ait plus été significative depuis le début des années 1990. Cet aspect nous amène à soulever le questionnement suivant : Comment Peut-on expliquer la meilleure performance du régime de change fixe par rapport au régime de change flexible par rapport à l’inflation ? La réponse à cette question peut être résumé dans les trois points ci-après : i) L’explication majeure de la meilleure performance du régime de taux de change fixe par rapport au régime de taux de change flexible en ce qui concerne l’inflation réside dans la discipline qu’implique l’adoption d’un régime de taux de change fixe. En effet, les pays pratiquant un régime de taux de change fixe ont une plus faible croissance de la masse monétaire (offre de monnaie). L’autre explication est que la fixité du taux de change, en rehaussant la confiance dans la détention de la monnaie du pays considéré, incite à une forte demande de monnaie (le désir de la détenir plutôt que de la dépenser) pour une offre donnée, ce qui contribue à maintenir une faible inflation. iii) La conjonction de ces deux phénomènes peut être appréhendée dans la faible vitesse de circulation de la monnaie et la diminution rapide des taux d’intérêts, qui peuvent même tomber jusqu’au niveau mondial si la fixité est parfaitement crédible. Les résultats établis pour l’inflation des prix domestiques sont légèrement différents de ceux des taux d’intérêt en ce qui concerne les pays à faible revenu. Les pays, ayant un régime de taux de change intermédiaire entre fixité pure et flexibilité pure, connaissent en général des taux d’intérêts plus élevés que partout ailleurs. Toutefois, les taux d’intérêts réels suivent la même logique que celle des prix. Après l’étude de l’effet du régime de change sur l’inflation, Il est très intéressant de voir, quel est l’impacte du régime de change sur la confiance des agents économiques ? Nous reformulons la question Autrement : Peut –on évaluer « l’effet confiance » des régimes de change ? Ghosh et al. (1996) montrent, en observant les résidus de l’inflation, lorsqu’on lui enlève les effets dus à la croissance, à la variation de la masse monétaire et aux taux d’intérêts, que le régime de taux de change a un impact sur la confiance des agents économiques. Un régime de taux de change fixe donne une plus grande confiance qu’un régime intermédiaire qui lui à son tour donne une plus grande confiance qu’un régime de taux de change flottant. Ce différentiel en faveur du régime de taux de change fixe est plus important dans les pays à faible revenu que dans l’ensemble des pays ne pratiquant pas de contrôle de capitaux. D’où, un contrôle de capitaux diminue la confiance qu’ont les agents dans un régime de taux de change. Par ailleurs, la variabilité de l’inflation est plus faible dans un régime de taux de change fixe que dans un régime de taux de change flexible. Nous avons expliqué au début de ce paragraphe, que l’adoption d’un régime de change fixe conduit à une inflation faible. Cela, nous pousse à poser la question suivante : Existe-il une relation de causalité entre régime de change fixe et inflation faible ? Cette question nous conduit à poser deux autres questions: Fixer le taux de change entraîne-t-il une inflation plus faible ? Les pays à faible inflation sont-ils plus aptes à maintenir un régime de taux de change fixe ? Nous savons qu’un pays, pratiquant une politique monétaire imprudente, ne saurait maintenir longtemps un régime de taux de change fixe et le principal argument en faveur du régime de taux de change fixe est qu’il incite à une plus grande discipline monétaire. Mais nous ne savons pas toujours si d’autres variables (indépendance de la banque centrale par exemple) déterminent à la fois la prédisposition pour un pays à avoir une faible inflation et sa capacité à adopter un régime de flexibilité du taux de change. En utilisant des résultats économétriques, Ghosh et al. (1996) arrivent à la conclusion selon laquelle les pays à faible taux d’inflation ont une tendance prononcée pour la fixité du taux de change, mais aussi dans l’autre sens, la fixité du taux de change conduit à une inflation plus faible. Le sens de la causalité est d’autant plus difficile à établir que des variables non monétaires, telles que le déficit fiscal chez Boccara et Devarajan(1993) , la variation des prix relatifs et le degré de libéralisation des prix chez Cottarelli, Griffitths et Moghadam (1998) ont une influence significative sur l’inflation. Les taux de change fixes sont associés à une performance significativement meilleure, en termes d’inflation, que les taux de change flexibles. Il y a de toute évidence, une relation causale; mais une mise en garde s’impose : les pays qui modifient fréquemment leur parité, en maintenant nationalement un régime de taux de change fixe, ne sont pas à même de récolter tous les bénéfices anti-inflationnistes d’un régime de taux de change fixe.
L’incidence du régime de taux de change sur la croissance
Aborder ce type d’incidence revient à examiner la relation causale entre le choix de régime de change et la croissance économique. Autrement dit, cela revient à étudier l’influence du choix de régime de Change sur la croissance. Les travaux, menés jusqu’à présent, montrent par leurs résultats empiriques qu’il n’y a à priori aucune relation déterministe manifeste entre le régime de taux de change et la croissance économique. Mais, le régime de taux de change influence la croissance économique à travers soit l’investissement, soit la productivité, soit le commerce international. Dans les années 90, le taux de croissance médian des pays à régime de taux de change flexible semble avoir été plus élevé que dans les pays à régime de taux de change fixe. Cela tient en partie au fait que les analyses faites sur la question incluent les économies d’Asie en croissance rapide dans la catégorie des pays à taux de change flexible. Cependant lorsque ces dernières ne sont pas prises en compte, les performances en matière de croissance n’affichent pas de différence significative entre les deux groupes. Bien que la littérature économique soit pauvre en matière de théorie liant le régime de taux de change à la croissance économique, nous pouvons signaler qu’il existe quelques tentatives pour mettre en évidence ce type de relation. Parmi ces travaux, il y a lieu de présenter leur résumé comme suit : i) On peut considérer que la fixité du taux de change, en réduisant les incertitudes liées au taux de change et à l’inflation, et en diminuant de ce fait les taux d’intérêt réels, crée un climat favorable aux investissements tant nationaux qu’étrangers et suscite la croissance. ii) Fixer le taux de change c’est éliminer l’une de ces caractéristiques principales. Celle qui fait de lui, un instrument d’ajustement entre l’offre et la demande de devises. La fixité du taux de change peut donc conduire, lorsque le taux de change en vigueur n’est pas celui qui égalise l’offre et la demande de devises, à un déséquilibre qui relèvera les pressions protectionnistes, distordra les signaux de prix dans l’économie et entraînera une mauvaise allocation des ressources à travers les secteurs. Ce qui influera négativement sur la productivité. iii) Dans les études empiriques de Ghosh et al. (1996), les différences de performance entre les deux régimes sont moins prononcées que dans le cas de l’inflation. Mais la croissance est plus importante sous les régimes intermédiaires que sous les régimes de taux change purs (fixes et flexibles) où, bien sûr le régime de flexibilité est supérieur à celui de fixité. iv) La croissance économique peut être expliquée par l’utilisation d’une plus grande quantité de capital et de travail (facteurs de production) ou par la croissance résiduelle de la productivité. Cette dernière reflète à la fois les progrès technologiques et les modifications de l’efficacité économique avec laquelle le capital et le travail sont utilisées. v) Les études empiriques s’accordent avec la théorie sur le fait que l’investissement est plus élevé dans les régimes de fixité. Avec un fort taux d’investissement et une faible croissance de la production, la croissance de la productivité est probablement plus faible en régime de fixité. vi) Fixer le taux de change rend difficile un ajustement des prix relatifs. Ce qui tend à diminuer l’efficience économique. Cette faiblesse de la productivité est partiellement compensée par un taux d’investissement élevé en régime de taux de change fixe. L’une des manifestations des rigidités engendrées par des taux de change fixe est la grande volatilité de la croissance. D’après l’analyse des effets des régimes de change sur l’inflation et sur la croissance nous pouvons conclure le résultat suivant : dans l’absolu, on ne peut pas dire que les taux de change flexibles s’accompagnent forcément d’une inflation élevée car un certain nombre de PED qui appliquent un taux de change flexible ont connu une inflation relativement faible (et une croissance robuste). On ne peut pas dire non plus que les régimes de taux fixes soient forcément synonymes de faible croissance. Celle-ci peut afficher la vigueur voulue, et l’inflation présenter la modération souhaitable, en régime de taux fixe aussi bien qu’en régime de taux flexible, à condition que les politiques menées soient judicieuses, et que les autres conditions nécessaires à l’obtention de bons résultats soient réunies.