L’espace selon G.Brousseau
L’espace est une notion complexe, d’autant plus du point de vue d’un enfant. De fait, Brousseau a mis en place une catégorisation de l’espace en trois parties.
Il est primordial de prendre en compte ces différents types d’espaces pour adapter les activités proposées et permettre à l’enfant de s’approprier l’espace en fonction de son stade de développement.
– Le micro-espace :
C’est l’espace le plus proche de l’enfant. L’enfant est extérieur à celui-ci. L’individu peut percevoir cet espace de différentes manières : il peut le voir, le toucher, le déplacer. Il n’est pas utile de le représenter puisqu’il peut l’appréhender directement : l’espace de sa feuille est un micro-espace.
– Le méso-espace :
C’est un espace à taille humaine, l’espace des déplacements. Le méso-espace est celui privilégié au cycle 2 car il est le support de nombreuses activités visant à amener progressivement les élèves vers un niveau d’abstraction nécessaire dans le raisonnement géographique au cycle 3. Une représentation peut être utile pour appréhender le méso-espace par la maquette par exemple. Les méso-espaces peuvent être la classe, la chambre de l’enfant.
– le macro-espace :
Cet espace ne peut être perçu que de manière partielle, par des visions locales. Une partie des objets seulement est sous le contrôle de la vue. C’est l’espace dans lequel l’enfant et l’adulte, par la suite, évoluent. Pour appréhender cet espace, une représentation est indispensable, par le plan par exemple. Les macro-espaces sont le village, le quartier, la ville de l’enfant. Il fait intervenir des notions complexes qui ne seront vues qu’en Cycle 3.
Les représentation spatiales selon Piaget
Cette catégorisation est une approche psychologique relative au développement de l’enfant. Piaget distingue lui aussi différents types d’espace :
– l’espace vécu (jusqu’à 6 ans)
Le stade sensori-moteur (0 à 2 ans) : du début de sa vie jusqu’à son troisième mois, le bébé subit les déplacements qu’on lui impose. Suite à l’espace subi, l’espace sensori-moteur est caractérisé par la mise en place et le développement des sens et de l’action. En se déplaçant, l’enfant est capable de vivre physiquement l’espace. Il manipule les objets de l’espace mais ne parvient pas encore à analyser ce dernier.
Comme le dit L. Lurçat, « la connaissance directe de l’espace par la pratique quotidienne du jeune enfant étant faite principalement de déplacements exploratoires et de manipulation d’objets. »2 Les deux activités essentielles à ce stade sont la préhension et la locomotion.
Le stade préopératoire (à partir de 2 ans) : c’est à partir des expériences vécues que l’enfant parvient à percevoir l’espace sans que son corps n’ait besoin de l’expérimenter en même temps. C’est à ce stade qu’apparaît l’égocentrisme : c’est à partir de son corps que l’enfant se repère dans son environnement. Il faudra, par la suite, que l’enfant décentre sa vision pour acquérir une connaissance de l’espace.
– L’espace perçu (entre 6 et 11 ans)
Le stade des opérations concrètes : l’enfant est capable de percevoir l’espace sans forcément se déplacer. Il développe peu à peu une connaissance objective de celui-ci. C’est à partir de ce stade que l’enfant peut aborder la géographie à proprement parlée en situant les objets par rapport à des repères autres que lui-même. Les élèves commencent à se situer dans l’espace connu mais les espaces plus lointains sont encore difficiles à percevoir pour l’enfant.
Ce stade concerne les élèves de cycle 2.
– l’espace conçu (vers 11 ans)
Le stade des opérations formelles : à partir de ce moment, l’enfant peut raisonner sur de simples hypothèses et non plus exclusivement sur un matériel concret. L’enfant devient donc capable de raisonner de façon abstraite, sans recourir à des expériences concrètes. L’enfant peut percevoir l’espace uniquement par sa représentation. Il s’agit d’un espace abstrait.
La notion d’espace dans les Instructions officielles
La notion d’espace apparaît dans deux domaines du socle commun du 23 avril 2015 3 . En effet, dans le domaine 1 « Les langages pour penser et communiquer », et plus particulièrement dans « Comprendre, s’exprimer en utilisant les langages mathématiques, scientifiques et informatiques », nous pouvons voir apparaître la notion d’espace à plusieurs reprises : « L’éducation physique et sportive permet de mettre en relation l’espace vécu et l’espace représenté : dans les activités d’orientation en lien avec la géométrie (repérage dans l’espace sur un quadrillage, déplacements)…»
Nous retrouvons la notion d’espace dans le domaine 5 « Les représentations du monde et l’activité humaine » : « (…) découverte de l’environnement proche et plus éloigné, étude de ces espaces et de leurs principales fonctions, comparaison de quelques modes de vie (…) »
Au cycle 1, l’espace de la classe devient familier pour l’enfant. Néanmoins, les apprentissages, au sujet de la structuration de l’espace, ne sont pas terminés pour autant. Ainsi, au cycle 2, l’apprentissage de l’espace s’effectue de manière transversale avec plusieurs disciplines.
Les élèves acquièrent à la fois des connaissances spatiales comme l’orientation et le repérage dans l’espace et des connaissances géométriques sur les solides et sur les figures planes. Apprendre à se repérer et se déplacer dans l’espace se fait en lien étroit avec le travail dans Questionner le monde et Éducation physique et sportive.
Les mathématiques
La notion d’espace, abordée au cycle 1, est reprise au cycle 2. Dans ce nouveau cycle, l’acquisition des connaissances spatiales s’appuie sur des problèmes visant à localiser des objets, décrire ou produire des déplacements dans l’espace réel.
Parmi les trois sous-ensembles, l’espace est présent plus particulièrement dans « Espace et géométrie »
– « (Se) repérer et (se) déplacer en utilisant des repères »
L’objectif ici, est de permettre à l’élève de
« Se repérer dans un environnement proche,
Situer des objets ou des personnes les uns par rapport aux autres ou par rapport à d’autres repères.
Produire des représentations des espaces familiers (les espaces scolaires extérieurs proches, le village le quartier) et moins familiers (vécus lors de sorties),
S’orienter et se déplacer un utilisant des repères,
Coder, et décoder pour prévoir, représenter et réaliser des déplacements dans des espaces familiers sur un quadrillage, sur un écran. »
Questionner le monde
– « Se situer dans l’espace et le temps »
L’objectif étant de permettre à l’élève de « construire des repères spatiaux » :
« Se repérer, s’orienter et se situer dans un espace géographique, Utiliser et produire des représentations de l’espace »
On demande à l’élève de comprendre les interactions entre l’espace et les activités humaines, de comparer des espaces géographiques simples.
Éducation physique et sportive
Parmi les quatre sous-ensembles de la discipline, la notion d’espace intervient plus particulièrement dans :
– « Adapter ses déplacements à des environnements variés »
Tout au long du cycle, les activités d’orientation, mais pas seulement, contribuent à se déplacer dans l’espace. Elles doivent se dérouler dans des espaces de plus en plus vastes. Les déplacements doivent se faire en fonction de l’âge de l’élève.
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