L’implication du citoyen algérien dans les affaires de sa ville
Implication citoyen dans les villes algériennes et en particulier la ville de Tlemcen
A l’aube de 2025, 80% de la population algérienne vivra dans les villes. Un chiffre qui effraie, mais qui nécessite surtout une véritable stratégie à long terme et des moyens pour la mettre en œuvre. Pour comprendre le fonctionnement des villes algériennes, il est impératif de cerner son statut, des prérogatives et ses problèmes.
Le cadre législatif de la ville algérienne
Depuis 2001, le législateur a mis en place un nombre très important de textes de lois dans les domaines qui touchent directement l’urbain : l’environnement, l’aménagement du territoire, la ville, le patrimoine, l’architecture ; mais aussi d’autres textes concernant notamment les travaux publics, le transport, l’industrie, la santé, le sport etc.…320 La ville est définie comme « toute agglomération urbaine ayant une taille de population et disposant de fonctions administratives, économiques, sociales et culturelles.» (Art.3 de la loi n° 06-06 du 20 février 2006 portant loi d’orientation de la ville). De plus, « outre leur classement selon la taille de leur population, les villes sont classées selon leurs fonctions et leur rayonnement au niveau local, régional, national et international particulièrement leur patrimoine historique culturel et architectural.» (Art.5 de la loi n° 06-06 du 20 février 2006 portant loi d’orientation de la ville)321 . Suivant la définition citée plus haut, les villes sont classées en : – Métropole : « une agglomération urbaine dont la population totalise au moins trois cent mille (300.000) habitants et qui a vocation, outre ses fonctions régionales et nationales, à développer des fonctions internationales. » (Art. 3, alinéa 2 de la loi n°01-20 du 12 décembre 2001 relative à l’aménagement et au développement durable du territoire) – Grande ville : « une agglomération urbaine dont la population totalise au moins cent mille (100.000) habitants. » (Art. 3, alinéa 4 de la loi n°01-20 du 12 décembre 2001 relative à l’aménagement et au développement durable du territoire)323 ; – Ville moyenne : « l’agglomération urbaine dont la population est comprise entre cinquante mille (50.000) et cent mille (100.000) habitants. » (Art.4 alinéa 1 de la loi n° 06-06 du 20 février 2006 portant loi d’orientation de la ville)324 ; – Petite ville : « l’agglomération urbaine dont la population est comprise entre vingt mille (20.000) et cinquante mille (50.000) habitants. » (Art.4 alinéa 2 de la loi n° 06-06 du 20 février 2006 portant loi d’orientation de la ville)325 . Selon Ahmed MEZMAZ, Chef du Cabinet en 2007 au Ministère Déléguée chargé de la Ville, « le concept de la ville et de la politique de la ville est le centre d’un débat riche et fructueux entre les différents milieux, aussi bien qu’académique, scientifique et technique dans ses différents disciplines, en d’autres termes pluridisciplinaires et même auprès de la société civile. Cet intérêt s’est renforcé depuis la promulgation de la loi n° 06-06 du 20 février 2006 portant loi d’orientation de la ville»326 . La politique de la ville est alors le cadre législatif prévu pour l’encadrement de la gestion des villes algériennes. Elle vise à orienter et coordonner toutes les interventions, particulièrement celles citées dans l’article 6327 : – La réduction des disparités inter-quartiers et la promotion de la cohésion sociale ; – La résorption de l’habitat précaire ou insalubre ; – La maîtrise des plans de transport, de déplacement et de circulation dans et autour des villes ; – Le renforcement des voiries et réseaux divers ; – La garantie et la généralisation des services publics, particulièrement ceux chargés de la santé, de l’éducation, de la formation, du tourisme, de la culture, du sport et des loisirs ; – La protection de l’environnement
La gouvernance urbaine en Algérie
La gouvernance telle que définie plus haut est avant tout un mode de gestion ouvert aux différentes parties prenantes. Seulement et dans le cas des villes algériennes ce mode de gestion reste assez compliqué, notamment à cause de : – Les problèmes des villes algériennes : D’une manière générale, nos villes souffrent, selon le CNES « en premier lieu de défaillances au plan de l’urbanisme et de l’architecture et de la maladie des grands ensembles, mais ces éléments ne sont pas les seuls facteurs aggravants de la situation. Le chômage, le sousemploi, le déficit des services publics et l’absence de politique de solidarité et de proximité au niveau du quartier, achèvent de donner aux grands ensembles le caractère de répulsion et d’exclusion qui fonde la mal vie»330 .Ces problèmes, même si elles sont propres à plusieurs villes au niveau mondial, restent un handicap à une gestion ouverte de la ville car à force de chercher à résoudre ces problèmes 331on oublie souvent de solliciter les personnes concernées. Selon DJELLAL (2007), « les communes, de par la surcharge des taches et surtout de par leurs moyens dérisoires, ont d’énormes difficultés à élaborer et à mettre en œuvre des programmes d’actions globaux, cohérents, et à instituer des mécanismes durables de gestion. Pressées par les urgences, exposées à des actions dispersées, elles ne peuvent agir qu’au coup par coup, parant au plus pressé ».L’impuissance de ces communes à répondre aux demandes et aux besoins de leur population, souvent interprétée comme étant de l’inertie, devient la cause de pratiques informelles332 . Toutefois, et pour faire face à ces maux une politique à long terme est établie à travers le SNAT 2025 (Schéma National de l’Aménagement du Territoire à l’horizon 2025)333 dont il faudrait veiller à sa concrétisation. – Les prérogatives et les compétences des villes algériennes : Le statut et les prérogatives de la commune en Algérie restent assez flous. En effet , et selon DJELLAL (2007), « à la multiplicité et à la diversité des fonctions s’ajoutent un flou et une imprécision des taches, car les textes, la plupart du temps, use de termes vagues et incertains, tel que : la commune initie…veille…participe…etc. Ceci ne favorise pas la lisibilité des prérogatives que chacun peut interpréter à sa façon ». Ce qui fait que les communes elles-mêmes n’arrivent plus à distinguer « l’essentiel de l’accessoire, les tâches secondaires des missions principales, à l’exercice desquelles elles sont précisément attendues, observées et jugées» . Le CNES propose aussi les causes suivantes 335 : – L’inadéquation des dispositifs institutionnels avec la réalité de la ville ; – Une option de décentralisation proclamée et contrariée (les mécanismes de la décentralisation ont révélé des dysfonctionnements, parfois assez graves, apparemment imputables là encore, à des failles dans les approches institutionnelles) ; – Des administrations communales subissant des contraintes d’organisation et de fonctionnement ; – Des pratiques dérogatoires et informelles de la part des citoyens.