L’impact du système financier sur la croissance économique
La majorité des opérations de prêts et d’emprunts ont pour objectif le financement de l’investissement, plus que celui de la consommation. L’investissement étant un des facteurs de la croissance, on conçoit que l’efficacité d’un système financier dépend de sa capacité à mobiliser un volume important d’épargne et d’en réaliser une bonne allocation ce qui va stimuler la croissance économique. Les systèmes financiers qui reposent principalement sur les marchés financiers sont dits les systèmes fondés sur les marchés, alors que ceux qui s’appuient essentiellement sur les banques sont dits les systèmes basés sur les intermédiaires financiers. Ainsi, la structure d’un système financier est différente d’un pays à l’autre. Chaque économie dispose d’un système propre qui se forme et évolue à partir d’une multitude de facteurs tels l’histoire économique et sociale, l’implication de l’État et la réglementation, le développement des entreprises, la position géographique…etc. Chaque pays possède ainsi de différentes institutions, réglementations et usages qui constituent le système financier et qui permettent de résoudre les mêmes problèmes et d’atteindre les mêmes finalités selon des façons variées d’un pays à l’autre. Les résultats de nombreuses études révèlent que le degré de développement du système financier a une incidence bénéfique sur la croissance économique à long terme.
Le système financier
Il est unanimement reconnu que le système financier occupe une de choix dans toute économie grâce aux multiples services qu’il assure tel que la réduction des coûts de prêts et d’emprunts, la minimisation des risques encourus, la collecte de l’épargne et la garantie d’une meilleure allocation des ressources. Tous ces services et d’autres améliorent la croissance économique du pays.
La définition du système financier
Un système financier peut être défini comme un ensemble très complexe d’institutions, de procédures, d’usages et de règle déterminants les voies à suivre a fin de collecté l’épargne auprès des ménages de l’état et des entreprises, laquelle épargne est ensuite pour la création des richesses. Chapitre III La libéralisation financière et la croissance économique 104 Le système financier compte sur toutes les institutions ayant pour rôle essentiel de mobiliser l’épargne des ménages et des entreprises dont les revenus sont supérieurs aux dépenses pour la transférer ensuite vers les ménages et les entreprises à capacités d’autofinancement insuffisantes1 . En s’interposant entre prêteurs et emprunteurs, ce système rend les décisions d’épargne et d’investissement de ces derniers plus cohérents, ce qui est de nature à faciliter plus leurs transactions.
Les composantes du système financier
Le système financier se compose de deux éléments qui sont le marché monétaire et le marché financier
Le marché monétaire
C’est le marché inter bancaire qui regroupe la banque centrale et l’ensemble des banques commerciales, les institutions d’épargnes et les banques spécialisées. Constituant un élément important de l’ensemble du système financier, ce marché s’intéresse au financement des entreprises à court terme. Dans son acception la plus large, le marché monétaire se rapporte à tous les intermédiaires financiers. Les intermédiaires financiers constituent la pierre angulaire de tout système financier digne de son nom. 1-2-2) le marché financier (boursier) : C’est l’espace où se rencontrent les offreurs et les demandeurs. Il s’intéresse aux transactions à moyen et à long terme. Il comporte deux types de marchés : un marché des titres financiers (marché primaire et marché secondaire) et autre marché qui regroupe des institutions financières non bancaires. Le fonctionnement du marché financier repose sur les marchés primaires et secondaires (marché boursier). Le marché primaire : il est appelé aussi marché d’émissions ou de titres, c’est le marché ou les titres sont émis pour la première fois, soit pour la création de nouvelles entreprises soit pour l’augmentation du capital des entreprises qui existent déjà. Le marché secondaire (bourse) : ce marché s’occupe de l’échange de valeurs mobilières déjà émises. À ainsi, il arrive, par exemple, qu’un épargnant qu’a souscrit à une émission d’obligation d’État souhaite revendre ce titre acheté à l’État, c’est sur le marché secondaire qu’il pourra réaliser cette opération. Ce marché boursier, qui représente la plus grande part du marché financier, met en relation les agents à déficit de financement, c’est-à-dire les entreprises, les collectivités locales et l’État qui émettent des produits financiers (actions, obligations et d’autres produits), et les agents à surplus de financement, les épargnants, essentiellement les ménages qui les souscrivent.
La principale caractéristique d’un marché financier développé reste incontestablement, l’efficience de l’information qui doit être constamment disponible et circuler librement entre les acteurs intervenant sur le marché financier. Par ailleurs, la capitalisation boursière représente l’indice particulier d’un marché financier développé. En général, un système financier développé est celui qui réalise une mobilisation de l’épargne et une allocation optimale des ressources, une politique macroéconomique saine dans un environnement politique favorable est seule garante d’une performance optimale. On peut ajouter aussi que le système financier correspond à l’ensemble des mécanismes et des agents dont l’objectif est de mettre en relation les besoins et les capacités de financement et de répartir les risques. Les agents sont des : – Agents à capacité de financement : les ménages – Agents ont besoin de financement : les firmes – Autorités, par exemple, Banque Centrale, Commission des autorités boursières, etc2 . Jouent un rôle très important dans la stabilité du système financier et la stabilité monétaire. Par les politiques financières et économiques qu’elles mettent en place, elles assurent le bon fonctionnement du système financier et coordonnent les actions entre les différents composants du système Les mécanismes : il existe deux principaux mécanismes de financement 1) Finance indirecte où les intermédiaires financiers assurent un lien permanent entre les agents à capacité de financement et ceux à besoin de financement. Les intermédiaires financiers comme les banques ont un rôle de collecteur de l’épargne disponible puis ils réinjectent les fonds collectés aux emprunteurs. 2) Finance directe: en revanche, dans la finance directe, l’intermédiaire financier ne joue aucun rôle entre le prêteur et l’emprunteur (seulement parfois pour une brève période).
Les créances (titres) émises par les agents à besoin de financement sont vendues directement aux agents à capacité de financement. Au sein de la finance directe et de la finance indirecte, il existe deux formes de financement, selon la période : 1- Le financement à court terme. 2- Le financement à long terme. Il y a une corrélation entre l’échéance des crédits et le niveau de l’activité économique. Exemple dans le cas de reprise économique, la demande de crédit augmente, ce qui conduit les banques à réduire l’échéance de leurs prêts. A contrario, dans le cas de récession économique et à cause de la baisse de l’activité économique la demande de crédit devient faible; en conséquence, les banques allongent l’échéance des prêts
Le financement des activités
Il faut souligner que chaque entreprise à deux choix de financement soit le financement interne (l’autofinancement) soit le financement externe
Le financement interne (self finance)
le financement par ressources propres. L’autofinancement semble être le moins coûteux des financements, cependant il comporte quand même un coût ou plutôt il fait courir le risque d’un « manque à gagner » que les Chapitre III La libéralisation financière et la croissance économique 107 économistes appellent le coût d’opportunité. En achetant un équipement à partir de son épargne, un agent renonce à une autre utilisation possible de cette épargne, par exemple un placement financier. Si les placements financiers rapportent davantage que l’investissement prévu, il y a un manque à gagner entraîné par la dépense d’équipement (différence entre les deux taux de rendement).
Le financement externe
se composent du financement bancaire et du Financement par le marché. Les entreprises recourent à l’endettement extérieur si leurs ressources propres seules ne suffisent pas à financer leurs projets. En général, on remarque que les entreprises ne dépendent pas totalement de leurs ressources propres. Elles essaient de nourrir leur capital de roulement (working capital) par l’endettement auprès des banques, par exemple. Nous allons présenter les 2 types de financement externe : le financement par les intermédiaires financiers (financement indirect). le financement par le marché (financement direct). a) Le financement indirect par les intermédiaires financiers Le financement indirect de l’activité économique implique qu’il y ait un agent économique qui fasse le lien entre les divers agents économiques. On parle alors d’intermédiation financière. Cette intermédiation est le fait des institutions financières (les banques) qui, d’une part, collectent l’épargne auprès des ménages, et d’autre part, prêtent aux entreprises les sommes nécessaires au financement de leur activité. Une économie qui fonctionne grâce essentiellement au rôle d’intermédiation des banques est appelée « économie d’endettement ». Il faut distinguer deux types d’intermédiaires financiers : les établissements bancaires et les institutions financières non bancaires.
Le financement bancaire
Les banques commerciales occupent une place importante dans le financement à court terme et à long terme puisqu’elles assurent le financement nécessaire pour soutenir les activités Chapitre III La libéralisation financière et la croissance économique 108 commerciales et industrielles des entreprises. Les banques peuvent financer les entreprises par deux moyens : – Le crédit bancaire : Le crédit bancaire est l’axe du fonctionnement des banques. Quand elles accordent un crédit, les banques se préoccupent de la profitabilité, de la liquidité et de la garantie. Le crédit bancaire a plusieurs avantages pour les entreprises endettées dont : 1) Le crédit bancaire n’autorise pas les banques à entrer au conseil d’administration ni à participer à sa propriété, à l’inverse du financement par actions. 2) Le coût des crédits bancaires est moins élevé que le coût de l’augmentation du capital par les actions ordinaires ou les actions de préférence. 3) Les intérêts sur les crédits bancaires sont déduits des profits. Ils diminuent les profits et en conséquence, la taxe sur les profits baisse, c’est ce qu’on appelle le privilège d’impôt. Mais les banques prennent beaucoup de risques, par exemple quand les débiteurs ne respectent pas leurs engagements et cessent de payer leurs dettes ainsi que les intérêts dus. Par ailleurs, il y a le risque du taux d’intérêt à cause de la variation non anticipée des taux d’intérêt. Il faut y ajouter le risque de change, le risque de liquidité, le risque réglementaire, le risque opératoire, le risque technique et le risque de fraude 1 . Les banques peuvent réduire le risque du crédit par la diversification et le risque de taux d’intérêt par l’application du taux d’intérêt flottant. – La participation aux capitaux des entreprises : Les banques d’investissement sont des établissements principaux qui jouent le rôle de l’intermédiation financière dans le marché primaire et son activité principale est d’être un intermédiaire entre les émetteurs des titres et les investisseurs dans ces titres d’investissement prennent le risque de la baisse des prix des titres financiers, mais souvent elles réalisent des gains provenant de la différence entre le prix d’achat de l’émetteur et le prix de vente de l’investisseur (le détenteur). D’ailleurs, ces banques offrent des services importants aux entreprises émettrices d’actions en assurant la vente totale de toutes leurs émissions1 . Il existe des banques d’affaires qui n’utilisent que leurs fonds propres pour participer au capital des entreprises2 . Les banques d’investissement peuvent financer les entreprises par investissement direct dans leur capital et souvent leur participation au seuil minimal leur assure une place aux conseils d’administration afin d’y protéger leurs intérêts.