L’IMAGE DE L’INDIVIDU HANDICAPE DANS LES RECITS POPULAIRES
Document 8 À la fin du XIXè siècle, Boas relate l’histoire d’Anautalik dans laquelle seule une jeune orpheline, socialement handicapée, survécut à la visite de deux esprits. Alors qu’un groupe d’enfants s’était réuni dans un grand igloo cérémoniel pour jouer, l’orpheline fut vite rejetée par les autres enfants. Elle revint dans l’igloo pour avertir les autres enfants qu’Anautalik, un esprit accompagné d’un gros phoque, n’allait pas tarder à arriver. Se cachant derrière un séchoir à vêtements, elle se tint là, à demi effrayée. Les autres enfants ne la crurent pas et continuèrent à jouer si bien que lorsque les deux esprits firent leur entrée, ils tuèrent tous les enfants. L’orpheline maltraitée fut la seule à survivre et à pouvoir raconter les faits aux parents. Un contraste oppose ici les capacités réflexives de la jeune orpheline à l’erreur de jugement manifestée par les autres enfants, incapables d’évaluer le danger, comme si le handicap de la jeune fille lui avait conféré un exceptionnel discernement. Ce point paraît récurrent dans de nombreux mythes où le protagoniste est précisément un enfant handicapé. Kaujjarjuk, un orphelin aveugle et maltraité, est progressivement pris en charge par des non-humains qui lui confèrent des pouvoirs chamaniques le rendant apte à se venger. Itijjuaq, une femme orpheline et stérile, bénéficie de la protection de ses grands-parents et acquiert de remarquables pouvoirs chamaniques. À la fin du XIXe siècle, Boas relate l’histoire d’Anautalik dans laquelle seule une jeune orpheline, socialement handicapée, survécut à la visite de deux esprits. Alors qu’un groupe d’enfants s’était réuni dans un grand igloo cérémoniel pour jouer, l’orpheline fut vite rejetée par les autres enfants. Elle revint dans l’igloo pour avertir les autres enfants qu’Anautalik, un esprit accompagné d’un gros phoque, n’allait pas tarder à arriver. Se cachant derrière un séchoir à vêtements, elle se tint là, à demi effrayée. Les autres enfants ne la crurent pas et continuèrent à jouer si bien que lorsque les deux esprits firent leur entrée, ils tuèrent tous les enfants. L’orpheline maltraitée fut la seule à survivre et à pouvoir raconter les faits aux parents. Un contraste oppose ici les capacités réflexives de la jeune orpheline à l’erreur de jugement manifestée par les autres enfants, incapables d’évaluer le danger, comme si le handicap de la jeune fille lui avait conféré un exceptionnel discernement. Ce point paraît récurrent dans de nombreux mythes où le protagoniste est précisément un enfant handicapé. Kaujjarjuk, un orphelin aveugle et maltraité, est progressivement pris en charge par des non-humains qui lui confèrent des pouvoirs chamaniques le rendant apte à se venger. Itijjuaq, une femme orpheline et stérile, bénéficie de la protection de ses grands-parents et acquiert de remarquables pouvoirs chamaniques. (Michèle Therrien et Frédéric Laugrand : « Chez les nuits du Grand Nord , handicap et performativité » – in Charles Gardou : « Le handicap au risque des cultures – Variations anthropologiques » – Erès – 2010) |
Document 9
Le handicap, notamment physique, participe donc de la condition sociologique du super-héros mais on peut et on doit aussi en faire une lecture symbolique : « Aveugles, boiteux, borgnes ou manchots sont des figures mythologiques fréquentes par le monde et qui nous interpellent parceque leur état nous apparait comme une carence (…) De même, les mythes confèrent souvent aux infirmes et aux malades une signification positive : ils incarnent des mondes de la médiation »[1]. De même, Sergio Dalla Bernardina rappelle que « Dans l’imaginaire occidental, les passages symboliques entre nature et culture sont souvent assurés par des personnages hybrides, exceptionnels mais inachevés, participant simultanément des deux univers » [2]. Il s’agit d’hommes des marges, de passeurs, de médiateurs. D’après Françoise Héritier, celui qui va d’un monde à l’autre dans les récits mythiques est souvent marqué par une asymétrie déambulatoire[3]. Enfin, Georges Dumézil s’est particulièrement intéressé au couple composé d’un borgne et d’un manchot, couple qu’il retrouve à Rome (Cocles et Scaevola) et en Scandinavie avec Odin (dieu borgne) et Tyr (dieu manchot)[4]. Les handicapés seraient donc perçus symboliquement comme à la marge de deux mondes. L’anthropologue Robert Murphy nous le dit aussi sociologiquement en parlant de sa situation de paralytique qu’il qualifie de « situation liminale » (en référence à la phase de liminalité dans les rites passage de Van Gennep[5]) : ni malade ni bien portant, ni vivant ni mort, en flottement entre deux mondes. Dalla Bernardina les qualifie de « sujets bipolaires qui sont à la fois plus et moins que leurs interlocuteurs ». « Plus et moins » que leurs interlocuteurs : on retrouve ici exactement les caractéristiques du stigmatisé indiquées par Erving Goffman. : « (…) cela implique à nos yeux de le traiter comme quelqu’un de mieux qu’il n’est peut-être, ou de pire qu’il n’est probablement »[6] En recensant les principaux super-héros on s’aperçoit que tous, à quelques exceptions près, ont un handicap physique, psychologique ou social à surmonter. Il apparait clairement que le handicap fait le super-héros comme il fait le dieu ; les handicaps et mutilations sont ce que Dumézil a appelé « mutilations qualifiantes ». Caractéristique évidente dans le cas du docteur Blake (alias Thor) mais valable aussi pour tous ceux qui sont d’une manière ou d’une autre handicapés (physiquement ou socialement), empêchés de « marcher normalement » (comme dans le cas de Peter Parker, alias Spiderman). Cependant, tous les handicaps ne sont pas également présents dans ces récits. Force est de constater que si la question du regard est fréquente dans les récits Marvel (Daredevil, Cyclope,…), on y trouve peu de manchots à l’exception du lézard, supervilain qui occupe une place secondaire[7]. Il existe tout de même des personnages qui ne souffrent pas de handicaps dans le monde des super-héros. Ces exceptions sont les cas de quatre X-Men sur cinq, Strange girl, Iceberg, Angel et Fauve et, surtout, de trois Fantastiques sur quatre (qui, souvent, ne répondent pas aux caractéristiques secondaires des super héros) ; la « Chose », en revanche, est affectée d’une extrême laideur et est dans l’incapacité de se débarrasser de celle-ci. Lorsque Stan Lee créa les « Quatre Fantastiques » en 1961, il voulait des super-héros entièrement nouveaux , tranchant sur ceux de « l’âge d’or » et qu’ils soient pour cela proches de l’individu moyen : effectivement , ils n’ont pas d’identité secrète, leur lieu d’habitation est connu (et ils peinent parfois à payer leur loyer) et ils connaissent une vie de famille « presque » normale ; mais ceci n’est vrai que pour les trois premiers qui sont (futurs) mari et femme et beau-frère. Ben Grimm, dit « la Chose », apparait ici comme une « pièce rapportée », presque comme un intrus qui concentre à lui seul toutes les caractéristiques habituellement attachées au super-héros : handicap, impossibilité de se débarrasser de celui ci, amours complexes, rejet par une partie de la société (ceux qui ont peur de son aspect et la « bande de Yancy Street » qui l’a pris comme souffre –douleur). De même, chez les X-Men, seul Cyclope est porteur d’un superpouvoir handicapant. (Thierry Rogel : « sociologie des super-héros » – éd. Hermann – 2012) |
HANDICAP ET HANDISPORT
Document 12″ Osez le fauteuil «L’an dernier, de nombreux élus, comme ici le maire, Jean-Pierre Duvergne, avaient testé le fauteuil roulant.Se glisser dans la peau de non-valides en s’asseyant dans un fauteuil roulant le temps d’une balade, c’est ce que propose l’Association Handisport de Chinon. Forte du succès rencontré par l’opération l’an dernier, l’Association Chinonaise Handisport (ACH) renouvelle samedi « Osez le fauteuil », journée destinée à sensibiliser les valides aux difficultés rencontrées par les non-valides. Un temps de découverte et de partage autour notamment d’activités sportives et de loisirs. Pour commencer, une marche symbolique partira de la place de la gare à 11 h pour rejoindre la place Tiverton. Le rendez-vous est fixé à 10 h 30, afin que les bénévoles distribuent des fauteuils aux personnes souhaitant se mettre quelques instants et virtuellement à la place d’une personne à mobilité réduite. L’an dernier, une cinquantaine de valides, parmi lesquels des élus locaux, s’étaient prêtés à l’exercice. L’ACH espère au moins autant de participants samedi matin.Pour récompenser les « efforts » de tous, un verre de l’amitié sera ensuite servi au point d’arrivée. Des défis de Handisport A partir de 14 h, toujours place Tiverton, des ateliers découverte de foot fauteuil électrique, de boccia (jeu de balles apparenté à la pétanque), de sarbacane et de tennis de table seront ouverts à tous. Les valides auront à nouveau l’occasion de s’installer dans un fauteuil afin d’être initiés à ces disciplines sportives par des personnes licenciées à l’ACH, ou de se voir bander les yeux à l’occasion d’une partie de pétanque s’adressant aux non-voyants. Enfin, des parcours en fauteuil électrique et manuel seront proposés dans le centre-ville, prétextes à signaler les différents obstacles qui peuvent se dresser sur leur chemin. En organisant cet événement, l’ACH souhaite mettre en lumière les problèmes spécifiques inhérents au handicap et mobiliser l’opinion sur la nécessité de faciliter le quotidien et l’intégration des personnes à mobilité réduite dans la ville. Jean-Jacques Verneau, le président, voudrait également toucher de potentiels nouveaux bénévoles pour l’ACH ? qui compte actuellement une quarantaine de membres, handicapés ou non. « La Nouvelle République – samedi – 05/10/2012 http://www.lanouvellerepublique.fr/Indre-et-Loire/Loisirs/24H/n/Contenus/Articles/2012/10/05/Osez-le-fauteuil-samedi |