Ligament croisé antérieur
Mécanisme de lésion du LCA
Plus de 70% des ruptures du LCA surviennent sans contact, c’est-à-dire en l’absence de contact corps à corps entre les joueuses et/ou de coup direct sur la jambe (LaBella & al., 2014). Ainsi, selon Acevedo et al. (2014) cette lésion arrive le plus régulièrement lors de la réception d’un saut, d’un changement de direction ou lors d’une décélération brusque.
La position souvent rencontrée chez les femmes lors d’une rupture du LCA est la suivante : une réception avec la hanche et le genou proche de l’extension, une position du genou en valgus, une rotation médiale du tibia et un pied en pronation (Acevedo et al., 2014). On remarque effectivement que cette description ressemble particulièrement à la position en valgus dynamique citée précédemment.
De plus, selon Hewett et Myer (2010), un déplacement latéral du tronc dû à une faiblesse du contrôle moteur de celui-ci accompagné d’un valgus dynamique du genou serait un élément essentiel du mécanisme de lésion du LCA sans contact chez les athlètes féminines.
Facteurs de risque de rupture du LCA
Il existe une variété de facteurs de risque de blessure du LCA. Ceux-ci sont souvent regroupés en deux catégories : facteurs extrinsèques et intrinsèques (LaBella & al., 2014) . Dans la première catégorie, nous retrouvons les facteurs de risque en lien avec l’environnement, le matériel et le sport. Dans la deuxième catégorie, LaBella et al. (2014) mettent en évidence les composantes anatomiques, hormonales, neuromusculaires et biomécaniques.
Facteurs environnementaux
Le type de chaussures et la surface du terrain ont une influence sur le risque de rupture du LCA (Lambson, Barnhill & Higgins, 1996). Par exemple, dans les sports d’extérieur, plus de blessures du LCA sont répertoriées sur les terrains synthétiques que les terrains en gazon (Acevedo & al., 2014). Finalement, les conditions météorologiques influencent la surface de contact entre les chaussures et le type de terrain (Acevedo & al., 2014).
Facteurs anatomiques
L’espace intercondylaire (ou notch intercondylaire) ainsi que la taille et l’épaisseur du LCA sont des facteurs de risque reconnus (Dienst & al., 2007 ; Smith & al., 2012). Myer, Ford, Paterno, Nick et Hewett (2008) mettent également en avant le risque de laxité ligamentaire généralisée. En effet, elle influence particulièrement le risque de rupture du LCA chez les athlètes féminines pratiquant des sports à risque. Uhorchack et al. (2003) ajoutent que les sportives avec une laxité généralisée ont 2,7 fois plus de chance de se blesser que les autres.
Par ailleurs, certaines postures en statique semblent être plus à risque, tel que ; un recurvatum de genou, appelé aussi hyperextension, une position en pronation de l’articulation de la sous-talienne et un naviculaire infériorisé (Loudon, Jenkins & Loudon, 1996). Pour finir, un indice de masse corporelle élevé peut aussi augmenter le risque de rupture du LCA (Uhorchack & al., 2003). Ce facteur anatomique est intéressant car modifiable.
Population et sport
Un facteur de risque très sensible est celui du sexe. Selon Hewett et al. (2005) les adolescentes ont un risque 4 à 6 fois plus élevé de se blesser que les hommes pratiquant le même sport. Ce ratio est spécialement vrai entre 14 et 18 ans puis tend à s’équilibrer à l’âge adulte (Renstrom & al., 2008). Ceci peut être expliqué par le fait que l’on retrouve à cet âge une augmentation importante du poids, de la taille et de la longueur des os (LaBella & al., 2014). Le tibia et le fémur sont les deux os les plus longs du corps et, de par leur croissance accrue à l’adolescence, cela augmente considérablement les contraintes sur le genou (Hewett, Myer & Ford, 2004). Ils ajoutent encore que grandir provoque des changements au niveau du centre de masse et entraîne, ainsi, plus de difficultés à équilibrer le corps. Les adolescents, grâce à la testostérone qui stimule les muscles à développer la force, la puissance et la coordination, ont un meilleur contrôle neuromusculaire que les adolescentes (Hewett & al., 2004).
Certaines études expliquent encore cette différence entre hommes et femmes en lien avec le cycle menstruel (Acevedo & al., 2014). Cependant, il n’y a encore aucun consensus sur cette question. En effet, certains chercheurs ont observé une augmentation des ruptures de LCA lors de la phase préovulatoire alors que d’autres ont noté un tel accroissement lors de la phase post-ovulatoire (Beynnon & al., 2006 ; Ruedl, & al., 2009 ; Slauterbeck & al., 2002).
Pour finir, le sport pratiqué est aussi un indicateur du risque de blessures du LCA. Le football, le basketball, le handball, le volleyball, la gymnastique et le ski alpin sont considérés comme les sports les plus à risque (Renstrom & al., 2008). En effet, ces sports demandent des accélérations et décélérations rapides, des changements de direction et des mouvements dits de pivots (LaBella & al., 2014). C’est effectivement lors de telles tâches que le LCA est mis sous tension (cf Mécanisme de lésion du LCA).
Facteurs neuromusculaires et biomécaniques
Les facteurs de risques neuromusculaires et biomécaniques ont retenu l’attention de beaucoup de chercheurs car ils sont modifiables (Acevedo & al., 2014). Hewett et al. (2005) ont pu démontrer qu’un angle ainsi qu’un moment de force excessif de valgus dynamique de genou lors de la réception d’un saut était le principal facteur de risque de blessure du LCA chez les femmes. Ceux-ci expliquent, par contre, que la flexion de genou et de hanche ne sont pas des facteurs de risque significatifs. Cependant, de nombreuses études affirment que la flexion de genou, les mouvements d’adduction et de rotation médiale de hanche sont également des prédicteurs de ruptures du LCA (Griffin & al., 2000 ; LaBella & al., 2014 ; Renstrom & al., 2008 ; Acevedo & al., 2014). La littérature étant controversée en ce qui concerne ces derniers paramètres, le valgus dynamique est spécialement traité dans ce travail .
La force et la coordination musculaire sont aussi importantes pour éviter les blessures du LCA étant donné qu’elles influencent directement la biomécanique du membre inférieur et le stress sur le LCA (Mclean, Lipfert & van der Bogert, 2004). En effet, une activation du quadriceps avant celle des ischiojambiers, lors de mouvements sportifs, intensifie la translation antérieure du tibia. Ceci augmente les contraintes sur le LCA et influence le valgus dynamique (LaBella & al., 2014). D’ailleurs, ce mécanisme est spécialement rencontré chez les femmes (Hewett & al., 2004).
1 Introduction |