l’explication des problèmes de transition des pays en développement par l’outil institutionnel

L’explication des problèmes de transition des pays en développement par l’outil institutionnel

 les caractéristiques politiques et économiques des pays ex-socialistes

La différence dans la structure du système politique entre les pays : 1- Les types de transitions selon les pays Vers les années 1990, la majorité des pays ex-socialistes sont entrés dans une période de transition vers l’économie de marché. Or, la transition institutionnelle était largement différente entre les pays ( thorstenn,2005 ( bounoua 2010) . On peut de ce fait constater deux types de transitions.  Le modèle de la main invisible : certains pays ex-socialiste comme la Pologne ont réussi leur transition. le gouvernement polonais a ainsi entamé des réformes institutionnelles efficaces conformes à une économie de marché saine qui favorise l’investissement et la croissance. En ayant un système politique ouvert, compétitif, participatif et peu corrompu qui a permis de créer des institutions pour la protection des droits de propriété, le renforcement des contrats …1  Le modèle saisissant : dans la majorité des pays ex-communistes, la transition institutionnelle ne s’est pas déroulée de la même manière que la précédente. La transition vers l’économie de marché était plus difficile et moins réussi. Ces pays étaient caractérisés par un système politique non compétitif à parti unique, corrompu et dominé par une petite élite dirigeante. Cette dernière a réussi à bloquer les réformes et à mettre en place des institutions néfastes qui lui permettent de garder sa position dans le pouvoir et profiter des ressources naturelles du pays. La question qui se pose est la suivante : Pourquoi ces pays n’ont pas la même nature du système politique ?

Les facteurs explicatifs de cette différence

Pour répondre à cette question les chercheurs ont fait plusieurs études. Ils ont trouvé que la différence du système politique peut être expliquée par deux facteurs importants : la dotation en ressources naturelles et l’expérience historique des pays ex-socialiste.

La dotation en ressources naturelles

Lorsque le pays est doté d’une abondance en ressources naturelles, le gouvernement est moins enclin à mettre en place de bonnes institutions favorable à une économie de marché. Il est ainsi plus facile pour l’élite dirigeante de tirer profit des ressources naturelles -qui lui procurent un revenu à court terme- que de mettre en place des réformes institutionnelles dont l’effet est à long terme. 2-2- l’expérience historique des pays ex-socialistes : Les pays qui ont connu une grande période de socialisme où les élites socialistes ont maintenu le pouvoir au début de la transition, ont mis en place des institutions servant leurs intérêts. L’absence des syndicats, des sociétés civiles, de la liberté de la presse a entrainé l’absence de la compétition au sein du système politique. Par conséquent les élites étaient libres de concevoir les institutions sans qu’elles soient confrontées à une opposition politique.

Le cas de l’Arménie

L’Arménie comme l’Azerbaïdjan sont des pays de l’ex-URSS. Ils ont eu une longue période de communisme (71 ans). Ces deux états sont entrés en guerre pour un problème territoriale. Cette guerre a entrainé l’émergence d’un mouvement nationaliste en Arménie accompagné d’un changement de la structure institutionnelle grâce à de nouvelles élections parlementaires. 1 Thorsten Beck and Luc Laeven, Institution building and growth in transition economies; op.cit;p12 Chapitre 3 : l’explication des problèmes de transition des pays en développement par l’outil institutionnel 103 Le nouveau gouvernement a renforcé l’état de droit et la protection des droits de propriétés. Durant la période de transition, ce pays a connu un niveau de PIB parmi les plus élevé. Son voisin l’Azerbaïdjan, bien qu’il ait connu le même parcours, sa croissance durant cette période était très faible. Ce pays a maintenu la même structure institutionnelle (caractérisé par des institutions extractives) que celle adoptée sous le régime socialiste. La différence de trajectoire institutionnelle entre l’Arménie l’Azerbaïdjan peut être expliquée par des différences de dotation en ressources naturelles. L’abondance en ressources naturelles en Azerbaïdjan a encouragé un comportement de recherche de rente. Tandis que la rareté des ressources en Arménie a permis le basculement du pouvoir politique vers un système politique plus performant.1 4- L’étude empirique : 4-1- la relation entre le développement institutionnel et les deux facteurs : Pour prouver que les deux facteurs influent sur la structure du système politique, les chercheurs ont d’abord régressé le développement institutionnel (de 1996) des pays ex-socialistes (mesuré par la moyenne des six indicateurs de gouvernance de Kaufman) sur les deux facteurs. les dotations en ressources naturelles sont mesurées par les exportation brutes des ressources et l’expérience historique est mesurée par le nombre d’années que les pays ont passé sous le régime socialiste. Résultats : – Les résultats de la régression montrent que la dotation en ressources naturelle explique 48% de la variation de l’indicateur de développement institutionnel entre les pays. Tandis que l’expérience historique durant la période socialiste explique 58% de la variation de cet indicateur. 

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Le lien entre l’ouverture politique et le développement institutionnel

Les chercheurs ont ensuite constaté qu’il ya une forte corrélation entre le développement institutionnel de 1996 « l’ensemble des réformes institutionnelles qui ont été faites depuis la première année qui a suivi la transition » et la structure politique initiale de 1992 « la première année qui a suivi la transition ». Les pays qui ont bénéficié d’une ouverture politique dans la première année de transition ont un indicateur de développement institutionnel élevé et vice versa. Pour confirmer ce lien, les auteurs ont régressé la structure politique initiale sur les deux facteurs cités plus haut. Pour cela, ils ont choisis deux indicateurs pour mesurer la structure politique initiale :  Les contraintes imposées aux dirigeants politiques : le degré d’indépendance du chef de l’état dans la prise de décision calculé sur une échelle de 1 à 7 1 : autorité absolue. 7 : le dirigeant du pays consulte d’autres institutions politiques avant la prise de décision.  Le nombre des sièges occupés par l’ancienne élite socialiste au parlement après la transition. Les résultats : Les chercheurs ont ainsi constaté que les deux facteurs (la dotation en ressources naturelles et l’expérience historique) exercent un impact significatif sur les contraintes exécutives.1 B) Le rôle de la colonisation dans l’explication des différences de la nature initiale du système politique : Acemoglu, Jonson et Robinson ont fait le lien entre les différentes structures institutionnelles dans les ex-colonies et les stratégies de colonisation selon les pays. Ces auteurs soulignent que la différence de la structure politique initiale des pays colonisés est due à la différence de politiques mises en place par les colons dans les différents pays. 1- Les différentes stratégies coloniales : Les colons européens : britanniques, espagnoles, français et portuguais durant le 18 eme et le 19 eme siècle ont conçu différentes institutions selon les conditions des pays colonises.  Dans certaines colonies comme au Canada, en nouvelles Zélande ou en Australie, le gouvernement colonial a reproduit les mêmes institutions du pays d’origine et les a même améliorées. Ces institutions garantissaient l’efficacité du système judiciaire dans la protection des droits de propriété. En revanche, dans les autres pays en développement comme en Amérique Latine, en Afrique ou en Asie, les colons ont mis en place une structure institutionnelle médiocre, des institutions de pillage qui ont pour objet de faciliter l’exploitation des ressources.1 Ces institutions ont persisté même après l’indépendance. Ces pays ont maintenu un système politique où les élites refusent les réformes institutionnelles pour profiter au maximum de la rente. La question qui s’est imposée à nous est : pourquoi les colons n’ont pas adopté la même politique dans tous les pays colonisés ?

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