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Définition d’un adjectif prédicatif

Parmi les adjectifs en français, il existe des adjectifs se construisant obligatoirement avec un argument interne comme désireux, exempt ou encore enclin (Noailly 1999). Les premiers adjectifs, que l’on nomme adjectifs prédicatifs, nous intéressent particulièrement pour la prédiction de leur contexte droit. Mais encore faut-il poser les critères pour les distinguer des autres adjectifs et déterminer la nature de leur contexte droit. À partir du corpus annoté morpho-syntaxiquement French Treebank (Abeillé 2003) constitué d’articles du journal Le Monde publiés entre 1989 et 1993, Kupsc (2008) a extrait automatiquement la valence des adjectifs qualificatifs (ou cadre de sous categorisatio ́ n) présents dans des constructions attributives ou prédicatives pouvant potentiellement avoir un ou plusieurs arguments. Cette auteure définit la valence d’un adjectif par le nombre d’arguments nécessaires pour que sa construction soit correcte et la représentation syntaxique de ses arguments. Pour réaliser cette tâche, un certain nombre de critères sont posés au préalable pour distinguer les cas où l’argument est obligatoire des cas où l’argument de l’adjectif qualificatif est optionnel : – dans les constructions impersonnelle (il est agréable que Marie vienne/il est agréable de sortir), lorsque la clause extrapolée peut être sujet, alors elle est considérée comme l’argument sujet de l’adjectif (Que Marie vienne est agréable/De sortir est agréable) ; – dans d’autres constructions, l’argument de l’adjectif est considéré comme objet lorsqu’il ne peut être déplacé en position sujet (Paul est heureux que Marie vienne/*Que Marie vienne Paul est heureux) ; – dans les constructions comparatives, les adjectifs n’ont pas d’argument obligatoire car les constructions comparatives sont possibles avec presque tous les adjectifs L’étude de Kupsc (2008) montre que la majorité des adjectifs qualificatifs (86% des adjectifs qualificatifs) ont un cadre de sous-catégorisation dit “simple” possédant un seul argument en fonction sujet (SUJ:NP). Parmi les adjectifs qualificatifs étudiés seuls 61 apparaîssent toujours dans le corpus avec un argument comme accessoire, accompagné, adhérent, admis, agrégé, allergique, amateur, apte, aride, attenant, avare, concessionnaire, condamné, coupable, coutumier, destructeur, distant, désireux, exempt, fier, fixé, incapable, interdit, semblable. Finalement, Kupsc (2008) détermine à partir de son expérience que les arguments des adjectifs peuvent se réaliser sous la forme d’un syntagme prépositionnel, d’une proposition subordonnée ou d’une proposition infinitive. L’extraction automatique de la valence (ou cadre de sous-categorisation) des adjectifs ́ qualificatifs du French TreeBank a permis la constitution de la ressource TreeLex que nous présentons dans la section suivante. D’autres études existent en français sur l’étude des adjectifs prédicatifs mais bien peu face à celles existantes pour les verbes prédicatifs et les noms prédicatifs (voir partie 2 et partie 3). Nous pouvons citer l’étude de Gross 2012 et celle de Léger 2006. L’étude de Gross (2012) ne propose pas véritablement de classification des adjectifs en fonction de l’étude de leurs arguments mais plutôt une vue d’ensemble des problèmes que pose l’étude des adjectifs prédicatifs. Dans un premier temps, Gross (2012) pose qu’il existe une corrélation entre la signification d’un adjectif et les « schémas d’argument ». Le sens d’un adjectif change en fonction des classes sémantiques de ses arguments. L’adjectif juste a la même signification dans le piano est juste mais pas dans le pantalon <vêtement> est juste, pantalon étant d’une classe sémantique différente. Gross (2012) 33 prédiction du contexte droit des adjectifs prédicatifs aborde par la suite les propriétés syntaxiques des adjectifs prédicatifs. Il énumère plusieurs structures argumentales rencontrées avec des adjectifs : adjectifs sans argument (cette région est tranquille), compléments en à N (Paul est fidèle à Marie), compléments en de N (Paul est conscient du danger), compléments en avec N (Paul est gentil avec moi), compléments en contre N, après N (Paul est fâché contre nous, Paul est fâché après nous), compléments en pour N (ce texte est difficile pour un enfant), complément en devant N (Paul est admiratif devant cette attitude), compléments en en N (Paul est fort en maths), compléments en (de ce) que P (je suis sûr que la réponse est exacte). Ici, Gross (2012) se contente de relever les constructions possibles et ne propose pas d’étude de leurs propriétés syntaxiques. Enfin, l’auteur liste un certain nombre de problèmes que l’on rencontre pour l’étude de la structure argumentale des adjectifs sans se lancer dans une étude approfondie : – les arguments des adjectifs sont introduit majoritairement par une préposition sauf parfois par des complétives directes en que P ; – les classes d’objet permettent de prédire la préposition qui introduit l’argument : paul est bon au bridge . Si l’argument appartient à la classe sémantique alors on peut prédire que la préposition introductive est à ; – l’effacement de l’argument de l’adjectif est possible mais peut provoquer un changement de signification de l’adjectif : la maison est haute de 3 mètres/maison est haute (évaluation subjective de l’individu) ; – il existe un problème de polarité au sein des couples antonymiques : cette planche est longue de 3 mètres/*cette planche est courte de 3 mètres. L’étude de Léger 2006 propose une classification sémantique des adjectifs reflétant également leurs proprietes syntaxiques. Cette classification repose essentiellement sur le critère du mode et ́ ́ met en évidence trois classes d’adjectifs : ceux qui acceptent des propositions infinitives ou des propositions dans lesquelles le verbe est à l’indicatif (Jean est certain que Marie partira/Jean est certain de partir), ceux qui acceptent des propositions infinitives ou des propositions dans lesquelles le verbe est au subjonctif (Jean est content que Marie parte/Jean est content de venir) et ceux qui acceptent uniquement des propositions infinitive (Jean est facile à convaincre/*Jean est facile qu’on convainc). Les résultats obtenus par Kupsc (2008) semble se conformer à la classification de Léger 2006.

Evaluation des ressources

Protocole

Concernant l’évaluation des ressources Lefff et TreeLex, nous suivons le même protocole utilisé pour l’évaluation des ressources sur les verbes et les noms prédicatifs. Il s’agit ici de prédire le contexte droit de l’adjectif prédicatif nécessaire. Cet adjectif est d’usage fréquent et possède 6 constructions différentes (cf. informations extraites de TreeLex ci-dessus). Cet adjectif peut s’employer (i) sans argument, avec un argument de type syntagme nominal introduit par la préposition (ii) à ou (iii) de, avec un argument de type proposition infinitive introduit par la préposition (iv) à ou (v) de ou avec un argument de type syntagme nominal introduit par la préposition (vi) pour.

Résultats

L’évaluation des ressources que nous venons de présenter pour la prédiction du contexte droit de l’adjectif prédicatif nécessaire retourne les résultats suivants.
Ces résultats sur l’évaluation des ressources existantes pour la prédiction du contexte droit des adjectifs prédicatifs apportent montre que d’un point de vue purement quantitatif, la ressource qui offre le meilleur taux de prédiction du contexte droit de l’adjectif prédicatif nécessaire est TreeLex avec un taux de 61%. En revanche, la ressource Lefff a un taux de prédiction moins élevé avec 12%. Cela s’explique par une description des cadres de sous-categorisation possibles pour l’adjectif ́ nécessaire plus complète dans TreeLex que dans Lefff. Dans la ressource TreeLex, l’adjectif est décrit selon 5 cadres de sous-categorisation différents alors que ́ Lefff n’en décrit que 2.

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