Lexique-grammaire et grammaires locales

Lexique-grammaire et grammaires locales

Le lexique-grammaire

Le lexique-grammaire est une méthodologie dont l’ouvrage fondateur est « Méthodes en syntaxe » de Maurice Gross (1975). Elle est en grande partie tirée des travaux sur les grammaires transformationnelles de Z.S. Harris (1951,1968) qui a introduit une approche mathématique de la linguistique avec des définitions rigoureuses et minimales. M. Gross a montré l’importance du lexique (souvent déprécié au profit de la grammaire) en montrant par l’accumulation systématique de faits linguistiques que les règles de grammaire (même les plus simples) ne sont pas aussi régulières que l’on a tendance à le croire. 

L’objet d’étude : les phrases simples

Les travaux du lexique-grammaire ont pour objet d’étude les phrases simples (ou élémentaires) composées d’un prédicat (verbe, adjectif et, par extension, nom, adverbe) et d’arguments. Le prédicat est l’élément central de la phrase. Son premier argument est le sujet de la phrase. Tout prédicat a un sujet qui est : – soit un syntagme nominal noté N0 : (Max + La soliste + Il) chante 7 – soit une complétive notée que P (ou une infinitive souvent réduction de la complétive) : Que Max vienne dérange Léa – soit un sujet impersonnel :

Il pleut Les autres arguments sont les compléments essentiels du prédicat : en général, des compléments d’objets. Ces compléments d’objets répondent à la question en (à + de + E) (quoi + qui) : Max donne une pomme à Marie 7 Le symbole + est le symbole du OU logique. 18 Que donne Max à Marie ? une pomme A qui Max donne une pomme ? à Marie On note N1, N2 les compléments nominaux essentiels d’un prédicats (respectivement, objets directs et objets indirects). Les compléments essentiels peuvent être des complétives ou des infinitives qui répondent aussi à ces questions :

Luc dit à Paul que Max pleure Que dit Luc à Paul ? que Max pleure Marie veut se lever de bonne heure Que veut Marie ? se lever de bonne heure Ces règles ne sont pas toujours valides, il existe toujours des exceptions, par exemple avec le verbe aller : Max va courir dans les bois *Que va Max ? courir dans les bois 8 Cet emploi du verbe aller répond à la question en où. Où va Max ? courir dans les bois La notion de phrase élémentaire est une notion plus empirique que théorique. Au fur et à mesure de l’examen des prédicats, on s’aperçoit que cette notion ne peut-être totalement fixée.

A. Guillet et C. Leclère (1992) considèrent que certains compléments locatifs sont compléments de prédicats (verbaux, dans leur cas). En effet, la construction locative suivante est équivalente à une phrase simple : Luc charge les caisses dans le camion = Luc charge le camion de caisses Par analogie, ils considèrent certaines constructions locatives de même surface comme des phrases simples, bien qu’elles n’aient pas de phrases simples traditionnelles équivalentes : Luc plonge les légumes dans l’évier = *Luc plonge l’évier de légumes.

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