L’EXERCICE DE L’AUTORITE ET L’ENSEIGNEMENT DU FRANÇAIS
Généralités sur l’autorité
Etymologiquement, « l’autorité est définie comme une influence qui s’impose aux autres en vertu d’un privilège d’une situation sociale ou d’un mérite » (1). Pour la personne qui l’exerce, elle impose la confiance et aide à progresser. Cependant, pour beaucoup de gens qui gardent une conception dirigiste de l’enseignement, le concept d’autorité se réfère plutôt à la rigidité, à la sévérité, à la contrainte. Avoir de l’autorité, donc, pour eux, c’est être sévère, c’est faire preuve d’une discipline en commandant de force. Cette conception erronée fait en sorte que bon nombre d’éducateurs préfèrent ne pas en faire usage et même ne pas en parler dans l’action enseignante. Mais la conception moderne définit l’autorité comme étant « un pouvoir effectif qui signifie savoir commander, savoir se faire obéir et savoir se faire respecter » (2). Elle a, défini l’autorité avec une connotation plutôt positive. Selon toujours cette définition de la conception moderne, on peut donc tirer profit de l’exercice de l’autorité. Parallèlement, l’expression « être autoritaire » est plutôt une expression à sens péjoratif qui signifie imposer son commandement, son pouvoir d’une manière absolue comme dans le cas d’un régime autoritaire qui veut dire un régime dictatorial, totalitaire c’est-à-dire qui ne tolère ni la contradiction ni l’opposition. Et si on parle d’ « autoritarisme », on parle surtout « de caractère autoritaire de quelqu’un ou quelque chose » (3). Mais pour nous, l’autorité est le savoir de se faire obéir, se faire estimer et respecter en sachant adopter un climat détendu avec les élèves mais tout en maintenant la barrière enseignant-élèves grâce à laquelle ces derniers sauront limiter leur parole et leurs actions.
Les différents aspects de l’autorité
Rarement, l’autorité est innée. Dans ce cas, on parle d’autorité naturelle. Celle-ci peut être imposée naturellement par une grosse voix ou bien par le physique et par beaucoup de facteurs. Mais en général, elle n’est pas totalement innée car elle s’acquiert et pour l’avoir, il suffit de se faire aimer, se faire craindre et se faire estimer à la fois. Elle est, donc le produit des interactions sociales d’un groupe (groupe-classe ou groupe social). On peut se faire aimer si on sait donner l’impression de pouvoir aimer les autres en retour. Mais ce qui est vraiment important, c’est surtout d’avoir du prestige, c’est ce qui frappe l’imagination des sujets. A vrai dire, c’est une sorte de mirage, d’illusion qui augmente chez les subordonnées la supériorité du chef, voire la confiance en ce chef. Le prestige est fait : – d’éléments esthétiques comme la beauté, le charme, la propreté, l’élégance – d’éléments sociaux comme le grade, la situation, la bonne réputation, la classe. – de valeurs individuelles à savoir la qualité morale, la dignité, le respect de soi et des autres et la maîtrise de soi. – d’aptitude professionnelle : il faut avoir de la compétence c’est-à-dire maîtrisé à fond sa spécialité, mais aussi, il faut avoir l’art d’intéresser et de faire aimer son travail. En revanche, pour se faire craindre, on doit savoir utiliser à bon escient la force. Le respect de la discipline est un des moyens pour l’utilisation de la force. Il ne faut pas se faire craindre uniquement avec des paroles mais en même temps, il faut réagir. Par exemple, si les avertissements verbaux ne suffisent pas, il vaut mieux donner sans hésitation des punitions, des points de pénalisation si nécessaire. On doit également faire preuve de rigueur et de sévérité et surtout savoir faire connaître aux élèves les limites et la discipline. Mais l’exercice de l’autorité du professeur dépend du tempérament, du caractère et des facteurs psychologiques retrouvés chez les élèves. Par conséquent, les formes d’autorité peuvent être différenciées selon la hiérarchie de fonction attribuée à chaque individu.
Les différentes formes d’autorité
L’autorité peut se manifester par la manière douce ou la persuasion et /ou par la manière forte ou la coercition. Parlons, d’abord, de la première forme d’autorité qui est l’autorité à tendance permissive. Elle se traduit par une discipline individuelle plus souple, caractérisée par le laisser-faire et le relâchement, autrement dit par une plus grande liberté mal-définie accordée aux élèves. Il arrive même que cette liberté avoisine l’anarchie 5 (État de trouble, de désordre dû à l’absence d’autorité, à la carence de lois). Dans ce cas, nous pouvons lier cette forme d’autorité à l’éducation libertaire. L’éducation libertaire est une forme d’éducation où le maître abandonne toute autorité et adopte une aptitude de camaraderie avec les élèves. Et ce sont ces derniers qui organisent tout à leur guise à l’école. Il n’y a pas, donc, de programme annuel ni d’emploi du temps, ni de classe. Ce genre d’éducation se basait sur la doctrine de Jean Jacques Rousseau, qui selon laquelle « il faut laisser la nature agir tranquillement et lentement et veiller à ce que les circonstances environnantes soutiennent le travail de la nature » (1). Cette doctrine prétendait que quand on fait confiance entièrement à la nature de l’enfant en laissant se développer dans une liberté quasi- absolue, celle-ci aboutira d’elle-même à un plein épanouissement dans tous les domaines. Olivier REBOUL s’est associé à cette idée de Rousseau qui est surtout de laisser l’enfant agir selon la nature sans autorité ni contrainte. Evoquant les évènements de 1968 en France, il rappelle que « l’autorité était l’une des têtes de Turcs à abattre, à abolir du système éducatif »(2). Autrement dit, il faut oublier toute forme d’autorité dans le domaine éducatif et dans tout autre domaine pour aboutir à un résultat positif. Il faut donc recourir à la liberté. La deuxième forme d’autorité est l’autorité à tendance coercitive. Cette autre tendance se traduit par des moyens violents et rigides tels que la contrainte ou la coercition. Comme son nom l’indique, les punitions sévères, les contrôles, le recours à la discipline scolaire y constituent les principales armes utilisées. La liberté des élèves est alors plus limitée voire absente. Dans ce cas, c’est effectivement l’autorité qui règne. Comme le disait Herbert Armstrong : « sans autorité, l’enfant ne peut rien apprendre ni de Dieu ni de ses parents, ni de personne » (3). Cela signifie que l’exercice de l’autorité est un des moyens fondamentaux pour assurer le bon déroulement d’un enseignement-apprentissage. Lorsque la tendance permissive s’avère inefficace le professeur recourt parfois à la tendance coercitive. Ainsi, un même enseignant peut avoir alternativement les deux tendances.
Les impacts de l’autorité
Chaque tendance devrait provoquer chez les élèves des comportements bien déterminés et des résultats scolaires très explicites. Dire donc que les manières dont le professeur exerce l’autorité sur ses élèves ont un impact certain sur les résultats scolaires des élèves signifie que l’une ou l’autre tendance aurait des effets tangibles sur les résultats attendus par l’enseignant dans la transmission des connaissances et par les élèves dans leur acquisition. Ainsi reconnaîtra-t-on l’éducateur qui a de l’autorité sur sa classe au fait qu’il est aimé et craint, que ses ordres et ses conseils sont suivis et exécutés. Ayant confiance en sa compétence, ses élèves acquièrent une certaine maîtrise de soi et l’habitude des efforts spontanés. Dès lors, l’apprentissage ou l’enseignement est couronné de succès. Pour pouvoir répondre à notre problématique et pour pouvoir confirmer ou infirmer notre hypothèse, nous avons, dans la deuxième partie de ce travail, décidé de procéder par enquêtes et par observations de classes dans le but de trouver le type d’autorité dont s’arme le professeur et son impact chez les élèves d’après les réalités.
Les différents domaines où l’on exerce l’autorité
Domaine politique : Dans ce domaine, l’exercice de l’autorité suit la logique de la hiérarchie des différentes fonctions politiques existantes, conformément à la constitution. Mais visiblement, c’est le Président de la République qui détient le pouvoir absolu et c’est lui qui exerce le plus d’autorité vis-à-vis de tout le peuple entre autre politiciens et simples citoyens. Le Premier Ministre détient le pouvoir succédant le Président de la République. Il est le Chef du Gouvernement et c’est lui qui succède le Président de la République en matière d’autorité. Schématiquement, la figure suivante nous démontre les détails de la hiérarchie des fonctions politiques à Madagascar. L’exercice de l’autorité suit donc la logique de cette hiérarchie des fonctions.
INTRODUCTION GENERALE |