L’exécution efficace des projets d’eau et d’assainissement

CADRE THÉORIQUE ET MÉTHODOLOGIQUE

La commune d’arrondissement de Malika, située dans la zone des Niayes est, à limage de tous les quartiers périurbains de la région de Dakar, une zone où les problèmes d’assainissement se posent avec acuité. En effet, les initiatives en faveur du droit à un environnement sain y ont, pendant longtemps, été inhibées par le faible taux d’accès à l’assainissement. Parallèlement, l’inexistence d’un réseau collectif d’évacuation des excrétas et des eaux usées fait que l’assainissement individuel constitue la seule alternative à laquelle les populations ont recours. Cette situation visible dans la plupart des zones urbaines du pays s’explique par plusieurs raisons. Elle traduit, en outre, un manque d’efficacité et de cohérence des stratégies de mise en œuvre d’un modèle d’aménagement urbain durable et constitue en même temps une contrainte majeure en matière de politique de gestion urbaine. C’est la raison pour laquelle, les pouvoirs publics, dans le cadre de leur engagement à « réduire de moitié, d’ici à 2015, le nombre de personnes ne disposant pas d’un accès à une eau potable et à un dispositif d’assainissement » (OMD 71;), ont mis en place le PAQPUD2; un programme ambitieux de construction de 60000 ouvrages d’assainissement individuel financé par la Banque Mondiale.

Dans la Commune d’arrondissement de Malika, même si les efforts du PAGPUD se sont traduits par une hausse significative du taux d’accès, ils ont en outre rendu plus complexe le problème de la gestion des boues de vidange. Le fait est que les installations mises en place dans le cadre de l’assainissement autonome, ayant beaucoup augmenté dans la circonscription, produisent des quantités de plus en plus importantes de boues. Le facteur démographique aidant, cette situation risque à l’avenir d’être plus problématique surtout si on considère que chaque habitant produit environ un litre de boues par jour (Heinss et al, 1998). Il s‟y ajoute que ces matières fécales, du fait de leur charge bactériologique souvent très élevée (supérieure à 1010 coliformes fécaux par 100 ml), sont considérées à juste titre comme très dangereuses pour la santé : elles constituent un facteur à risque extrêmement important pour le développement de certaines pathologies et la contamination de la nappe.

Par conséquent leur prise en charge efficace s’impose tant du point de vue de leur extraction, de leur évacuation que de leur dépotage. Ceci, conformément aux recommandations de la conférence du réseau des experts en assainissement – « Africasan » – de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, organisée à Ouagadougou en février 2005 par le programme Eau et Assainissement de la Banque mondiale. Il apparait, dès lors, que la gestion convenable des boues de vidange est un maillon crucial pour la protection de la santé publique et l’exécution efficace des projets d’eau et d’assainissement. Aussi constitue t- elle une des conditions essentielles pour l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Pourtant, malgré les avancées notables enregistrées ces dernières années, elle reste encore le parent pauvre de l’assainissement urbain et périurbain.

Dans la Commune d’arrondissement de Malika, cela est d’autant plus réel que le rapport final de l’Etat des lieux détaillé 2008 réalisé par le CREPA3 dans le cadre de son programme de recherche AECM4, indique que malgré la présence d’une offre de vidange mécanique locale, une grande partie des ménages vidange leurs fosses par le service d’artisans manuels (« bayes pelles » ou membres des familles). Ce qui favorise l’enfouissement ou le déversement des boues non traités dans la rue ou à l’intérieur des concessions, ainsi que la persistance du péril fécal, et ce en dépit de ses effets pervers sur la santé humaine, le cadre de vie et l’environnement naturel. En dépit de la gravité des problèmes de santé qu’elle pose et du caractère illégal des pratiques qui l’entourent, eu égards aux dispositions juridiques actuelles au Sénégal, la gestion manuelle des boues de vidange continue donc d’être une activité très répandue dans la Commune d’arrondissement de Malika, tout comme dans la plupart des collectivités de la zone périurbaine de Dakar. Sous ce rapport, elle mérite d’être scientifiquement mieux cernée pour une prise de décision éclairée et conforme aux aspirations des populations à un environnement sain. Ce qui, nécessairement, passe par une connaissance approfondie de tout ce qui gravite autour et notamment des personnes qui, parce qu’elles la pratiquent comme activité génératrice de revenus, en sont les principaux acteurs.

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