L’évolution du féminisme américain et son
influence dans le monde
Les Critiques Féminines
La bible objet de modifications
Les femmes condamnent l’acte criminel dont elles ont été victimes. Garder des générations et des générations dans l’obscurantisme pour instaurer une autorité masculine est blâmable et encore plus choquant avec la complicité de l’Eglise. Mais cette dernière insiste sur le fait qu’elle ne remplit qu’une volonté divine : celle de promouvoir une famille modèle basée sur l’obéissance et l’amour. Ainsi il appartient aux femmes de défendre leur parti et de dénoncer les abus afin qu’une réforme de la bible soit menée. Sarah Grimké dans sa lettre, Letters on the Equality of the Sexes, dénonce la rigeur du système patriarcal par rapport au comportement de la femme vis-à-vis de son conjoint. Elle estime qu’il est aberrant que l’on puisse s’attendre à autant de glorification de la femme pour son mari alors qu’elle le doit au Christ.83 A travers la lettre de Sarah Grimke on constate une manipulation astucieuse de la bible par l’homme pour mieux asservir la femme. « I … claim to judge for myself what is the meaning of the inspired writers, because I believe it to be the solemn duty of every individual to search the Scriptures for themselves, with the aid of the Holy Spirit, and not be governed by the views of any man, or set of man. … False construction {of the Scriptures} has no weight with me: they are the opinions of interested judges, and I have no particular reverence for them, merely because they have been regarded with veneration from generation to generation. So far from this being the case, I examine any opinion of centuries standing… as if they were of yesterday. I was educated to think for myself, and it is a privilege I shall always claim to exercise. Mais, il est inconcevable pour Sarah Grimké de continuer à asservir la femme lorsqu’on lit dans la bible « Men and Women are created EQUALS. »85 De plus, Jésus le modèle de ces religieux, s’avérait plus flexible et plus compréhensible vis-à-vis des femmes. En revanche, pour les religieux, les pratiques et l’attitude de Jésus dans ce domaine semblaient révolutionnaires car, dans bon nombre de cas, il prenait la partie des femmes. Par exemple, il était interdit d’approcher les femmes pendant leurs menstrues et pourtant Jésus avait soigné une femme qui avait des troubles de menstrues pendant douze ans. Notamment, il était inconcevable d’intégrer des femmes dans des cercles d’homme surtout à une telle période mais Jésus pour dissiper cette gêne avait inclus des femmes dans son cercle de compagnons. Par conséquent, une féministe et révolutionnaire comme Sarah Grimké ne conçoit pas l’indifférence dont font preuve les religieux face à ce religieux modèle qu’est le Christ. Elle dit: « according to the principle that I have laid down, that man and woman were created equal, and endowed by their beneficent Creator with the same intellectual powers and the same moral responsibilities, and that consequently whatever is morally right for a man to do, is morally right for a woman, is follows as a necessary corollary, that if it is the duty of a man to preach… it is the duty also of a woman. »86 Stanton annonce que ces idées d’infériorité viennent du calvinisme et du puritanisme car depuis son enfance on lui avait enseigné les différences sexuelles et le rôle de chacun. Maureen Fitzgerald déclare dans la préface du Woman’s Bible de Elizabeth Cady Stanton que les religieux orthodoxes ont comploté contre la femme américaine pour la maintenir dans son rôle traditionnel.87 Suite à cet abus, Cady dans woman’s Bible a d’abord discrédité la Bible et a ensuite officiellement dénoncé la complicité des religieux. Elle mit au grand jour le paradoxe qu’il y a dans la Bible en ce qui concerne l’égalité des sexes. Dans un premier temps, la Bible présente la 85 Idem. 86 Idem, p.16. 87 Woman’s Bible by Elizabeth Cady Staton p.x. 45 45 femme comme un être ayant été créé de la hanche d’Adam, pour souligner son infériorité. De l’autre, lorsque la Bible parle de la création de l’être humain, elle précise que l’homme et la femme ont été créés à l’image de Dieu : voilà une image égalitaire des deux sexes. « The masculine and feminine elements exactly equal and balancing each other, are essential to the maintenance of the equilibrium of the universe as positive and negative electricity, the centripetal and centrifugal forces, laws of attraction which bind together all we know of this planet whereon we dwell and of the system in which we revolve. »88 Ne croyant plus à aucun culte si ce n’est celui du « freethinkers »89, elle décida de se battre et d’arranger la situation de la femme de telle sorte qu’elle puisse retrouver son honneur ; plus tard elle adhéra au Quakers. C’est ainsi qu’elle et son équipe se donnèrent pour mission de lutter contre ces manipulations.
Une Bible féministe
« And God said, Let us make man in our image after our likeness: and let them have dominion over the fish of the sea and over the fowl of the air, and over the cattle, and over all the earth, and over every creeping thing that creepeth upon the earth 27 So God created man in his own image, in the image of God created he him: male and female image, created he them ».90 Ces paroles, se trouvant dans la Bible, sont l’élément de base des féministes. Dieu en disant « man », ne fait en aucun cas référence au sexe mais a la personne, donc à la fois, à l’homme et à la femme. Vu que Dieu les a créés à son image, tous les deux équitablement et que ses versets les concernent pareillement, on ne détecte aucun signe d’inégalité d’origine divine. Au contraire, certains passages de la Bible soulignent l’importance et le soutien qu’il faut accorder à la femme, notamment si cette dernière est 88 Josephine Donovan, Feminist Theory: The Intellectual Traditions of American Feminism, Ungar, New York, 1985,p: 38-37. 89 Ce sont des personnes qui se sont unies contre les pensees et les opinions generales. Elles se declarent comme ayant une pensee libre loin de toute oppression ou d’influence politique. 90 La Sainte Bible, version Semeur, Société Biblique Internationale, 2000, Genesis i : 26. 46 46 une veuve. En effet, Ben Witherigton III dit dans Women in the Earliest Church que: « Luke expresses by this arrangement that man and woman stand together and side by side before God. They are equal in honor and grace; they are endowed with the same gifts and have the same responsibilities. »91 Plusieurs autres passages de la Bible parlent de l’égalité entre les sexes de manière générale : dans l' »Exodus « . Par exemple, il est dit que doit être exécutée la personne (homme ou femme) qui maudit ou qui tue ses parents. Dans Joshua, est mis en valeur le caractère héroïque et courageux de Rabah, une prostituée cachant des soldats israéliens. Cela est même paradoxal car Rabah est félicitée pour un acte doublement pécheur : d’une part avoir menti et de l’autre avoir utilisé son aspect de tentatrice. Et les Sœurs Grimké, beaucoup plus radicales que les autres et pour multiplier les chances, ne se basent que sur l’aspect moral plutôt que le sexe. Elles en déduisent que cette égalité morale autorise la femme à faire les mêmes activités que l’homme. Par conséquent, son intervention en public devient légale.92 De même, les Garrisoniens adhérant à l’idéologie des Grimké ajoutent qu’elles ont aussi le droit d’intervenir dans des séances mixtes.93 Mais surtout, l’intervention de Lucretia Mott, en 1840 à « Unitarian Church » de Londres était une façon de contredire les religieux et de leur prouver qu’une femme a le droit de s’exprimer en public. Et qu’il n’y a aucun mal à franchir les barrières de la sphère féminine. Néanmoins, Theodore Parker, transcendaliste et prêtre de « Unitarian Church » est neutre ; sa conception est plutôt originale car selon lui, Dieu n’est pas un « supernatural force » mais une partie composante de l’âme de l’être humain. De ce fait, toute autorité peut être remise en cause. En se basant sur l’idée de Parker, il ne doit logiquement plus y avoir de contrainte. Partant de ce principe, Cady Stanton et ses consœurs déclarent qu’il est temps pour les femmes de réclamer leurs droits. Ainsi, mettent-elles en place, en 1848, à Seneca Falls, à New York, une convention pour la liberté des femmes. La fameuse « égalité morale » des deux sexes montre que la femme a les mêmes droits et les mêmes devoirs que les hommes. Ainsi les barrières qui lui sont imposées par les hommes et les religieux sont anormales. Et il a été prouvé que cette volonté de soumettre la femme n’était en aucun cas biblique mais émanait de misogynes et d’une société purement patriarcale en conspiration avec les religieux. Classifiant cet aspect d’égalité des sexes, les religieux s’attarderont sûrement sur ce fameux héritage d’Eve. Ce dernier est nommé après Eve parce qu’il illustre le fait qu’elle ait poussé Adam à consommer le fruit de l’arbre interdit. En effet, il faut noter que cette histoire à plusieurs interprétations qui varient selon la religion dont il est question (les différentes religions Abrahamiques). Mais ils se rejoignent tous sur le fait qu’Eve est la cause du bannissement d’Adam ainsi que de tous ses descendants du paradis. Il faut savoir que cette partie de l’histoire a eu un impact sur l’avenir des femmes plus particulièrement les chrétiennes et les juives. De ce fait, les juifs vont même plus loin en remerciant le Toutpuissant de ne pas les avoir créés femmes. Ils prétextent que c’est par punition que Dieu inflige à la femme trois souffrances telles que les règles, la grossesse et l’accouchement. Néanmoins, les Grimkés s’opposèrent à cette idée en précisant que la vraie faiblesse, à ce sujet, ne vient pas de la femme mais de l’homme. La femme dans cet acte a été influencée par un être surnaturel, ce qui est tout à fait justifiable. Tandis que l’homme a été influencé par un être humain comme lui qu’il lui soit égal ou non. Alors 48 48 pourquoi l’homme par sa supériorité et sa sagesse n’a-t-il pas pu raisonner la femme? Vu que généralement, la femme est identifiée par rapport à son sexe plutôt qu’à sa personne, cette référence l’emprisonne dans un corps de représentation et de procréation, d’où le retour à son rôle de Mère et d’Eve Tentatrice. Ainsi, pour combattre toutes ces pensées, est apparue l' »Evangelical Feminist », un groupe de femmes unies dans le seul but de réclamer leurs droits.94 Mais les Protestants Conservateurs contredisent cela en déclarant qu’il n’y a point d’autre épanouissement pour la femme si ce n’est à travers le mariage. En revanche, Sojourner Truth95 dans son discours, May 1851, remet en cause le système patriarcal et les idéologies religieuses par lesquelles les hommes ont soumis les femmes. Pendant une période ils ont prétexté l’infériorité des femmes en la justifiant par leur création de sa côte. Truth refoule cet argument en leur demandant le rôle que les hommes ont joué dans la création de Jésus ; à priori aucun, car c’est Dieu qui lui insuffla. Par contre, la femme joua un rôle important à travers le personnage de Marie qui donna la vie à Jésus.96 De plus, il est évident que les hommes ont toujours choisi comme prétexte la religion pour asservir la femme. C’est en fait, une mixture de culture et de religion qui soumet la femme. Autrement, comment expliquer qu’il soit tout à fait normal qu’un homme puisse avoir des maitresses et des concubines et non la femme. Des cas similaires ont été mentionnés dans l’ancien testament à savoir l’importance qu’accorde la religion à la virginité et à la fidélité féminine. « Then they shall bring out the damsel to the door of her father’s house, and the men of her city shall stone her with stones that she die: because she hath wrought 94Idem, p.14. 96 Estelle B. Freedman, The Essential Feminist Reader, Sojourner Truth, Two Speeches: May 1851, Modern Library, 2007, p.64. 49 49 folly in Israel, to play the whore in her father’s house: so shalt thou put evil away from among you. »97 Cela, pour montrer l’importance de la virginité féminine au sein de la société et surtout les répercutions négatives que sa perte non autorisée peut provoquer. Notons encore le cas de l’homme qui a élaboré minutieusement avec un prêtre une eau, soi-disant magique, pour détecter si sa femme avait commis l’adultère ou pas. Malheureusement, certains religieux et les hommes ont, souvent, agi de paire pour instaurer un système tendant à mieux surveiller la conduite de la femme. En revanche, les hommes se sont jamais concernés par cette « surveillance » alors que la religion interdit le pécher aux êtres des deux sexes sans distinction aucune. Cela prouve par conséquent le poids de celle-ci sur l’Eglise.
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