L’Evaluation de résumés informatifs

L’Evaluation de résumés informatifs

ROUGE

Les mesures ROUGE, pour Recall-Oriented Understudy for Gisty Evaluation, ont été introduites par Lin dans (Lin, 2004). Ces mesures sont fondées sur la comparaison de ngrammes 2 entre un ou plusieurs résumés de référence et un résumé à évaluer. Il n’existe pas un unique résumé de référence, et il est donc essentiel de comparer les résumés automatiques à plusieurs résumés de référence établis manuellement afin d’obtenir des mesures plus précises de la qualité des résumés. Ces mesures nécessitent donc la rédaction de résumés de référence par un ou plusieurs experts au préalable de la mesure de qualité du résumé. Il en existe plusieurs variantes, que nous présentons ci-dessous. 

ROUGE-n

Les métriques ROUGE-n sont fondées sur la comparaison simple de n-grammes. Une liste des n-grammes est établie pour chacun des résumés de référence et des résumés cible. Les n-grammes sont composés de n mots consécutifs. Par exemple, pour le texte « ROUGE est une métrique d’évaluation », la liste de n-grammes créée par ROUGE-2 sera « ROUGE est », « est une », « métrique d’ », « d’ évaluation ». Une fois la liste des n-grammes établie, le score ROUGE est calculé selon la formule en figure 2.1.1. P r∈CRef P n−grammes∈RC cardmatch(n−grammes) P r∈CRef P n−grammes∈RC card(n−grammes) – CRef est la collection des résumés de références, – RC le résumé cible (le résumé à évaluer). Figure 2.2.: Formule de calcul du score ROUGE-n : la formule revient à diviser le nombre de n-grammes communs entre le résumé à évaluer et les résumés de référence par le nombre total de n-grammes des résumés de référence. Cette mesure présente un défaut majeur : l’ordre des mots n’influe pas toujours sur le résultat. Ainsi, l’exemple suivant, inspiré de la présentation par Lin de ROUGE au Workshop « Text Summarization Branches Out », montre à quel point les scores ROUGE-n peuvent être décorrélés de la réalité : – Phrase 1 (référence) : Dr Jekyll tua Hide – Phrase 2 : Dr Jekyll tue Hide – Phrase 3 : Hide tue Dr Jekyll 2. Un n-gramme est une sous-séquence de n éléments construite à partir d’une séquence donnée. 27 2. L’Evaluation de résumés informatifs Les scores ROUGE-n des phrases 2 et 3 seront similaires. En effet, les deux phrases ont les mêmes n-grammes en commun avec la phrase 1, à savoir (« Dr Jekyll », « Hide »). 

ROUGE-L

Afin de pallier en partie un défaut de ROUGE-n, à savoir le fait que l’ordre des mots dans les phrases n’est pas pris en compte, (Lin, 2004) a introduit une autre mesure, ROUGE-L. Etant donné deux séquences S1 (référence) et S2, ROUGE-L est définie comme étant la plus longue sous-séquence commune (LCS) à S1 et S2 divisée par le nombre total d’éléments de S1. Ainsi, les scores des phrases 2 et 3 seront : – phrase2 = (« Dr Jekyll Hide ») = 3/4 – phrase3 = (« Dr Jekyll ») = 2/4 Cependant, cette mesure n’est pas totalement satisfaisante. En effet, la phrase « Dr Jekyll a été tué par Hide. » obtiendrait avec cette mesure le même score que la « Dr Jekyll tue Hide. ».

ROUGE-S

Un ROUGE-SU, pour skip-bigram and unigram ROUGE prend en compte des bi-grammes à trou ainsi que les unigrammes des résumés de référence et du résumé cible. Les bigrammes à trou (skip-bigram) sont définis dans (Lin, 2004) comme n’importe quelle paire de mots dans l’ordre de la phrase, séparés par une distance maximale arbitraire (le n). Ainsi, avec ROUGE-SU4, la phrase 1 comprend6 bi-grammes et 4 unigrammes : « Dr Jekyll », « Dr tua », « Dr Hide », « Jekyll tua », « Jekyll Hide », « tua Hide » et les 4 unigrammes qui composent la phrase. Les phrases 2 et 3 ont ainsi pour score respectivement : 6/10 et 4/10. Cette mesure permet de rendre compte efficacement des relations de dépendance éloignées dans le texte. La campagne TAC 2008 l’a d’ailleurs confirmé puisque parmi les mesures ROUGE, c’est ROUGE-SU4 qui est la plus corrélée aux jugements humains. 

BE-HM

Cette méthode d’évaluation automatique extrait des résumés de référence des basic elements » (BE). Les Basic Elements sont les unités sémantiques minimales (Hovy et al., 28 2.3. Evaluation de résumés et théorie de l’information ROUGE-2 ROUGE-SU4 chaîne n-grammes score n-grammes score phrase de Résumer est un art difficile Résumer est, est un, Résumer est, Résumer un, référence un art, art difficile Résumer art, est un, est art, est difficile, un art, un difficile, art difficile + unigrammes phrase évaluée 1 Résumer n’est pas facile Résumer n’, n’est, 0 Résumer n’, Résumer est 3/15 = 0.2 est pas, pas facile Résumer pas, n’ est, n’ pas n’ facile, est pas, est facile pas facile + unigrammes phrase évaluée 2 Résumer est un art facile Résumer est, est un, 0.75 Résumer est, Résumer un, 10/15 = 0.666 un art, art facile Résumer art, est un, est art, est facile, un art, un facile, art facile + unigrammes Table 2.1.: Exemple d’application des mesures ROUGE 2006) : – soit la tête du constituant syntaxique majeur, – soit la relation entre la tête et une unité qui en dépend, exprimée sous la forme d’un triplet (tête | modifieur | relation). Par exemple, la phrase « Additional test flights are planned. » contient les BE suivants : – flights|additional|mod – flights|test|nn – planned|flights|obj L’inconvénient de cette méthode réside dans l’extraction automatique des BE des résumés de référence et des résumés à évaluer. D’une part, cette extraction introduit des erreurs puisque les systèmes sur lesquels elle est fondée ne sont pas totalement fiables. De plus, si l’on suppose qu’il existe une fonction permettant de passer de l’ensemble des BE des textes d’origine à l’ensemble des BE des résumés de référence, ou au moins d’approximer cet ensemble, alors cette évaluation favorise les systèmes intégrant le même type d’information. De plus, il a été montré dans (Dang et Owczarzak, 2008a) que cette mesure n’est pas aussi bien corrélée aux évaluations subjectives d’expert que les mesures classiques ROUGE présentées en §2.1. 2.3. Evaluation de résumés et théorie de l’information La technique d’évaluation présentée dans (Lin et al., 2006) est fondée sur l’hypothèse qu’étant donné un jeu de documents D = {d1, d2, …di}, il existe une distribution de probabilités de paramètres fonction de θR qui génère un résumé de référence en fonction de D ; Résumer consiste alors à estimer ce θR. Les auteurs supposent que de la même manière, tout résumé réalisé automatiquement est généré par une distribution de probabilités de paramètres fonction de θA. Evaluer les résumés revient à calculer la divergence entre les deux distributions θR et θA. Les auteurs utilisent pour cela la mesure

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L’Evaluation de résumés informatifs Jensen-Shannon

. Cette technique d’évaluation a été utilisée avec succès sur le corpus DUC 2002, en résumé mono-document et multi-documents. Les classements des systèmes obtenus sont plus corrélés aux jugements humains que les mesures ROUGE-n pour le résumé multidocuments, et semblables aux mesures ROUGE-n en mono-document. Cependant, les données de DUC 2002 ne suffisent pas à l’évaluation d’une telle mesure : en effet, le nombre de systèmes qui ont participé (12 soumissions en multi-documents, 8 en monodocument). De plus, les mesures auxquelles les auteurs se comparent sont les mesures ROUGE-n, moins efficaces que les mesures ROUGE-SUn. Il est donc difficile de se faire une idée de la réelle efficacité de cette mesure d’évaluation.

La méthode Pyramide

Les systèmes automatiques d’évaluation de résumés sont tous confrontés au même problème : la reformulation. Les résumés de référence sont en effet écrits en respectant les règles de rédaction de résumé : identifier les informations principales et les reformuler. Par conséquent, le vocabulaire utilisé dans les résumés de référence ainsi que la structure de surface des phrases qui les composent varient des vocabulaire et structure des résumés automatiques, le plus souvent réalisés par des méthodes d’extraction. L’impossibilité d’ajouter de la sémantique aux systèmes d’évaluation, sous peine de biaiser les résultats en favorisant les systèmes de résumés automatiques qui auront fait les mêmes choix, obligent à mettre au point des protocoles d’évaluation manuelle afin d’évaluer au mieux les résumés automatiques. Nenkova et al. (2007) décrivent un tel protocole. A partir des résumés de référence, une liste de SCUs (Single Content Units ou unités de contenu) est établie. Elles sont classées et pondérées selon leur fréquence d’apparition dans les résumés de référence. La liste des SCUs prend alors la forme d’une pyramide (une structure hiérarchisée) reflétant l’importance des SCUs. L’étape suivante consiste à repérer dans les résumés à évaluer les SCUs présentes dans la pyramide. Un score est alors attribué aux résumés : la somme des poids des SCUs qu’ils contiennent, divisée par la somme des poids des SCUs des résumés de référence. Ce type d’évaluation, peu automatisable, a le défaut d’être extrêmement coûteuse en temps d’expertise. En effet, apprendre à construire une pyramide de SCUs, de même que la construire, sont coûteux en temps. Cependant, cette méthode d’évaluation semble être la plus corrélée aux résultats d’évaluation subjective (sans protocole précis de notation) sur les résultats de la tâche de résumé des campagnes TAC 2008 (Dang et Owczarzak, 2008a) et TAC 2009 (cf fig. 2.1).

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