Les zones humides de la Numidie orientale
Les zones humides de l’Est de l’Algérie, sont essentiellement reparties entre les Wilayas de Skikda, d’Annaba et d’El-Tarf. La plupart d’entre elles ont reçus à des dates différentes au moins un classement international dont le plus important est celui de la convention de Ramsar des zones humides d’importance internationale. La Numidie, situé dans le Nord – Est algérien, est réputée pour ses zones humides réparties en deux grand complexes séparés par Oued Seybouse : la Numidie orientale composée des complexes de Annaba et d’EL-Kala et la Numidie occidentale représentée par le complexe de Gurebes-Sahadja et Lac Fetzara (Samraoui et De Belair 1997)
Les principales zones humides de la Numidie orientale
Les zones humides d’importance internationale pour l’hivernage et la nidification des oiseaux d’eaux en Algérie, inscrites sur la liste Ramsar sont au nombre de treize (13) totalisant une superficie de 1 866 195 ha. Par ailleurs, la Numidie orientale (Fig.2.1.) englobe des sites remarquables qui offrent une biodiversité unique dans son genre en comparaison avec les autres zones humides du pays.
Le marais de la Mekhada (36° 48’ N et 08° 00’)
Le marais de la Mekhada s’étale sur une superficie de 10000 ha et se classe en Numidie à la deuxième position après le Lac Fetzara (15 000 ha) (De Belair et Bencheikh Le Hocine 1987). Morgan (1982) signale une salinité voisine de 4.6g/l et une profondeur moyenne de 1 m. Cette faible profondeur lui confère des assèchements réguliers durant la période estivale. Cependant, il est connu par sa végétation très diversifiée recouvrant plus de 90% du marais (Houhamdi 2002). Elle est constitué principalement de scirpes (Scirpus lacustris et S. maritimus), phragmites (Phragmites australis), typhas (Typha angustifolia), glycéries, myriophylles (Myriophyllum spicatum), Nitella sp, Alisma plantago aquatiqua, Zanichellia sp, Lemna minor, Ranunculus baudotii. (Morgan 1982, De Belair et Benchikh Le Hocine 1987). Durant 1977, il a accueilli 5000 canards et 8000 en 1978 (Van Dijk et Ledant 1983). Pendant le mois de décembre 2000, il a été recensé un effectif voisin de 40 000 oiseaux d’eau, constitué principalement de Fuligule Morillon, Fuligule Milouin, Sarcelle d’hiver, Canard Colvert, Canard Souchet et Canard Siffleur (Houhamdi 2002). Selon Boumezbeur (1993) ce Chapitre II Les zones humides de la Numidie Orientale 34 Fig.2.1. : Carte de l’éco-complexe de zones humides de la Numidie orientale RN16 Marais de Bourdim Bouteldja RN44 El-Aioun Oum-Teboul El-Kala Ain-Assel Ben M’hidi El-Tarf Annaba El-Hadjar M e r M e d i t e r r a n é e Algérie RN16 RN21 RN44 CW110 CW37 Tunisie Lac des Oiseaux Marais Mekkhada Lac Tonga Lac Oubeira Lac El-Mellah Les Salines Route Nationale Chemin wilayal Végétation aquatique Chapitre II Les zones humides de la Numidie Orientale 35 marais a connu quatre nichées d’Erismature à tête blanche qui ont été observées durant le mois de juillet 1992.
Le Lac des Oiseaux (36° 47’N 08° 07’E)
Le Lac des Oiseaux Garâat Ettouyour tire son nom du grand nombre d’oiseaux qui hivernent (Houhamdi 2002). Il s’étale sur une superficie totale de 70 ha (Samraoui et al. 1992, Houhamdi 2002) et sa salinité maximale est de l’ordre de 2,5 mg/l (Houhamdi 2002). D’après Samraoui et al. (1992) les diverses pressions s’exerçant sur le lac menacent son intégrité écologique et qu’il occupe seulement 70 ha en période hivernale, réduite à 40 ha pendant l’été avec un dépôt de matière organique qui peut aller jusqu’à 20 cm. La végétation aquatique rencontrée dans ce lac est nettement symbolisée par Typha angustifolia, Ranunculus baudotii, Nymphaea alba, Scirpus lacustris, S. maritimus et Myriophyllum spicatum avec quelques taches de Cyperus aristatus, C. fuscus, Callitriche sp., Rumex algeriensis et R. pulcher (Houhamdi 1998). Le lac est entièrement bordé par une ceinture de Juncus acutus. La couverture végétale et le cortège floristique diffèrent d’une saison à une autre et au total 187 espèces appartenant à 47 familles ont été recensées en 1997. Cependant deux d’entre elles sont nouvelles pour la région Cotula coronopifolia (Composées) et Asparagus officinalis (Lilliacées) et une autre est à ajouter à la flore algérienne Cyperus aristatus (Cypéracées) (Houhamdi 1998). Plus de 10 000 oiseaux d’eau passent l’hivernage dans ce plan d’eau et sa richesse spécifique dépasse des fois les 45 espèces (Houhamdi 1998). Il est aussi le site de nidification privilégié de l’Erismature à tête blanche Oxyura leucocephala et des Fuligules Nyroca Aythya nyroca (Boumezbeur 1990, 1993 ; Samraoui et al.1992 ; Houhamdi 1998). Houhamdi et Samraoui (2002) ont montré d’une part que le Lac des Oiseaux est occupé par deux peuplements différents durant deux périodes très distincts; les Anatidés et les Rallidés en hiver et par les Laro-limicoles et Echassiers en été. Ces mêmes auteurs ont pu observer pour la première fois à des dates différentes, la présence de deux espèces nouvelles pour le site le pélican blanc Pelecanus onocrotalus et le Tadorne casarca Tadorna ferruginea et une espèce nouvelle pour l’Algérie l’Erismature rousse Oxyura jamaicensis (Houhamdi et Samraoui 2001).
Le marais de Bourdim
Ce marais s’étale sur une superficie de 25 ha, complètement enveloppé par une frênaie mélangée avec des aulnes et des saules. La partie centrale est dominée par des Chapitre II Les zones humides de la Numidie Orientale 36 Nénuphars blancs Numphaea alba, de Franges, de Renouées d’eau, de Scirpes, de Phragmites. Ce plan d’eau est surtout réputé pour sa héronnière à Héron garde bœuf sur les aulnes et les saules (Darmellah 1989). 2.1.4. Le Lac Oubeïra (36°50’N, 08°23’E) Le Lac Oubeïra occupant une superficie de 2 600 ha,une profondeur maximale de 2 m et une salinité de 0,1 g /l (Morgan 1982, Chown & Linsley 1994) est un lac endoréique ouvert (de Bélair 1990). Il est noté que Joleud (1936) indique qu’en hiver le niveau d’eau de l’Oued El Kebir drainant l’eau vers le lac par l’Oued Messida et qu’en été, le processus est inversé prouvant ainsi que l’Oued Messida est dotée par la singularité de couler dans les deux sens facilitant la migration des poissons du lac. Cette particularité a donné l’idée de l’installation par l’office national de pêche d’une unité d’exploitation. Sur le plan végétal, le lac est bordé par une forêt de chêne liège ceinture de végétation très diversifiée; sur le bassin versant du plan d’eau nous observons principalement le chêne liège, le peuplier noir, le saule et le frêne ainsi que de petite peuplements de phragmites. Nous observons également une végétation submergée dominée par les potamots Potamogeton lucens, P. pectinatus, les rubaniers Sparganium erectum, les callitriches, la glycérie d’eau, la menthe, les renoncules, les renouées amphibies Polygonum amphibium et les scirpes. Cependant le plan d’eau est réputé pour sa châtaigne d’eau Trapa natans qui donne une couleur rouge caractéristique (Miri 1996, Samar 1999). Samar (1999) lors de son travail de magister a noté la présence d’une richesse spécifique de 43 espèces d’oiseaux d’eau. Il a dénombré principalement des Foulques macroules , le Canard Chipeau, le Grèbe huppé et le grèbe castasgeneux, le Canard Colvert, le Canard Siffleur, la Sarcelle d’hiver, le Fuligule Milouin, le Fuligule morillon, le grand Cormoran, l’Aigrette garzette, le Chevalier gambette, le Vanneau huppé, le Petit Gravelot et Mouette rieuse. Dix espèces de poissons à intérêt économique et écologique ont été répertoriées dans le lac, six allochtones Ctenopharyngodon idella, Hypophtalmichthys molitix, Aristichthys nobilis, Cyprinus carpio, Carassius auratus et Gambusia affinis et quatre autochtones Barbus callensis, Anguilla anguilla, Mugil ramada et Pseudophoxinus callensis (Kahli 1996 in Houhamdi 2002).