Comme nombreux de pays dans le monde, Madagascar est également touché par ce fléau mondial qu’est l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et le Syndrome de l’Immunodéficience Acquise (SIDA). Malgré sa place en zone de bas risque endémique, le virus y est présent et le contexte général du pays laisse craindre une aggravation soudaine de la situation. Ainsi le Ministère de la Santé a élaboré le Programme National de Lutte contre les infections transmissibles sexuellement et le Sida (PNLS) qui cordonne et met en œuvre toutes les activités de prévention et de traitement de ces maladies. Dans cette politique de prévention et dépistage, le Laboratoire National de référence pour le Sida (LNR) a été installé au sein du service d’Immunologie du CHU-HJRA d’Antananarivo ; il cordonne et assure toutes les activités de sérosurveillance, de sécurité transfusionnelle et de formation des techniciens de laboratoire. Un centre d’information et de dépistage anonyme (CIDA) y est ouvert pour la consultation et le dépistage gratuit des personnes volontaires.
RAPPELS
LES VIRUS DE L’IMMUNODEFICIENCE HUMAINE (VIH )
Les VIH appartiennent à la famille des Retroviridea ( Retrovirus) et à la sous famille des Lentivirinae ( Lentivirus).
Les rétrovirus ont les caractères généraux suivants :
• virus enveloppés de 80 à 120 nm de diamètre
• présence d’un core ou nucléoïde contenant le génome viral à RNA et l’enzyme spécifique : la transcriptase inverse
• le génome viral composé de trois gènes structuraux caractéristiques : GAG- POL- ENV ; limité à chaque extrémité par des séquences répétées terminales : LTR (Long Terminal Repeat).
Les VIH se distinguent des autres retrovirus humains, Human T-Cell Leukemia Virus ( HTLV I et HTLV II ) par :
• leur caractère plus cytolytique que transformant
• la possession d’un nucléoïde polymorphe excentré
• l’enveloppe virale constituée de glycoprotéines fortement glycolysées
• la grande capacité de codage du génome.
Actuellement, on connaît deux types de VIH : VIH-1 le premier lentivirus connu chez l’homme et le plus répandu dans le monde, et le VIH-2 isolé vers la fin de l’année 1985 de patients originaires de l’Afrique de l’Ouest. Chez un même malade on peut observer une double infection par les deux virus. Ils ont la même morphologie, mais diffèrent par leurs propriétés antigéniques et leur composition moléculaire.
L’enveloppe virale renferme deux glycoprotéines :
• une extramembranaire, la gp120 pour VIH-1 (gp105 pour VIH 2)
• une transmembranaire, la gp 41 ( gp 36) .
Ces glycoprotéines sont codées par le gène ENV à partir du précurseur gp160 (gp140).
• Les antigènes du corps sont produits du gène GAG, par clivage du précurseur des protéines internes p55 (p56), en 4 protéines constitutives la p24 ( p26), p 17/18 ( p16), p9 et p7.
• Les enzymes codés par le gène POL :
– la protéase p 10
– la transcriptase inverse p 66 et p 55 (p 64)
– l’endonucléase-intégrase la p 34 (p36) .
Comme il existe des homologies entre les types de virus, on observe des réactions croisées pour les protéines p24 du VIH-1 et p26 du VIH-2.
Ces virus ont également des gènes de régulation :
• le gène vif ayant un rôle dans le pouvoir infectieux des particules virales,
• le gène vpu spécifique du VIH-1 code une protéine qui intervient dans la libération des virions à partir des cellules infectées ,
• le gène vpr code une protéine qui augmente la vitesse de réplication et l’effet cytopathogène du virus dans les lymphocytes T,
• le gène tat codant une protéine indispensable à la réplication virale,
• le gène rev code une protéine intervenant dans la stabilisation et le transport des grands ARNm pour la traduction des protéines de structure,
• le gène vpx spécifique du VIH-2 code une protéine qui intervient dans la spécificité de l’hôte,
• le gène nef code une protéine qui module l’expression de CD4 membranaire .
Le VIH 1 est subdivisé en deux groupes ( groupe M et groupe O ). Le groupe M comprend au moins 9 sous-groupes distincts. Ces groupes et sous-groupes diffèrent les uns des autres par la séquence nucléotidique de leurs génomes. De ce fait, les techniques de détection de l’ADN proviral du VIH, qui utilisent des amorces dont la séquence a été déduite de celles des groupes les plus fréquentes, manquent de sensibilité pour certaines sous-groupes, en particulier les souches d’origine africaine.
Notons également que les VIH présentent une importante variation d’une souche à une autre, par le fait du saut de l’ARN de transfert au cours de la transcription virale. Ainsi chez un même malade, on peut isoler plusieurs dizaines de variants différents au cours de l’évolution de la maladie. Cette variabilité des protéines virales peut expliquer l’émergence de variants échappant aux tests de dépistage utilisant des protéines de recombinaison génétique ou synthétiques.
I – INTRODUCTION |